Les JA d’Ile-de-France s’invitent dans une conférence de Stéphane Le Foll
C’était une occasion rêvée pour rencontrer le ministre de l’Agriculture. Les Jeunes agriculteurs d’Ile-de-France l’ont brillamment saisie. Mercredi 11 mars, Stéphane Le Foll était l’invité des « Mardis de l’Essec », un cycle de conférences organisées par l’école de commerce de Cergy (Val-d’Oise), pour parler d’agriculture. Questions en mains, un petit groupe de JA s’est glissé dans la salle avec la ferme intention d’interpeller le ministre.
Au travers d’une série de questions posées par les étudiants de l’Essec, Stéphane Le Foll a d’abord longuement exposé sa vision de l’agriculture et, notamment, de l’agroécologie. « J’ai la volonté de proposer un modèle qui soit tourné vers l’avenir », a expliqué le ministre : « L’agroécologie permet d’économiser en produits phytosanitaires, en engrais, d’éviter le recours aux énergies fossiles car on ne laboure plus... »
Et à propos du vote de la loi d’avenir, il ajoute : « Elle a été votée à une large majorité mais l’environnement est vécu comme une contrainte par les agriculteurs. Ce qu’il faut comprendre, c’est que derrière l’enjeu environnemental, il y a des opportunités économiques. C’est une double performance rendue possible par l’agroécologie. » Le ministre a ensuite évoqué la mise en ligne prochaine « d’un outil informatique qui permettra à chacun d’évaluer son niveau agroécologique », ajoutant : « Il s’agit de faire de la sensibilisation car l’agroécologie est une vraie évolution qui ne peut pas passer par des aides. Car si un jour, il n’y a plus d’aides, il n’y aura plus d’environnement ? »
Interrogé ensuite sur les OGM, Stéphane Le Foll a indiqué que la recherche doit se poursuivre mais que « l’usage des OGM de première génération est totalement révolue. Cela augmente de façon considérable et incontrôlée la résistance aux herbicides et c’est totalement contraire aux projets agroécologiques que je défends. »
La parole a ensuite été laissée à la salle pour des questions. Le président de Jeunes agriculteurs d’Ile-de-France, Alexandre Ruèche a immédiatement pris la parole et interrogé le ministre sur la place de la France dans les exportations, en précisant : « Nous étions deuxièmes en 1995, nous sommes aujourd’hui quatrièmes. Allons-nous continuer à régresser ? Prônez-vous une politique du déclin ? » Évoquant l’émergence et la puissance du Brésil, Stéphane Le Foll a indiqué que le gouvernement « travaille à redresser la barre avec une double stratégie : reconquérir des parts de marché et réorganiser la production française ».
À la suite, c’est Aurélien Sargeret, des JA d’Ile-de-France, qui a interpellé le ministre, pointant « un discours contradictoire », notant : « C’est assez dérangeant d’encourager les exportations et de plaider pour l’agroécologie. » Là encore, le ministre a répondu : « Production et rendement ne sont pas opposables à l’idée d’agroécologie. Les pionniers obtiennent des rendements qui ne sont pas inférieurs, voire qui sont supérieurs à l’agriculture conventionnelle alors qu’ils utilisent 30 à 50 % de produits phyto et d’énergie fossile en moins. »
Visiblement déterminé à convraincre son auditoire, le ministre a achevé son intervention en expliquant que l’agroécologie est « source de recherches et d’innovation et qu’elle constitue un potentiel de créations d’emplois et de services ». Un argumentaire qui n’a pas séduit les Jeunes agriculteurs qui ont qualifié le ministre « d’idéaliste ».
À l’issue de la conférence, les Jeunes agriculteurs ont attendu le ministre et se sont adressés directement à lui. « Monsieur le ministre, nous avons entendu votre discours mais venez dans nos fermes franciliennes, venez vous confronter à la réalité de nos exploitations, n’ignorez pas l’Ile-de-France. Vous parlez des vertus des terres non labourées où les vers de terres travaillent pour nous. On rêverait de ça mais cela se saurait si c’était si facile que ça », ont lancé Aurélien Sargeret et Thomas Brebion. « D’accord, je viens. Mais à une condition », a proposé Stéphane Le Foll : « Vous venez avec moi voir des exploitations en agroécologie et je vais vous montrer que ça marche, y compris dans des sols argilo-limoneux. » «