Les Serres de Misery impactées de plein fouet par le confinement
Les mesures de confinement impactent fortement la filière horticole francilienne. À Vert-le-Petit (Essonne), les Serres de Misery sont frappées de plein fouet. Frédéric Hervy témoigne.
À Vert-le-Petit (Essonne), les habitants voient en ce moment fleurir des champs entiers de tulipes. Un paysage à la hollandaise certes magnifique mais qui désole profondément Frédéric Hervy, à la tête des Serres de Misery depuis seulement deux ans.
Depuis le début de la crise liée au coronavirus, l’horticulteur doit affronter de nombreuses difficultés pour maintenir son exploitation à flot.
« Les champs de tulipes fleurissent mais ça n’aurait jamais dû être le cas. Normalement, je les coupe vertes, explique amèrement l’horticulteur. Les difficultés ont commencé dès les premières restrictions et fermetures de marchés de l’Oise. Certains clients de marchés avaient commencé à réduire, voire stopper leurs achats. Et puis, la catastrophe est arrivée lors de l’annonce du confinement lorsque le pavillon C1 du Min de Rungis a fermé du jour au lendemain. Or, c’est notre unique débouché en temps normal ! ».
Si quelques épiceries fines parisiennes ont pris le relais de fleuristes ayant fermé boutique, les volumes écoulés sont incomparables. « Cela représente à peine un dixième de mes ventes à la semaine. Je produis 800 000 tulipes à l’année, c’est ma production principale. Le reste est en train de partir au composteur, c’est un désastre », constate celui qui produit toute l’année fleurs coupées et feuillages exclusivement en pleine terre.
Si en temps normal les Serres de Misery comptent huit salariés, aujourd’hui les effectifs sont quasiment réduits de moitié. « Certains sont en chômage partiel et d’autres m’ont carrément donné leur démission », soupire Frédéric Hervy.
Pourtant, le producteur aurait bien besoin de main-d’œuvre. « Il a fallu vider et nettoyer la chambre froide, environ 100 000 tulipes. Il faut également détruire progressivement la production dans les champs. Et puis, on tente d’entretenir la production de renoncules au cas où un redémarrage serait possible dans les prochaines semaines, mais on est dans le flou total, on ne sait même pas si ce sera possible et si ce que l’on fait est utile ! »
Aux Serres de Misery, Frédéric Hervy continue également de recevoir les commandes de graines et jeunes plants qu’il avait passées pour les productions à venir. « C’est le même casse-tête, il va falloir les implanter sans savoir ce qu’on pourra en faire. »
Le producteur soulève alors les difficultés financières importantes auxquelles il doit faire face et concède avoir du mal à imaginer la sortie de crise.
« Il faut payer les charges, les commandes, avancer le chômage partiel de mes salariés… Je n’ai que des sorties d’argent et aucune entrée et pour le moment, les banques ne nous aident pas vraiment ! Sans compter l’éventualité que certains de nos clients puissent ne jamais rouvrir, et nous laisser avec des impayés. Honnêtement, je ne suis pas très serein sur l’avenir. J’espère simplement que nous pourrons nous relever de cette crise, mais ce n’est même pas certain. »
Marine Guillaume
Photo : EPA
Les Serres de Misery viennent de créer une boutique en ligne pour les professionnels, qui sera prochainement aussi disponible pour les particuliers.