Premiers échos des moissons en Ile-de-France
La moisson 2017, qui a débuté avec quelques jours d’avance, se poursuit chez de nombreux exploitants franciliens. Selon les coopératives, le niveau de rendement s’annonce bien meilleur qu’en 2016 et reste dans la dernière moyenne quinquennale.
Après une année 2016 réellement catastrophique, la récolte 2017 ne pouvait être que meilleure. Et les premiers retours semblent rassurants en Ile-de-France.
Les épisodes de canicule de juin ont accéléré la maturité des blés, avançant le début des récoltes. Sans pour autant susciter de grosses conséquences, malgré les craintes de début de germination envisagées après les forts orages de début juillet.
En Seine-et-Marne, conséquence de la faible pluviométrie enregistrée durant l’hiver et au printemps, Antoine Grasser, directeur des mises en marché chez Acolyance, avance une récolte décevante en quantité dans le nord-est du département, avec une moyenne pour les blés de 70 à 75 quintaux à l’hectare.
Il détaille : « On est clairement en déficit hydrique sur cette zone et on reste dans la moyenne basse des cinq dernières années. Cependant, les rendements sont très hétérogénes d’une exploitation à l’autre, passant de 50 quintaux pour les blés précédent betteraves à 90 sur certaines parcelles. Mais la qualité est bonne avec une bonne proportion de protéines, une bonne humidité et des poids spécifiques qui restent au-dessus du minimum contractualisable avec nos clients ».
Le constat est identique dans le Gâtinais : « On sera dans la moyenne des cinq dernières années avec 78 à 79 quintaux à l’hectare. La qualité est excellente pour la proportion de protéines et le poids spécifique », souligne Jean-Pierre Pichot, directeur de la coopérative Terres Bocage Gâtinais.
La germination précoce des grains pouvait poser problème, mais sur le secteur nord de Provins où Acolyance a mis en place un plan de surveillance, aucun écart de l’indice du temps de chute d’Hagberg n’a été constaté, ce qui veut dire que les céréales donneront une farine parfaitement panifiable : « Les analyses ont montré qu’on était largement au dessus des normes requises, et on devrait trouver une très bonne valorisation pour ces récoltes », souligne Antoine Grasser.
À Terre Bocage Gâtinais, des problèmes de blés pré-germés ont été relevés sur certaines variétés très précoces. Ils ont été identifiés rapidement et ont fait l’objet d’un allotement pour mieux optimiser la commercialisation.
Comme tous les ans, le sud de l’Essonne a été victime d’une certaine hétérogénéité due à ses types de sols, mais aussi aux pluies qui ont arrosé (ou pas) certaines zones juste avant la période de canicule.
« Dans les terres très superficielles et qui n’ont pas ramassé de pluies avant canicule, on reste dans des rendements à la moyenne décennale basse, soit 58 à 60 quintaux à l’hectare pour les blés, mais ce n’est pas la catastrophe. Dans les zones plus avantagées, on est entre 78 et 82 quintaux », souligne Hervé Courte, directeur de la coopérative Ile-de-France sud.
Au niveau qualitatif, la moisson déjà achevée à 80 % en Ile-de-France sud, a atteint des niveaux d’excellence. « Sur les orges d’hiver, les rendements moyens sont de 77 quintaux à l’hectare, les calibrages et les poids spécifiques sont très convenables et les taux de protéines sont de 10,8 %, ce qui veut dire que la quasi totalité de nos orges d’hiver vont aller en brasserie ».
Pour les blés, la coopérative affiche des taux de 74 à 75 quintaux à l’hectare sur l’ensemble de la zone sud de l’Ile-de-France. « Le poids spécifique est de 78 kilos par hectolitre, le taux de protéines est de 12 % et plus, c’est parfait ».
À l’exception d’une seule production, tout le reste va partir en classe A, dont les orges de printemps qui affichent des taux de protéines inférieurs à 11,5 %, ce qui fait que la production sera tout à fait contractuelle pour la brasserie.
« C’est une bonne année moyenne, avec le top qualité sur tous les produits, sauf les blés durs qui n’ont pas supporté les derniers épisodes orageux alors qu’ils étaient déjà à maturité », conclut Hervé Courte.
Cette production n’aura pas son débouché habituel dans la filière pâtes, mais elle sera commercialisée pour la semoulerie.
Bonne surprise pour les colzas
Les niveaux de rendements sont globalement très bons pour les colzas. En Seine-et-Marne, Acolyance avance 40 à 50 quintaux à l’hectare.
Même constat dans le Gâtinais pour Jean-Pierre Pichot. « C’est vraiment la bonne surprise, les chiffres sont bons. Il a plu au bon moment pour que les rendements soient suffisants. On va tourner sur une moyenne de 40 à 41 quintaux à l’hectare, alors qu’on était à 35 quintaux sur la moyenne olympique des cinq dernières années. »
Dans le Val-d’Oise, les rendements sont corrects (de 35 à 42 quintaux à l’hectare) malgré quelques dégâts de gel et d’insectes dans les vallées.
Du côté des orges d’hiver
Pour Acolyance, la collecte des orges d’hiver dominées par la variété brassicole Étincel a été également satisfaisante en Seine-et-Marne « malgré un taux de protéines un peu élevé », souligne Antoine Grasser.
Jean-Pierre Pichot se dit, lui, déçu par les orges d’hiver dans le Gâtinais, « car le rendement est inférieur à la moyenne des cinq dernières années, cela va tourner à 73 quintaux à l’hectare mais la qualité est là. Le coup de chaud qui est intervenu peu avant les récoltes ne nous a pas aidés. Avant, le potentiel était superbe. On a certainement perdu 10 à 15 quintaux à l’hectare », glisse le directeur de la coopérative Terres Bocage Gâtinais.
Dans les Yvelines, la production atteint les 90 quintaux sur le secteur de Mantes, mais est moindre sur le secteur de Houdan (70-75 quintaux). La récolte est correcte également dans le sud de l’Essonne (70 à 90 quintaux à l’hectare).
Une bonne récolte pour l’orge de printemps
L’autre bonne surprise est venue des orges de printemps et de la variété Planet qui va frôler, selon Terres Bocage Gâtinais, les 80 quintaux dans le sud de la Seine-et-Marne.
Dans le Val-d’Oise, les orges de printemps ont souffert de la sécheresse mais atteignent des rendements de 80 quintaux à l’hectare dans les meilleures terres.
La culture des pois s’est avérée partout correcte avec des rendement de l’ordre de 40 quintaux à l’hectare pour la zone nord-est de la Seine-et-Marne. Des chiffres bien meilleurs que l’an dernier, même s’ils restent dans la moyenne basse des cinq dernières années, annonce Acolyance.
Dans le Val-d’Oise les rendements sont de 50 à 55 quintaux à l’hectare.
Inquiétudes sur les cours du blé
Dans le Val-d’Oise, les blés assolés approchent les 100 quintaux à l’hectare en bonne terre et les 90 en terre moyenne.
Dans les Yvelines, le constat est plutôt bon, surtout sur le secteur de Mantes où les blés tendres d’hiver affichent des rendements de 75 à 100 quintaux à l’hectare, selon la qualité des terres.
À Houdan, les résultats sont très aléatoires d’une ferme à l’autre en fonction des pluies survenues en mai dernier, mais la qualité est très bonne avec une moyenne de 75 quintaux à l’hectare.
Si la moisson est plutôt réussie, beaucoup d’exploitants et de professionnels nourissent des inquiétudes sur les cours à venir : « Le marché est baissier et les prix décevants. Les conditions internationales font que la production ne posera pas de problèmes pour satisfaire les besoins. On pensait mieux valoriser nos productions et apporter un meilleur revenu à nos adhérents », constate un peu dépité Jean-Pierre Pichot.