Confinement
Les éleveurs de petit gibier dans une impasse
Aucune dérogation à l’interdiction de déplacement n’est possible pour chasser le petit gibier. Le stockage des oiseaux a des impacts économiques et sanitaires sur les élevages.
Aucune dérogation à l’interdiction de déplacement n’est possible pour chasser le petit gibier. Le stockage des oiseaux a des impacts économiques et sanitaires sur les élevages.
Président du syndicat des producteurs de gibier de Sologne, Christophe Bertin déclare : « Le second confinement a entraîné un arrêt de la chasse au petit gibier à plumes en plein pic d’activité. Normalement, les trois quarts des animaux stockés sont chassés, vendus et livrés le 15 décembre. Là, nous sommes à zéro ». Les canards vendus au printemps sont élevés à l’air libre ou sur des étangs. La période de chasse en Loir-et-Cher est fixée du 21 août au 31 janvier. L’ouverture générale de la chasse au petit gibier a eu lieu le 27 septembre. Pour les perdreaux et les lièvres, la fermeture est prévue le 6 décembre. Pour les faisans, la clôture est fixée le 31 janvier 2021. Faisans et perdrix sont vendus au prix moyen de neuf euros. L’interdiction de chasser oblige les éleveurs à garder les animaux plus longtemps et à les nourrir. Cela génère des coûts supplémentaires : vingt-cinq centimes par semaine pour un faisan et dix-huit centimes par semaine pour un perdreau. Christophe Bertin explique : « Si nous gardons nos oiseaux deux mois de plus, nous n’avons aucune marge. Nous vendons à perte. En outre, il n’y aura pas assez de pratiquants pour chasser le stock car les gens ne pourront pas être partout. Notre activité est saisonnière ».
Trois questions posées
Les clients des éleveurs de petit gibier sont des particuliers, des communes, des associations de chasse ou des opérateurs commerciaux. En début de saison, des contacts sont établis afin de déterminer les volumes d’animaux à fournir. Les éleveurs sont payés à la fin de la saison. D’où un gros besoin de trésorerie et, tous les ans, les cartes sont redistribuées. « Nous sommes la seule profession à fonctionner de la sorte, explique Christophe Bertin. Les céréaliers ont la garantie que l’organisme stockeur acceptera leur production. Nous, après la fermeture de la chasse, les oiseaux invendus ne valent plus rien. Nous fournissons une denrée périssable ».
Le représentant des éleveurs de gibier poursuit : « En raison du stockage, les oiseaux atteignent leur maturité sexuelle. D’où des tensions dans les volières et des risques de grippe aviaire. Cependant, afin de répondre aux règles de biosécurité, nous avons installé des barrières sanitaires. (…) On nous a proposé de faire des plats cuisinés avec les oiseaux. Problème : la filière n’existe pas. En outre, la caille, le pigeon et les volailles festives sont sinistrées… ». D’où ces trois questions : que fait-on des invendus ? Qui décide des abattages ? Qui paye ? « Nous n’élevons pas des oiseaux pour les euthanasier !, répond Christophe Bertin. Nous demandons à être éligibles à toutes les aides ». La filière a subi les conséquences du Brexit, le premier confinement et les attaques d’associations animalistes. En cette fin d’automne, elle est confrontée à un second confinement et au H5N8 !
Une filière d’excellence
Via la FNSEA, des contacts ont été pris avec les préfectures du Loir-et-Cher et du Centre-Val de Loire. Christophe Bertin indique : « Dans le cadre de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage de Loir-et-Cher, nous avons demandé une prolongation de la période de chasse au petit gibier. Nous avons eu une bonne écoute. Au niveau national, une rencontre a eu lieu entre la Fédération des chasseurs et le ministère de l’Agriculture. L’échange a été de qualité. Désormais, nous attendons de rencontrer conjointement les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Nous espérons une solution car la situation est exceptionnelle ! ». Le président du syndicat des producteurs de gibier de Sologne poursuit : « La profession se trouve à un tournant. Notre image est dégradée. Or nous appartenons à une filière d’excellence. Nous nous sommes toujours remis en cause. Nous trouverons des solutions mais il faudra passer le cap ».