Chambre d'Agriculture
Retour sur la session Chambre du 20 avril
Le 20 avril s’est tenue la session de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France à Paris. Si l’Ukraine était au cœur des préoccupations, les travaux des commissions ont été longuement abordés.
Le 20 avril s’est tenue la session de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France à Paris. Si l’Ukraine était au cœur des préoccupations, les travaux des commissions ont été longuement abordés.
La session printanière de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France s'est tenue le mercredi 20 avril dans les locaux de l'APCA à Paris. Sous la présidence de Christophe Hillairet, la matinée a été dédiée à la validation d'une série de délibérations relatives à la gestion de la structure : arrêté des comptes financiers 2021, budget rectificatif 2022, tarification des redevances d'utilisateurs, renouvellement des conventions de partenariats… avant que ne soit établie une connexion Zoom avec la chambre d'Agriculture de Lviv en Ukraine (lire encadré).
L'après-midi, qui était consacré à la présentation d’un ou deux dossiers majeurs de chacune des commissions, a débuté par la diffusion du film Cultivons l'Île-de-France présenté par l'association Agriculteurs d'Île-de-France.
L’offre alimentaire francilienne devrait être développée dans les prochaines années à venir. Plusieurs projets alimentaires territoriaux (PAT) devraient voir le jour. La chambre d’Agriculture est soit partenaire, soit activement impliquée dans le développement des projets, les Établissements publics de coopération intercommunale gouvernant ces dispositifs. L’objectif est de créer une véritable stratégie commune entre les différents PAT, répartis sur tous les départements de la région, hormis les Hauts-de-Seine. Le développement de ces projets n’est pas inutile pour la Chambre qui y voit des enjeux économiques, comme la consolidation des filières franciliennes, sociaux, avec l’éducation alimentaire, et environnementaux pour le développement d’une alimentation locale.
En parallèle, la création de la plateforme de Provins (Seine-et-Marne) a été abordée. Cet équipement, voulu par le Conseil départemental et soutenu par la Région, devrait être mis en service en 2024 et alimenter 118 collèges et 173 lycées du département mais aussi de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, pour un total de 15,2 millions de repas par an. Le coût total du projet est prévu à 54 millions d’euros. Ainsi, l’objectif est de transformer sur place 3 800 tonnes de fruits et légumes, 1 271 tonnes de viande ou encore 906 tonnes de produits laitiers par an. La valorisation des agriculteurs est également prévue : « On va mettre en place des prix de départ à Rungis, + 5 % pour valoriser le travail », a précisé Christophe Hillairet, président de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France. Toutefois, des inquiétudes ont été soulevées par des membres de la salle qui craignent que des agriculteurs éloignés du site soient écartés à cause de la logistique.
Plus largement, la définition d’un produit local a fait l’objet d’une délibération. Les définitions divergeant, la Chambre a décidé de retenir celle des bornes administratives de l’Île-de-France, en ajoutant les cantons frontaliers. Une décision saluée par la vice-présidente de la Région Île-de-France, Valérie Lacroute.
Pressions foncières
La réunion a également été l’occasion de revenir sur les activités de la commission foncier qui dénonce la construction d’une prison à Magnanville (Yvelines), sur des terres agricoles, au mépris des règles en vigueur, alors que le terrain était jusqu’alors inconstructible, même pour les agriculteurs. Quatre autres projets pénitenciers sont en cours en Île-de-France, eux aussi fortement contestés. D’autres projets sont surveillés à l’heure actuelle, comme les nuisances créées par la construction du réseau Grand-Paris-express, les projets routiers qui se développent à Guignes (Seine-et-Marne) ou dans le Val-d’Essonne ou encore la prolifération des liaisons douces, réalisées sans concertation mais qui impactent la vie agricole.
Autre sujet, la ferme condamnation des actes de dégradation d’outils agricoles - que ce soit en Poitou ou à Pontivy (Morbihan), où un train de céréales a été vidé sur les voies - ainsi que les menaces envers les agriculteurs.
Contexte géopolitique
Enfin, la guerre en Ukraine et ses nombreuses répercutions sur l’agriculture française ont été abordées durant la session. L’Ukraine est le premier fournisseur en tourteaux de tournesol pour la France, mais aussi un grand exportateur de colza, quand la Russie l’est en gaz, ce qui fait peser de lourdes augmentations à la profession.
À noter que la création d’une nouvelle commission collectivité a été actée, présidée par Frédéric Arnoult.
Valérie Lacroute a rappelé le soutien de Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, à l’agriculture, qui a doublé en sept ans les subventions allouées à la profession. Elle a souligné les efforts menés pour l’installation de jeunes exploitants face au vieillissement des agriculteurs.
Le mot de la fin est revenu au président Christophe Hillairet qui en a profité pour rappeler la nécessité de réaliser sa CSP dans les temps, « au risque de voir les services submergés par les demandes et de ne pouvoir toutes les traiter à temps ». Il a également salué l’ouverture prochaine d’une cinquième école vétérinaire en France, à Rouen (Seine-Maritime), face au manque de professionnels dans le pays et encore plus à la campagne.
Visioconférence
La session Chambre en direct avec l'Ukraine
En fin de matinée, Christophe Hillairet a proposé à l'assemblée un temps d'échanges avec la chambre d'Agriculture de Lviv en Ukraine avec laquelle la chambre d'Agriculture de région Île-de-France est jumelée. L'occasion de rappeler - malgré une connexion difficile - les démarches de soutien entreprises pour aider les Ukrainiens à travers les collectes de dons organisées dans les antennes des Chambres ainsi que les possibilités d'accueil dans les fermes.
Les membres de la chambre d'Agriculture de Lviv ont confirmé avoir reçu l'aide envoyée qui a été répartie entre un orphelinat et un hôpital militaire et adressé leurs sincères remerciements avant de dresser un état de la situation en Ukraine : « Environ 30 % des surfaces cultivables sont perdues. La région de Lviv est la plus épargnée, nous avons donc augmenté de 4 % les surfaces cultivées ». Paralèllement, les élus agricoles ukrainiens évoquent des difficultés d'accès aux semences et des infrastructures dédiées à la transformation paralysées par les actes russes. Et le président de la chambre d'Agriculture de Lviv d'appeler à la mobilisation : « Nous avons un problème commun qui est celui de prévenir la famine qui pourrait toucher plusieurs pays. L'Ukraine et l'Europe doivent collaborer et mener une réflexion sur une nouvelle chaine logistique pour l'approvisionnement des céréales ».
En fin d'entretien, Christophe Hillairet a exprimé « son soutien et son amitié envers ses homologues ukrainiens » et réaffirmé sa volonté de « retourner à Lviv le plus vite possible, dès que la guerre sera finie ».