Manifestation
Les « bio » veulent être entendus
Une action surprise a été menée par les producteurs de la section bio de la FRSEA vendredi 1er mars à Paris, pour protester contre le manque de moyens et de reconnaissance de la filière.
Une action surprise a été menée par les producteurs de la section bio de la FRSEA vendredi 1er mars à Paris, pour protester contre le manque de moyens et de reconnaissance de la filière.
Il faisait froid et humide en ce premier jour de mars. Mais rien n'aurait pu entamer la détermination de la quarantaine de producteurs bio ce matin-là. Venus de toute l'Île-de-France, ils ont convergé d'abord vers la gare de Lyon, puis se sont dirigés vers le ministère de l'Économie et des Finances, 139 rue de Bercy, à Paris. En quelques minutes, des bottes de foin ont été déposées, et deux stands ont été installés pour constituer un marché symbolique proposant des cageots de pommes, du pain, des lentilles, le tout sous l'œil interloqué des services de douane, bientôt remplacés par un contingent imposant de gendarmes mobiles.
« Nous demandons à rencontrer un responsable au cabinet du ministère pour porter nos revendications pour la filière bio. Et nous souhaiterions également voir un gestionnaire de la cantine pour examiner les sources d'approvisionnement et vérifier que le ministère respecte bien lui-même la loi Egalim », explique Stéphane Besnard, président de la commission agriculture biologique de la FRSEA Île-de-France, accompagné de Franck Jubert, exploitant bio à Leudon-en-Brie (Seine-et-Marne), et d'Alexandre Rueche, agriculteur bio à Bailly (Yvelines).
La loi Egalim prévoit 20 % d'approvisionnement bio pour la restauration collective. Deux ans plus tard, cette proportion dépasse à peine les 6 %. De plus, le retournement de marché a fait chuter la consommation de produits bio, alors même que ceux-ci ne sont pas forcément plus chers que les produits conventionnels. Enfin, les aides au maintien ont été supprimées conformément aux exigences européennes. De quoi plonger toute la filière dans une crise profonde.
Les dernières annonces d'un plan de soutien à 90 millions d'euros sont vécues comme insuffisantes, « une goutte d'eau » dans l'océan des besoins. « Nous allons tout droit vers des déconversions, constate Stéphane Besnard. On a tous fait beaucoup d'efforts, on s'épanouit dans notre travail d'agriculteur biologique, et malheureusement, il y a certains d'entre nous qui ne pourront pas passer le cap. C'est un gâchis incroyable ».
Des revendications pour relancer la filière
En attendant la réponse à leur proposition de rencontre, les agriculteurs allument un brasero, offrent des pommes aux forces de l'ordre, discutent avec des passants. Ceux-ci, en grande majorité, expriment leur soutien, à l'image de la solidarité affichée lors des mobilisations de février. En fin de matinée, Stéphane Besnard prend la parole, d'abord pour remercier les participants présents, puis pour lister les revendications. « Aujourd'hui, il faut une relance forte de la consommation, ce qui passe par le respect de la loi Egalim, une TVA à taux réduit sur les produits bio, un crédit d'impôt bio à 7 000 euros ».
Deux heures après le début de la manifestation, une fin de non-recevoir est adressée aux responsables syndicaux. Ceux-ci décident alors de poursuivre l'action en se rendant en délégation au Salon de l'agriculture, où Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée de la Consommation, est présente. Les stands sont repliés et rangés dans les camions, les dernières victuailles sont distribuées. Au Salon de l'agriculture, le contact est noué avec un conseiller de la ministre. En fin de journée, Brice Guyau, président de la commission agriculture biologique de la FNSEA, explique qu'il a décroché un nouveau rendez-vous au ministère de l'Agriculture, en grande partie grâce à l'action menée par les troupes franciliennes. Les « bio » ont réussi à se faire entendre.
Lire aussi Sia : des agriculteurs du sud-77 perturbent la visite de ministres