Syndicalisme
La FNSEA 45 renforce son esprit d'équipe en assemblée générale
L’assemblée générale de la FNSEA du Loiret s'est déroulée jeudi 8 février à Bellegarde. L'occasion de faire le point sur les avancées obtenues après les manifestations des dernières semaines. Un célèbre rugbyman a été invité pour l'occasion.
L’assemblée générale de la FNSEA du Loiret s'est déroulée jeudi 8 février à Bellegarde. L'occasion de faire le point sur les avancées obtenues après les manifestations des dernières semaines. Un célèbre rugbyman a été invité pour l'occasion.
C’est fière des avancées décrochées après plusieurs semaines de mobilisations que la FNSEA du Loiret s’est présentée devant ses adhérents jeudi 8 février à Bellegarde. Placée sous le signe du sport collectif et de l’esprit d’équipe, avec la venue de l’ancien joueur et sélectionneur de l’équipe de France de rugby Marc Lièvremont, cette assemblée générale voulait faire le bilan de cette manifestation agricole d’ampleur nationale survenue en ce début d'année 2024. Au travers de leur discours, les représentants de la FNSEA 45 ainsi que de la chambre d’Agriculture départementale ont pu s’adresser directement à la préfète de région et du Loiret, Sophie Brocas, pour évoquer leurs craintes, notamment vis-à-vis des décisions européennes.
15 jours de mobilisation exceptionnels
Encore animé par les différentes manifestations qui se sont succédé ces dernières semaines (blocages routiers et autoroutiers, mobilisation massive à Chécy puis dans le centre-ville d'Orléans), Sébastien Méry, président de la FNSEA 45, a félicité l’ensemble du réseau, venu en nombre durant ces journées puis lors de cette assemblée générale, pour sa mobilisation et sa bonne tenue. « Nous venons de vivre quinze jours de mobilisation exceptionnels. Quinze jours d’un élan de la profession agricole entière. Quinze jours où des dizaines de milliers d’agriculteurs se sont mobilisés, des milliers de tracteurs se sont déplacés, des centaines d’heures de blocage ont été enregistrées. Et ce, en une seule et unique voix : celle d’une profession qui veut se faire enfin entendre et d’un syndicalisme FNSEA-JA déterminé. Pour ces belles mobilisations, en responsabilité, pour le soutien de nos organisations professionnelles agricoles, pour le soutien de l’amont et de l’aval agricole, vous pouvez, nous pouvons collectivement nous applaudir », a-t-il chaleureusement souligné.
Un Sia 2024 pas comme les autres ?
Malgré cette mobilisation sans faille et le soutien de plus des trois quarts de la population, le président de la FNSEA du Loiret a tenu à rappeler le mécontentement des agriculteurs, qui, s’ils ne sont plus dans les rues ou devant les péages, restent fortement mobilisés et attentifs aux annonces gouvernementales. « Nous n’arrêtons pas la mobilisation, nous suspendons seulement les blocages pour transformer notre mouvement, a-t-il expliqué. Nous entrons dans le temps de l’action sous forme du travail effectif ». Malgré les récentes annonces faites par le gouvernement, le syndicat agricole majoritaire reste vigilant. « Le gouvernement semble avoir changé de logiciel dans son approche de l’agriculture française, poursuit Sébastien Méry. De nombreuses avancées tangibles ont été annoncées. Dans le Loiret, le chantier de simplification s’est ouvert hier après-midi (mercredi 7 février, NDLR) sous l’égide de la préfète. Nous serons extrêmement vigilants quant aux résultats de ces travaux ».
L'inquiétude demeure donc dans le réseau FNSEA, notamment à cause des décisions prises à l'échelle de l'Europe. « À la FNSEA, nous sommes profondément européens, a précisé Sébastien Méry en s'adressant directement à la préfète, qui a assisté à l'ensemble de l'assemblée générale du syndicat. Mais la position de l’Europe n’est plus entendable. Nous voulons en finir avec la vision décroissante du Green Deal. Il faut que l’Europe reprenne la voie de la production agricole pour sa souveraineté alimentaire ».
Le président de la FNSEA 45 a prévenu que les manifestations agricoles pourraient reprendre dès le 24 février, lors de l'ouverture du Salon international de l’agriculture (Sia), si les promesses faites n'étaient pas tenues.
Une équipe soudée
Pour conclure et passer la parole à Marc Lièvremont, le président de la FNSEA 45 a terminé son discours par ces mots : « La force du collectif prend tout son sens dans nos moments de mobilisation. Nous avons fait une formidable démonstration du lien qui nous unit sur le terrain. La puissance de notre réseau est indéniable. Nous sommes une équipe avec des valeurs. Notre détermination est totale ». Et rien de tel qu'une réunion d'avant-match pour souder une équipe. Après avoir retracé son parcours de sportif professionnel, en comparant la FNSEA du Loiret à des joueurs de rugby, Marc Lièvremont a rassemblé les administrateurs du réseau en cercle, pour tenir un discours d'avant-match galvanisant. « Même si les temps sont durs, il faut, comme vous, faire preuve de passion », a-t-il lancé. L'ancien sélectionneur aura même fait une passe décisive à Sébastien Méry pour achever son intervention.
Se parler, se comprendre, se connaître pour avancer ensemble
Sophie Brocas a pris la parole en dernier pour revenir sur les principales attentes énoncées par les agriculteurs lors des manifestations, en mettant en regard les réponses du gouvernement. « Sur le sujet de l’eau, le Premier ministre s’engage à ce que les financements soient accélérés, que les trajectoires de financement des retenues de substitution soient définies, que la gouvernance soit revue, et que les délais de recours contre un projet soient encadrés et réduits à dix mois », détaille-t-elle. Tout au long de son discours, la préfète de région et du département invite « vivement » les agriculteurs à participer au comité des usagers de l’eau animé par la direction départementale des Territoires « dans un esprit constructif pour élaborer des consensus solides avec les autres partenaires ».
Pour ce qui est de la transition agroécologique, le gouvernement devrait mobiliser 800 millions d’euros pour accompagner « cette mutation impérieuse ». « Je vous propose aussi que nous nous mettions ensemble autour de la table pour construire des coalitions locales qui vous assurent des débouchés stables et rémunérateurs, a suggéré la préfète. Créons des coalitions avec les collectivités et les grandes entreprises, pour que leurs cantines soient approvisionnées en produits locaux. Créons une coalition avec le secteur du bâtiment qui a besoin de se décarboner. Créons des coalitions avec la cosmétique qui a besoin de produits d'origine France ».
Après avoir mis en pause la stratégie Écophyto 2030, pour prendre le temps de la simplification « sans renoncer à la légitime demande de protection des citoyens et de la nature », le gouvernement devrait aussi mobiliser 250 millions d’euros pour la recherche d’alternatives en 2024. Le Conseil stratégique sur les phytosanitaires (CSP) devrait quant à lui être réformé.
En ce qui concerne la concurrence déloyale, le Président de la République a refusé la signature du Mercosur en l’état. « Les clauses de sauvegarde pourront être plus facilement déclenchées à l’avenir pour les importations en provenance d’Ukraine, précise Sophie Brocas. Le gouvernement a demandé qu’à l’avenir tout règlement européen et tout accord commercial intègrent automatiquement des clauses miroir pour permettre une égalité ».
Toujours selon la préfète, la France soutiendrait aussi une initiative pour créer un contrôle européen renforcé. Pour vérifier l'application de la loi Egalim, les grandes centrales d’achat seraient actuellement contrôlées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. « Par la suite, sur la base de ces informations, nos inspecteurs loirétains vérifieront les intermédiaires et viendront vous demander si le prix des matières agricoles n’ont pas souffert de négociation et de dégradation », a expliqué Sophie Brocas. Une mission parlementaire a été mise en place pour améliorer cette loi Egalim.
10 000 contrôles vont être demandés pour vérifier l’appellation Origine France. Le gouvernement s’est engagé à des sanctions, pouvant aller jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires des entreprises. La taxe du GNR a été supprimée et des aides seront versées à l’agriculture bio et à la filière élevage.
Enfin, la préfète a proposé à Sébastien Méry de le rencontrer tous les deux mois autour d’un petit-déjeuner thématique afin de faire le point sur les problématiques agricoles. Des visites d'exploitations sont déjà prévues.