«Notre président se dit Européen, qu’il le prouve !»
Alors que la campagne de production du maïs bat son plein, Sébastien Méry, producteur de maïs dans le Loiret et administrateur de l’AGPM, fait le point sur la situation des cultures et les défis qui se présentent actuellement à l’AGPM, à commencer par le plan du gouvernement visant à « sortir de la dépendance aux phytos ».
L’observatoire Céré’obs estimait au 23 juin à 74 % les surfaces en bonnes à très bonnes conditions au niveau national. Qu’en est-il exactement aux niveaux national et local ?
Sébastien Méry : « Globalement, les maïs du département sont beaux et affichent à ce jour de bons potentiels à l’image des autres maïs continentaux et du nord-ouest de la France. Biensûr, il y a eu des parcelles sévèrement touchées par les aléas climatiques (inondations, grêle). Et le potentiel actuel doit être protégé : cette année, la pyrale est bien présente au sud comme au nord et les dégâts de taupins et de corbeaux sont fréquents.
Les maïs du sud-ouest connaissent de grandes difficultés cette année car les pluies incessantes ont gravement perturbé les semis qui se sont terminés fin juin »
Avec l’interdiction programmée de certains produits comme les néonicotinoïdes ou le glyphosate, comment l’AGPM entend alerter le gouvernement sur les difficultés des maïsiculteurs sur le terrain ?
S. M. : Les décisions franco-françaises concernant les phyto sont intolérables et nous ne pouvons accepter toujours davantage de distorsions. La sortie du glyphosate, par exemple est une demande sociétale et, même si elle n’est pas scientifiquement justifiée, nous devons en tenir compte. Mais pas tout seuls et à n’importe quel prix. Que ce soient aux niveaux local ou national, l’AGPM ne cesse de demander aux pouvoirs publics de s’en tenir à la réglementation communautaire. Notre président se dit Européen, qu’il le prouve !
L’interdiction des néonicotinoïdes est une réelle menace pour les maïs du Nord et de l’Ouest qui ont besoin du thiaclopride (Sonido) pour se prémunir d’attaques de mouches. Dans son rapport du 30 mai, l’ANSES a clairement identifié cette menace et l’impasse à laquelle les producteurs devraient faire face si aucune dérogation n’était délivrée. C’est ce qui a conduit l’AGPM à demander une dérogation qui sera examinée par trois ministères : Agriculture, Environnement, Santé. L’examen de passage s’avère difficile et il est primordial que notre demande soit relayée par les agriculteurs sur le terrain.
Parallèlement, les producteurs de maïs ont toujours été ouverts aux solutions de substitution aux phytos. C’est pourquoi nous nous engageons donc aux côtés de la FNSEA dans la démarche « du contrat de solutions. » Mais il faut être clair : les nouvelles solutions nécessitent des investissements et des surcoûts que les maïsiculteurs ne pourront pas supporter seuls même si, à bien des égards, le maïs a déjà une longueur d’avance...