Élevage
Le petit gibier reprend son envol
La filière petit gibier a été mise à mal l'année dernière. En 2022 la sérénité semble revenir chez les éleveurs.
La filière petit gibier a été mise à mal l'année dernière. En 2022 la sérénité semble revenir chez les éleveurs.
Pandémie de Covid, grippe aviaire, 2021 a été une année noire pour les éleveurs de petits gibiers. L'arrêt des actes de chasse sur certains secteurs pour cause de confinement et la menace grandissante de l'influenza aviaire ont fortement impacté le chiffre d'affaires des exploitations et le moral des éleveurs.
La filière directement touchée par la Covid
Pour rappel, à la fin de l'année 2020, période ou les volières sont habituellement vides, les éleveurs se sont retrouvés face à une absence totale de vente d'animaux. Une situation qui a provoqué la hausse inhabituelle des charges d'alimentation ajoutée au stress généré par la gestion des animaux. Dans ce contexte, le ministère chargé de l'Agriculture a proposé l'allongement de la période de chasse du petit gibier, demandée par la profession, accompagné de la mise en place d'un dispositif de compensation financière des pertes engendrées. Malgré tout, le retour progressif des activités « normales » et le regain de la chasse observés à la fin de l'année dernière ont eu des conséquences inattendues. Certains élevages n'ont pu satisfaire les demandes des acteurs habituels par manque de stock d'animaux, un contre-coup dont se seraient bien passés les éleveurs après deux années difficiles. Dans le Loir-et-Cher, où la filière est bien développée, les éleveurs se veulent cependant optimistes.
« La Covid nous force à vivre dans l'expectative »
Thomas Delepine, installé à Neung-sur-Beuvron, dresse, comme ses collègues, un triste bilan de la saison écoulée : « C'est quelque chose à laquelle nous n'étions pas préparés, mais malheureusement la Covid nous force à vivre dans l'expectative. Le reconfinement décidé en 2020 nous a fait très mal, économiquement mais également moralement. Nous nous sommes tous retrouvés avec nos oiseaux sur les bras, sans savoir de quelle manière la situation allait évoluer. Financièrement j'ai perdu de l'argent, pour la nourriture donnée aux animaux mais surtout parce que je n'ai rien vendu. À la reprise de la chasse, il s'est passé l'inverse. Globalement les éleveurs avaient décidé de diminuer le nombre d'oiseaux et toutes les demandes n'ont pas pu être satisfaites. Certaines chasses à la journée, notamment, ont été annulées car bien souvent les organisateurs passaient commande au dernier moment ».
Du point de vue sanitaire, aucun cas de grippe aviaire n'a pour le moment été détecté. Cependant Thomas Delepine veut rester prudent : « Nous ne sommes jamais à l'abri. Même si nos volières sont fermées et que les protocoles sont très stricts, il est tout à fait possible qu'un oiseau sauvage vienne contaminer notre élevage. Je pense tout de même qu'il va falloir trouver une solution durable à ce problème. Les conséquences pour nous sont bien moindres que pour nos collègues éleveurs de volailles, mais nous sommes tous concernés. L'abattage obligatoire de tous ses animaux est quelque chose de très difficile à vivre ».
Une reprise attendue
En ce début d'année 2022, l'éleveur semble entrevoir un retour des activités, un rayon de soleil que tous attendaient. « Quelque part cette période a permis de remettre les choses en ordre. Les personnes nous contactent désormais dès les mois d'été et non plus le jour pour le lendemain. C'est beaucoup plus simple à gérer pour nous. Et puis même si la Covid n'est pas encore derrière nous, je pense que nous pourrons mieux nous organiser si un autre confinement venait à être mis en place. Nous avons eu la chance d'être très bien accompagnés par l'interprofession. L'aide gouvernementale va aussi permettre de compenser une partie des pertes, ce qui n'est pas le cas pour toutes les filières. »