La FNSEA et JA 45 installent une réserve d'eau en plein centre d'Orléans
Mardi 30 janvier, après avoir participé aux blocages de l'A6 et de l'A10 durant tout le week-end, la FNSEA et les JA du Loiret ont investi le centre-ville d'Orléans pour parler irrigation et accès à l'eau.
Mardi 30 janvier, après avoir participé aux blocages de l'A6 et de l'A10 durant tout le week-end, la FNSEA et les JA du Loiret ont investi le centre-ville d'Orléans pour parler irrigation et accès à l'eau.
Partout en France, les manifestations agricoles s'enchaînent. Dans le Loiret, de nombreux agriculteurs se sont rassemblés la semaine dernière à Chécy, sous l'impulsion de la FNSEA et des JA 45. Des délégations sont ensuite allées soutenir le blocage des autoroutes de la région parisienne. Mardi 30 janvier, les deux syndicats ont remis le couvert en organisant un rassemblement dans le centre-ville d'Orléans, rue Jeanne-d'Arc. Cette fois-ci, l'accent était mis sur l'accès à l'eau. Installée le matin même, une réserve d'eau a été remplie en cours de la matinée pour illustrer le besoin en eau des agriculteurs du département.
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« Il n'y a pas d'agriculture sans eau »
Un peu avant 11 heures, ce mardi 30 janvier, 150 tracteurs se sont stationnés rue Jeanne-d'Arc pour répondre à l'appel à manifestation de la FNSEA et de JA du Loiret. Près de 300 agriculteurs, principalement loirétains, sont venus soutenir les discours portés par les syndicats. « La FNSEA 45 réclame la pleine application du Varenne de l'eau, l'arrêt du Plan eau 2021, qui empêche toute construction de stockage lorsqu'un bout de parcelle est identifié en zone humide et une hiérarchisation des usages, a expliqué Sébastien Méry, président de la FNSEA du Loiret. Il y a l'eau que l'on boit et l'eau que l'on mange. Si l'accès à l'eau potable doit rester la priorité, l'eau dédiée à l'irrigation doit être valorisée. Il n'y a pas d'agriculture sans eau », a-t-il martelé.
12 000 litres d'eau déversés
Pour matérialiser son action, la FNSEA a obtenu l'autorisation d'installer une réserve d'eau sur la place Sainte-Croix, en face du parvis de la cathédrale. Constituée de ballots de paille et d'une bâche, cette bassine a été remplie par 12 000 litres d'eau au cours de la matinée. « Aujourd'hui, ça serait une ineptie d'avoir un stockage aérien pour la nappe de Beauce, a précisé Sébastien Méry. C'est une réalité pour le Val de Loire ou le Gâtinais, mais pas en Beauce. Par contre, il s'agit-là d'un modèle de gestion vertueux. C'est ce que l'on souhaite pour l'agriculture. Il faut encourager ce modèle, et peut-être demain mettre en place des moyens innovants pour maintenir le volume de la nappe de Beauce et ainsi sécuriser nos exploitations et nos diversifications. Les agriculteurs ne veulent plus d'une vision décroissante de l'agriculture ». Par ce discours, le président de la FNSEA 45 a tenu à rappeler la diversité des problématiques du département.
Le bon sens paysan
Dans un souci de pédagogie avec le public et les médias, Éric Delorme, vice-président de la FNSEA du Loiret, a matérialisé « l'accaparement de l'eau par le monde agricole » au travers d'un exemple simple. « Comme à l'école, il est bon de retrouver du bon sens paysan », a-t-il déclaré. Il a ensuite disposé devant lui trois bouteilles d'eau de contenances différentes. « Je vais vous présenter de quelle façon est répartie l'eau sur notre département ». La plus grosse bouteille représentait ainsi l'eau de pluie, la plus petite, l'eau qui va à la nappe, et la médiane, l'eau qui part à la mer. « Cette eau, contenue dans cette bouteille moyenne, nous, agriculteurs, voudrions en retenir une partie, explique-t-il. On entend souvent dire que nous nous accaparons l'eau. Voici ce que représente cet accaparement ». Éric Delorme a alors versé l'eau contenue dans cette bouteille, dans son bouchon, marquant la petite quantité dont les paysans ont besoin pour irriguer leurs cultures. « Nous faisons des efforts, nous diminuons nos quotas, nous nous adaptons, nous subissons, mais nous ne pouvons pas descendre plus bas que bas. Dans certains secteurs, il va falloir stocker l'eau pour que les exploitations puissent continuer à vivre ».
Trouver les moyens d'économiser puis de stocker l'eau
Venue écouter l'ensemble des revendications, la préfète de la région Centre-Val de Loire et du Loiret, Sophie Brocas, s'est montrée en accord avec les discours tenus par les agriculteurs. « Oui, l'agriculture a besoin d'eau, a-t-elle indiqué. L'agriculture devra toujours utiliser de l'eau pour les plantes et pour l'élevage. Mais l'eau est une ressource qui se fragilise. Il faut que nous fassions tous des efforts : les industriels, les collectivités, vous, bien sûr, et aussi les citoyens. Il faut que nous vous aidions à trouver les moyens, d'abord de l'économiser. Et si ça ne suffit pas, il faut trouver des moyens dans le dialogue local pour que vous ayez des réserves. » La préfète a ensuite reçu une délégation pour parler en détail des difficultés rencontrées par la profession.
Le partage de l'eau
En fin de matinée, le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, s'est lui aussi déplacé sur le parvis de la cathédrale pour s'adresser aux personnes présentes. Il a d'abord annoncé que les agriculteurs pouvant bénéficier de la Dotation jeunes agriculteurs (DJA) seraient avertis de la somme qui leur sera allouée, au plus tard le 20 février . « À cette date, tous les agriculteurs recevront la notification de ce à quoi ils ont droit », a-t-il révélé avant de poursuivre son discours par la liste des actions mises en place par la Région en ce qui concerne l'eau. « Sept réserves ont été installées notamment dans l'est du Loiret, a-t-il souligné. Oui, il faut des réserves et dans nos CAP filières un certain nombre de choses seront mis en œuvre. Le sujet de l'eau ne doit surtout pas être banalisé. On ne va pas faire croire qu'il y a de l'eau à l'infini. Un partage de l'eau doit se faire ». François Bonneau promet ainsi que la région sera « au rendez-vous de ses CAP comme dans les discussions, toujours à vos côtés pour discuter de ces sujets et trouver la meilleure ligne qui vous permettra de produire et de faire de la qualité ».