La première moisson de Mathias Jauneau
Le jeune éleveur Mathias Jauneau, 24 ans, a bouclé sa première récolte depuis son installation sur l’exploitation familiale à Charbonnières. Reportage.
Allez savoir pourquoi cette année la récolte engendre une fine poussière noirâtre. Est-ce la raison de la surchauffe de la moissonneuse-batteuse ? Toujours est-il que Mathias Jauneau est contraint de s’arrêter de temps en temps et de positionner la machine quelques minutes dos au vent, pour la refroidir.
Puis il repart dans cette parcelle de blé tendre, sur la ferme de son oncle Bernard — ils font semis et récolte ensemble —, située à La Bazoche-Gouet.
De fait, rien ne presse en ce 17 juillet, l’essentiel a déjà été battu et pour lui : « la récolte, on n’en fait qu’une, alors autant la faire bonne ».
Celui qui parle ainsi appartient à la quatrième génération qui se succède sur la ferme familiale située à quelques kilomètres de là, à Charbonnières. Et ce jeune homme de 24 ans, vient tout juste de s’installer.
En dépit du contexte : « j’étais plus impatient qu’inquiet », confie-t-il.
Cette année, c’est donc sa toute première récolte pour son compte, mais ce n’est évidemment pas la première fois qu’il moissonne...
Avec son frère Mathieu, il exploite ainsi un peu plus de cent quarante hectares — dont quinze d’herbe, quarante de maïs ensilage et le reste en blé, orge et colza — et élève un cheptel de soixante-quinze vaches laitières pour un volume d’environ 600 000 litres.
Mais avec le travail de ferme à façon, c’est plutôt 250 hectares qu’ils gèrent.
Par rapport à la récolte de l’an passé, cette fois : « globalement, c’est pas mal. En rendement c’est très bon, en PS*, il y a un peu de tout, et en protéines c’est correct. Ça ne va pas boucher tout le trou de l’an dernier, mais ça en fera une partie », estime-t-il.
Les frères Jauneau commercialisent leur récolte par le biais d’un intermédiaire blésois, auprès de qui ils achètent leurs intrants et qui assure le suivi technique.
Ils se passent donc des services d’une coopérative : « on stocke tout et on vend en direct, tout part à Rouen ou pour la minoterie Guiard à la Madeleine-Bouvet (Orne). Pour le lait, nous travaillons avec Bel, ce sont les moins mauvais, nous avons leur prix jusqu’en décembre et c’est plutôt correct... », considère Mathias.
Au fil de l’après-midi et en dépit des pauses rafraichissantes — pour la machine — et du nettoyage en bonne et due forme de son filtre à air au nettoyeur haute-pression, la parcelle est avalée par les quelques sept mètres de coupe de la machine, une Claas tucano 470.
Si certaines portions y étaient un peu plus compliquée à récolter du fait de blés bien couchés, il faut dire que la parcelle était une prairie auparavant et qu’à certains endroit — ombragés d’ailleurs — les vaches s’oubliaient peut-être plus qu’à d’autres, enrichissant ainsi le sol en azote, d’où la verse...
Mais la journée de Mathias est loin d’être terminée pour autant.
Il enchaîne sur une parcelle adjacente et tirera des bords jusqu’au coucher du soleil, voire un peu plus tard avec l’éclairage si besoin.
Il lui faudra ensuite nettoyer la moissonneuse et prendre quelques heures de sommeil avant de se lever aux aurores pour les animaux : « il y a toujours quelques choses à faire avec les vaches le matin », pointe-t-il.
Et tout ceci ne lui laisse guère le temps de profiter de sa petite fille, née il y a tout juste un mois...
*poids spécifique