Apiculture
Jean-François Billard : « attention au colza »
Installé à Dammarie (Eure-et-Loir), Jean-François Billard est agriculteur et apiculteur. Une position idéale pour parler des rapports entre ces deux activités agricoles.
Installé à Dammarie (Eure-et-Loir), Jean-François Billard est agriculteur et apiculteur. Une position idéale pour parler des rapports entre ces deux activités agricoles.
Avec sa femme, Aurélie, et ses frères, Yves-Marie et Xavier, Jean-François Billard est à la tête de la ferme apicole familiale de Dammarie. Apiculteur professionnel depuis 2008, il produit entre vingt et trente tonnes de miel chaque année, commercialisé essentiellement en circuit court.
Mais il est également exploitant céréalier, ce qui lui permet de porter un regard avisé sur les rapports entre les deux activités agricoles.
« Je suis agriculteur et surtout un éleveur comme les autres », aime à rappeler Jean-François Billard. Quand on l'interroge sur les difficultés qu'il pourrait rencontrer avec les autres exploitants, il rappelle qu'avant tout : « Nous avons de très bonnes relations avec les agriculteurs du secteur, nous sommes pareils, on discute, le dialogue est ouvert, nous sommes des professionnels. C'est important que tout le monde s'entende dans le secteur ».
Néanmoins, pour l’apiculteur, « ici, la culture qui pose le plus de problèmes, c'est le colza. Nous faisons beaucoup de miel sur ces fleurs. Dans d'autres régions, des collègues évitent le colza mais ici, on ne peut pas. Or, chaque année, nous avons entre 30 et 50 % de casse. Nous faisons des reines pour compenser ces pertes... Il n'y a pas de souci avec les insecticides, ce sont les fongicides qui posent problème. Surtout quand il faut en faire deux. L'effet des fongicides n'est pas immédiat sur les insectes mais fragilisent la colonie et la reine en particulier ».
Selon lui, « sur colza, il ne faudrait pas traiter en pleine journée, mais le soir ou le matin. Si on légifère à fond, c'est à cause des excès. Souvent les traitements se font par habitude... Mais si on s'explique, les pratiques changent. Les techniciens des coopératives se devraient d'expliquer ça aussi. Et sûrement que beaucoup ignorent les risques que font peser à long terme les fongicides sur les abeilles ».
« Ce serait bien qu'ils y pensent, estime Jean-François Billard. À mon avis, il ne devrait pas y avoir besoin de mettre des règles. Il suffit d'observer et s'il y a des abeilles, faire attention. Dans notre plaine, il n'y a pas trente-six mille cultures où il faut être attentif, c'est juste le colza en avril et mai. Je discute pas mal dans la plaine, les agriculteurs se posent de plus en plus de questions. Il y a de la réflexion. Le monde agricole est habitué aux changements, ça va s'améliorer. Ce serait bien que les agriculteurs viennent discuter avec nous... »
Zoom vidéo sur la ferme Billard :