Légumes
Maraîchage : une saison compliquée par la pluie
Comme les grandes cultures, le maraîchage a souffert des conditions météorologiques éprouvantes de cette année. Reportage à Vallangoujard (Val-d'Oise), chez Pauline et Clément Maitre.
Comme les grandes cultures, le maraîchage a souffert des conditions météorologiques éprouvantes de cette année. Reportage à Vallangoujard (Val-d'Oise), chez Pauline et Clément Maitre.
De mémoire de maraîcher, on n'a jamais vu cela. « Cette année est pour nous la pire depuis que nous avons repris l'exploitation familiale en 2010 ; et mon père dit qu'il n'a jamais connu de telles conditions non plus », soupire Pauline Maitre. Avec son frère Clément, la jeune femme gère l'exploitation spécialisée en persil, oignons blancs et rouges, épinards. En 2022 et 2023, les cultures avaient souffert du manque d'eau. Cette année, c'est l'inverse. Résultat : les semis habituellement récoltés en juin, début juillet, ont pris du retard.
Concrètement, cela signifie qu'en juin, il n'y avait rien à vendre. Un mois blanc, alors que pour ces cultures, il est déjà complexe de faire le chiffre d'affaires de l'année sur six mois. Au total, en 2024, 11 000 caisses de persil frisé et plat seront vendues contre 42 000 en 2023.
Autre conséquence, les saisonniers recrutés pour démarrer en juin, n'ayant pas de travail, sont partis sur d'autres exploitations. Quelques semaines plus tard, toutes les parcelles sont arrivées à maturité en même temps mais il n'y avait pas le personnel nécessaire pour assurer la cueillette. L'une d'entre elles a dû être broyée sans pouvoir être récoltée. « Nous gérons au jour le jour et sauvons tout ce qui peut l'être », admet avec franchise Pauline Maitre.
Pause sur les investissements
Les projets sont donc mis en pause. La construction d'un nouveau hangar est soumise à des autorisations administratives qui n'arrivent pas. L'achat d'une récolteuse pour le persil est décalé. « Cela nous ferait gagner énormément de temps ; mais il faut bien comprendre qu'il ne s'agirait pas d'un seul investissement, il nous faudrait aussi changer le semoir, modifier la façon d'arroser et de biner », explique Pauline Maitre. Impossible d'effectuer un tel virage dans le contexte incertain actuel.
Pourtant, l'entreprise est réputée pour la qualité de ses produits et compte des clients fidèles depuis des décennies. Le frère et la sœur connaissent les aléas de leur métier : maladies des cultures, coup de gel tardif, augmentations des frais ou, dans un autre genre, travaux à répétition sur les routes qui rallongent les livraisons à Rungis. Ils savent qu'il faut s'adapter en permanence. Mais cette année leur laisse un goût amer, et surtout, ils craignent que cela se reproduise les années suivantes. « Comment anticiper et travailler différemment, si cela devait être le cas ? », interroge Pauline Maitre.