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« Les médias tronquent la vérité, il faut la rétablir auprès du grand public »

Régulièrement, Hervé Delacour, agriculteur à Gouzangrez (Val-d’Oise), informe les passants au bout de ses parcelles sur les problématiques agricoles. Une communication directe, facile à reproduire pour peu que le lieu s’y prête. Rencontre.

À Gouzangrez, petite commune rurale de 171 habitants nichée en plein Vexin, Hervé Delacour, 68 ans, n’entend pas baisser la garde. Polyculteur (betteraves, céréales et oléoprotéagineux sur 217 ha), il tient, à son niveau, à informer le grand public sur le monde agricole qu’il affectionne tant et entend rétablir quelques vérités.

«  Cela fait pratiquement deux ans que j’ai mis à l’extérieur de mon exploitation un panneau d’affichage dans lequel j’appose régulièrement des articles de presse à destination des promeneurs  », explique-t-il en introduction.

Et des promeneurs, il en voit défiler un certain nombre tout au long de l’année car ses parcelles sont situées non loin de la chaussée Jules César, une voie romaine qui reliait Lutèce à Rotomagus et à Juliobona, et qui, dans le Vexin qu’elle traverse, est pour l’essentiel un chemin de randonnée.

Or, l’une des sorties de ce parcours pédestre déboule près de ses champs. Une aubaine  !

«  L’idée m’est venue car, comme beaucoup d’agriculteurs, je fais chaque jour ce constat amer que de nombreux médias, qui connaissent très mal l’agriculture, nous font beaucoup de tort. Les informations sont souvent orientées, tronquées, illustrées bien souvent par des images décontextualisées, voire désaisonnalisées… Comme un fait exprès, elles portent souvent sur des pulvés à des moments où nous ne les sortons pas… Nous devons donc nous battre en communiquant davantage pour expliquer qui nous sommes, et rétablir la vérité sur ce qu’est l’agriculture française. Il est également très important d’informer le grand public de nos problématiques (réglementations, emploi…), car eux aussi, à leur niveau, sont impactés. On en arrive par exemple à servir dans les cantines scolaires des poissons venus de Chine ou des poulets de Pologne élevés avec des normes sanitaires qui n’ont rien à voir avec ce que nous pratiquons… ll faut les en informer. De même, sur la crise que traverse la filière betterave, ils ne savent que trop peu qu’on risque de ne plus avoir de sucreries françaises…  ».

Le débat est posé, Hervé Delacour entend dire ce qu’il pense.

«  J’en profite pour faire une digression sur l’image de pollueurs que les médias nous collent sans cesse. Bizarrement, ils ne s’intéressent jamais au fait que la SNCF traite le long de ses lignes, mais ils sont très affables dès lors qu’il s’agit de parler de nos ZNT. À cet égard, j’invite les agriculteurs à se saisir de toutes les possibilités de communication qui s’offrent à eux — enquêtes publiques, chartes, etc. — mais aussi à se présenter dans les organisations agricoles (MSA, syndicats, etc.) pour faire part de leur quotidien et de leurs problématiques.  »

«  Je suis moi-même président de la MSA du Val-d’Oise, et j’aimerais que les jeunes agriculteurs s’investissent davantage, leur avenir en dépend  », conclut-il.

Laurence Augereau

Photo : Hervé Delacour affiche actuellement un article du Figaro intitulé « La nature livrée à elle-même n’est pas l’amie du genre humain » dans lequel Sylvie Brunel, professeur à Sorbonne Université, et ancienne présidente d’Action contre la faim, dénonce certaines idées fausses chères aux écologistes.

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