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À Janville, les planteurs s’interrogent sur les raisons de la fermeture annoncée

La CGB Centre-Val de Loire et les FDSEA d’Eure-et-Loir et du Loiret ont organisé, le 2 mai à Janville, une réunion à destination des planteurs qui livrent la sucrerie de Toury, à la suite de l’annonce de sa fermeture.

C’est dans une salle pleine de planteurs venus de l’ensemble des départements livrant à la sucrerie de Toury que s’est déroulée, le 2 mai à Janville, la réunion organisée par la CGB Centre-Val de Loire et les FDSEA d’Eure-et-Loir et du Loiret à la suite de l’annonce de la fermeture de l’usine par le groupe Cristal Union le 18 avril.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la teneur des propos échangés ont montré l’incompréhension que suscite la décision de la coopérative sucrière. D’autant que l’on s’en souvient, quelques années plus tôt dans cette même salle, ses représentants, son président Olivier de Bohan en tête, avaient multiplié les arguments pour convaincre les planteurs de les rejoindre.

À la tribune, chacun a cherché à livrer des explications à cette fermeture et à rassurer les planteurs.

À l’issue des exposés des différents intervenants, de nombreux planteurs ont pris la parole pour dire en substance  : que la sucrerie de Pithiviers allait fermer à son tour, que la fermeture de celle de Toury avait été prévue depuis le début, pour demander qui financera la réparation des routes abimées par l’allongement des campagnes, pour réclamer qu’on leur rende leurs parts sociales, leur usine, pour souligner que ce n’était pas forcément à Toury de fermer, pour dénoncer les coûts de transport induits par l’éloignement des sites de livraison, pour condamner une décision jugée politique ou pour demander comment sera compensée la perte de ceux qui irriguaient avec l’eau de l’usine…

Cependant, d’autres se sont exprimés pour dire qu’il fallait regarder vers l’avenir, que cette décision était prise pour sauver la coopérative…

Avant cela, le président de la CGB Centre-Val de Loire, Alexandre Pelé, avait ouvert la réunion  : «  Nous avons jugé utile de vous réunir et l’on se donne deux heures pour échanger. Nous avons trois objectifs  : vous fournir des informations précises, vous tenir informés du travail de la CGB et vous écouter, partager vos inquiétudes  ».

Aussi, les explications sur le contexte sucrier actuel ont été livrées par le secrétaire général de la CGB, Jean-Philippe Garnot, et les perspectives d’avenir analysées par son économiste Timothé Masson, et celles-ci ne semblent pas si mauvaises si l’on est capable de s’adapter. Puis, Alexandre Pelé est revenu sur la fermeture annoncée de l’usine de Toury rappelant au passage que c’était pire pour celle de Bourdon (Puy-de-Dôme)…

Il a évoqué ainsi la perte économique locale que va engendrer la disparition de la sucrerie, en a rappelé les atouts et les faiblesses et a parlé ensuite des conséquences de la fermeture  : la réorganisation des secteurs d’approvisionnement par ripage entre usines ou l’allongement des campagnes. Il a évoqué également la possibilité d’échanges avec d’autres sucreries (Artenay)…

Et a fait part de ses regrets  : «  J’ai toujours pensé que notre bassin était un vrai atout pour le secteur industriel puisqu’il permettait à l’instant T de passer de ces fameux 450 000 à 480 000 hectares. C’est un endroit où les gens sont capables de réagir très vite en cas d’opportunité. Cette capacité d’adaptation du bassin au marché est perdue… Et il y a quelque chose qui me gène vraiment, c’est cette distillerie. C’était un outil attractif pour la Cosmetic valley. Ça me gêne de le voir partir dans d’autres régions  ». Il a parlé enfin des rencontres avec les responsables politiques de la région «  qui parlent plus des 150 hectares développés en bio que du reste  ».

Puis il est revenu à des positions plus syndicales  : «  Nous avons mis en place un vrai plan de filière pour que ce vent de fermeture de sucreries cesse. En premier lieu, que tous les planteurs soient récupérés. Olivier de Bohan m’a assuré qu’ils seraient tous conservés. Je ne veux pas vivre ce que vivent les planteurs de Bourdon. J’ai une vigilance sur les planteurs éloignés. Aujourd’hui le transport est mutualisé, il faut que ça le reste. Il faudra aussi mutualiser des choses liées à l’allongement des campagnes. Il faudra innover. Et il y a l’avenir du site, il y a des idées  : l’outil alcool ou tout autre projet structurant. Il ne faut rien s’interdire. Si on peut amener un projet aux agriculteurs de la région, on le fera. L’objectif n’est pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul  », a-t-il argué avant de laisser la parole à la salle…

Ensuite, Alexandre Pelé, ému puis déterminé, a repris le micro  : «  Si vous pensez que venir devant vous pour partager ce projet de fermeture d’usine me fait plaisir… Croyez-moi, je suis né à Toury, je voudrais vous assurer que devant le conseil d’administration de Cristal Union nous avons tenu les mêmes propos qu’ici. C’est la mort dans l’âme que je vous parle de ce projet. J’ai la volonté de produire des betteraves à un prix rémunérateur. C’est pour ça que je me bats tous les jours  », a-t-il conclu.

«  Je peux témoigner qu’Alexandre Pelé sait où il habite. Mais une fois les choix faits, il faut éviter la guerre des territoires. Le choix demain, c’est d’améliorer le revenu  », a ajouté le président de la FDSEA du Loiret, Cédric Benoist, avant d’inviter les planteurs à participer aux assemblées générales de section, «  parce que quand c’est trop tard…  ».

Hervé Colin

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