Portrait
La résilience d'une éleveuse mise à l’épreuve de la FCO
La Fièvre catarrhale ovine (FCO) et ses variants obligent les éleveurs ovins à s'adapter et être une nouvelle fois résilients. À Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher), Sophie Roumier témoigne des difficultés à gérer ces épizooties et des attentes de la filière.
La Fièvre catarrhale ovine (FCO) et ses variants obligent les éleveurs ovins à s'adapter et être une nouvelle fois résilients. À Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher), Sophie Roumier témoigne des difficultés à gérer ces épizooties et des attentes de la filière.
Sophie Roumier a toujours eu un lien fort avec l'agriculture. Après des études d’ingénieure agricole, elle s’installe en 2014 avec son mari, fils d’agriculteurs, pour reprendre une exploitation en Loir-et-Cher. Le couple y développe un projet mixte : fraises, poireaux et maïs semence. « Nous avons cessé les poireaux, car ce n’était pas rentable dans notre système », explique-t-elle. En 2017, les contrats pour le maïs semence diminuent également, poussant le couple à arrêter cette activité également.
Les fraises, désormais cultivées hors sol pour optimiser les rendements, restent la production phare de l’exploitation. Mais c’est à partir de 2017 que Sophie Roumier et son mari décident de valoriser leurs terrains autrement, en introduisant un élevage de brebis. Avec 160 moutons de race rava, connue pour sa rusticité et sa prolificité, ils se sont lancés dans une sélection rigoureuse depuis deux ans. Ils travaillent avec la coopérative Sicarev et organisent chaque année une vente directe d’agneaux, bien que celle-ci reste marginale : « Cela représente peu, de l’ordre de 17 agneaux sur 150 », reconnaît l’exploitante.
La menace de la FCO : un défi sanitaire majeur
L’année 2023 a mis les nerfs des éleveurs ovins à rude épreuve avec l’apparition de la Fièvre catarrhale ovine (FCO). Bien que son troupeau n’ait pas montré de symptômes, Sophie Roumier a dû naviguer entre les informations sanitaires et les campagnes de vaccination. « Nous avons décidé, par prévention, de vacciner contre le variant 4 en juillet, même si le vaccin était payant. » Une décision qui avait pour objectif de protéger son troupeau. Mais rapidement, c'est la FCO-3 qui a fait son apparition en France dès août, obligeant à une deuxième campagne de vaccination, cette fois gratuite.
« Cela a représenté beaucoup de travail et une grosse année sanitaire », confie l'éleveuse, qui s’inquiète pour l’avenir. La maladie, transmise par des mouches, reste une menace récurrente. « Dès que les températures vont augmenter, nous allons devoir revacciner. Cela prendra des années pour enrayer cette situation. »
Un soutien nécessaire pour préserver les élevages
Face à ces enjeux, Sophie Roumier attend des pouvoirs publics un soutien pour les éleveurs et l’élevage ovin dans son ensemble. Elle souligne l’importance de rendre les vaccins gratuits pour tous les éleveurs et d’indemniser ceux qui subissent des pertes. « Les revenus des élevages ovins ne sont pas énormes, et une perte financière trop importante peut mettre en péril une exploitation. Si on ne les aide pas, les élevages vont diminuer », alerte l'éleveuse de Soings-en-Sologne. Une dynamique regrettable dans un contexte où les brebis permettent de valoriser des terrains en friche et de maintenir un équilibre agro-écologique local.
En dépit des difficultés, l’éleveuse insiste sur la nécessité d’une mobilisation collective : « Faire vacciner, c’est primordial. Cela doit être une lutte commune contre la maladie ». Si son troupeau reste pour l’instant épargné, Sophie Roumier aborde les prochaines naissances avec une certaine appréhension. Les malformations ou autres symptômes liés à la FCO seraient une épreuve à la fois émotionnelle et pratique. « Tous les jours, quand on va voir les animaux, on a peur de découvrir des symptômes », confie-t-elle.