Insectes d’automne : changer pour durer
Si les pratiques de lutte contre les insectes d’automne ne changent pas, TerresInovia (ex-Cetiom) prévoit une généralisation de la résistance aux pyréthrinoïdes.
Dans les colzas, la présence de populations résistantes aux pyréthrinoïdes de charançon du bourgeon terminal a été confirmée et celle d’altises d’hiver détectée en 2014-2015. Si les pratiques agricoles actuelles perdurent, une évolution vers une résistance généralisée à l’ensemble du territoire est attendue.
Dès à présent, pour freiner cette progression, TerresInovia (ex-Cetiom) recommande d’abord de soigner l’implantation, ensuite de limiter au maximum les interventions sur charançon du bourgeon terminal et altise par un respect scrupuleux des seuils d’intervention basé sur une observation précise des infestations, en lien avec l’état du couvert lors de la prise de décision et, enfin, de limiter au maximum l’usage des pyréthrinoïdes seuls compte tenu des premiers résultats de suivi des résistances.
Sur les parcelles à levée précoce (fin août), bien implantées, la nuisibilité des insectes à l’automne est réduite et il est rare d’observer un taux nuisible de plantes avec le cœur détruit à la reprise de végétation.
Contre l’altise, la stratégie recommandée de lutte est la suivante. Contre les altises adultes, l’intervention doit être limitée au maximum et réservée aux seules situations où la survie du colza est en jeu : seuil de huit pieds sur dix avec dégâts tant que le colza n’a pas atteint le stade trois à quatre feuilles (phase de croissance lente du colza).
En cas de levée tardive, la phase de croissance lente du colza dure plus longtemps et le seuil sur adulte peut être abaissé. Si une intervention est nécessaire, n’intervenir qu’une fois sur adulte en utilisant si possible un organophosphoré seul (pas associé à des pyréthrinoïdes) et avec de bonnes conditions de traitement en soirée (l’adulte est actif en début de nuit).
Cette intervention sur adulte n’aura aucun impact sur les infestations larvaires qui peuvent être visibles à l’entrée de l’hiver. C’est pourquoi, elle doit rester exceptionnelle et n’intervenir qu’en cas de mise en danger du peuplement des parcelles.
L’intervention sur larves doit être limitée au maximum aux seules situations qui le justifient en respectant les seuils, sachant qu’un gros colza est beaucoup moins sensible aux dégâts de larves, et que la nuisibilité ne s’exprime que si le cœur des colza est touché, ce qui est rare pour des colzas bien développés à l’automne même avec les seuils atteints.
N’effectuer qu’un seul traitement maximum sur avertissement, après avoir observé le nombre moyen de larves par pied de vos parcelles (méthode berlèse) et vérifier que le seuil de deux-trois larves par plante ou sept plantes sur dix avec des larves dans les pétioles des feuilles est bien atteint.
Utilisez un produit à base de pyréthrinoïde car il n’y a pas d’autre alternative aussi efficace à ce jour. Dans les secteurs où aucun problème de résistance n’est suspecté, on peut utiliser un pyréthrinoïde seul. Dans les secteurs où des problèmes d’efficacité ont été observés les années précédentes, utiliser un produit associant un pyréthrinoïde à un organophosphoré. Les néonicotinoïdes ne doivent pas être utilisés contre les altises d’hiver (adultes ou larves) car ils doivent être réservés à l’usage pucerons.
Contre le charançon du bourgeon terminal (CBT), un traitement devrait également être efficace sur larves d’altise si elles sont présentes et sensibles au traitement. En cas d’intervention, utilisez de préférence un produit associant un pyréthrinoïde et un organophosphoré.
L’utilisation de l’association permet de réduire la pression de sélection contre les larves de grosses altises qui pourraient être présentes lors du traitement CBT. Un pyréthrinoïde seul peut s’envisager dans les secteurs où les CBT sont sensibles et en l’absence de problèmes liés aux altises d’hiver.
Ne pas dépasser un traitement : en absence de résistance, une seule application bien positionnée est suffisante ; en cas de résistance totale ou partielle, le renouvellement de la protection n’apporte pas de supplément d’efficacité.
À noter : si un traitement est réalisé avec du Protéus sur pucerons et qu’il coïncide avec la date du traitement CBT, alors il ne sera pas nécessaire d’intervenir spécifiquement contre celui‐ci.