Michel Masson : « C’était mon ami »
Michel Masson connaissait Xavier Beulin depuis le début des années 80. Xavier Beulin était président du CDJA et Michel Masson était son secrétaire général. Les deux hommes se sont toujours suivis professionnellement. Un véritable climat de confiance s’était installé entre eux. Plus qu’un contact professionnel, ils étaient amis. Michel Masson, président de la chambre d’agriculture a du mal à y croire. Vendredi dernier, il déjeunait avec lui puis il passait l’après-midi à l’AG des JA à ses côtés... « Quand on perd un collègue et ami de plus de 35 ans, c’est extrêmement difficile surtout quand on a à faire à un calibre du niveau de Xavier » admet le responsable consulaire.
«En 24 heures, il est passé de l’adolescent insouciant à l’adulte, chef d’exploitation, chef de famille. Il n’avait que 17 ans lors du décès de son père » raconte Michel Masson. A la disparition de son père, Xavier Beulin, alors en terminale, a arrêté les études pour reprendre l’exploitation familiale. Il ne passera pas son bac. Le poids des responsabilités l’a obligé à grandir très vite.
« Xavier, c’était pour moi plus un visionnaire qu’un syndicaliste. Il a su construire une filière autour des oléo-protéagineux avec la création des biocarburants et ensuite créer un géant de l’agro-alimentaire au travers d’Avril. Tout ceci dans l’intérêt des producteurs qu’ils soient céréaliers ou éleveurs. Xavier était infatigable, il dormait très peu, il connaissait tous ses dossiers par cœur. Il avait une capacité d’analyse et une vivacité d’esprit très peu commune. Et surtout, il avait des qualités d’orateurs hors pair. Je me rappelle de cette réunion qu’il avait organisé, quand il était président du CDJA, avec Michel-Edouard Leclerc au Parc des expositions. Il n’avait pas 25 ans et il a tenu le débat. Il y avait près de 2000 personnes! » se souvient Michel Masson.
« Pour les négociations internationales il était très fort et parlait couramment anglais. Il a consacré toute sa vie et toute son énergie à la défense et à la promotion du métier tout en défendant les différents modèles agricoles. Jamais il n’opposait agriculture biologique et traditionnelle, circuit court et circuit industriel. Toutes ces agricultures sont complémentaires et il y a de la place pour tout le monde» poursuit-il
« Compte tenu de son dévouement, nous avons le devoir de poursuivre les voies qu’il nous a largement ouvertes. Il suffit de lire son livre pour savoir ce qu’il faut faire pour que l’agriculture retrouve sa grandeur » précise le président de la Chambre.
La disparition de Xavier Beulin marquera le monde agricole. « Même si les cimetières sont remplis d’irremplaçables, Xavier fait partie de ces gens qui sont extrêmement difficile à remplacer. On mesurera dans quelques mois la difficulté de ne plus avoir Xavier à nos côtés. Ce sera extrêmement pénalisant pour l’agriculture française et particulièrement pour le Loiret. Il n’a jamais oublié le Loiret et l’agriculture c’était sa passion » assure-t-il.
« Les reportages à charge sur la personne de Xavier l’ont beaucoup touché. Qu’on ne soit pas d’accord avec ses idées c’est possible mais il faut arrêter les attaques personnelles. Dire qu’il a 500 hectares en Beauce c’est complètement faux. Celui qui connaît Donnery peut vite comprendre que ce n’est pas la Beauce ! » insiste-t-il.
« Il en avait marre de prendre des coups plein la tête. Les attaques personnelles qui vous trainent dans la boue sur des sujets complétement faux et où vous n’avez pas de droit de réponse, c’est particulièrement lamentable. Sur des personnes qui sont profondément honnêtes et sérieuses, cela fait beaucoup de dégâts. Petit à petit, le sac se rempli et à un moment donné, le sac est trop lourd, alors soit les gens tombent dans la déprime et se suicident, soit ils intériorisent et c’est l’organisme qui lâche » confie Michel Masson.
D'autres témoignages à lire dans notre édition papier du 24 février 2017