Méré : un Festival de la terre entre fête et crispation
À Méré (Yvelines), le Festival de la terre qui s’est déroulé les 7 et 8 septembre a connu un très grand succès dans un contexte pourtant tendu.
Quinze mille. C’est le chiffre qui tourne dans les esprits de tous les Jeunes agriculteurs d’Île-de-France depuis le week-end dernier. Les 7 et 8 septembre, à Méré (Yvelines), les jeunes du canton de Houdan ont enregistré 15 000 entrées pour leur Festival de la terre.
Une belle récompense pour eux qui ont œuvré sans relâche durant près d’un an pour organiser ce grand événement.
Pourtant, les festivités avaient débuté le samedi matin dans une ambiance plutôt crispée : agribashing, Ceta, Mercosur, diminution drastique du budget des Chambres, ZNT… L’heure était loin d’être à la fête. Les Jeunes agriculteurs portaient même un brassard noir « en signe de deuil pour notre agriculture qui se meurt », expliquaient-ils.
« L’agriculture est à un tournant de son histoire, où le consommateur est devenu dictateur, a d’ailleurs lancé en inauguration le président du comité d’organisation du festival, Quentin Le Guillous. Il y a 70 ans, la France avait faim, aujourd’hui, elle est rassasiée, l’agriculture meurt et ses paysans avec. Nous attendons le soutien de nos concitoyens, venez nous rencontrer, discuter et stop aux préjugés ».
Et le président de JA Île-de-France, Frédéric Arnoult, s’est voulu encore plus alarmiste : « Vivre un festival avec un brassard noir, je n’aurais jamais pensé en arriver là. J’aimerais faire un discours plus gai mais c’est impossible. Si les ZNT de 150 mètres étaient appliquées, ce serait 107 000 hectares de production qui disparaîtraient en Île-de-France, soit 20 % de la surface cultivée. Veut-on encore d’une agriculture en France ? Les exploitations mettront la clé sous la porte et moi le premier, les zones délaissées par les agriculteurs seront envahies par les gens du voyage ou les dépôts sauvages et là, cher gouvernement, il faudra assumer ! ».
À la suite, le président de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France, Christophe Hillairet, et la vice-présidente du conseil départemental des Yvelines en charge de l’agriculture et de la ruralié, Pauline Winocour, ont également tiré la sonnette d’alarme, faisant état « d’une agriculture victime d’une fracture entre monde rural et urbain, d’une agriculture qui se meurt et qui a besoin d’être entendue ».
Enfin, la présidente de Région, Valérie Pécresse, a tenté d’apporter quelques solutions à ces multiples inquiétudes à travers notamment l’accompagnement des exploitations dans les mesures agro-environnementales. « Deux millions d’euros supplémentaires seront alloués à ce dispositif pour faire face à la réglementation », a-t-elle notamment annoncé.
Cette matinée inaugurale difficile a ensuite laissé place à un Festival de la terre 2019 plus léger où les familles ont été nombreuses à venir profiter du marché du terroir, des très nombreuses animations et à échanger avec les Jeunes agriculteurs présents.
Marine Guillaume