Vente directe
Ingénieur, agriculteur et commerçant
Pour notre série sur la vente directe, nous faisons étape entre Césarville-Dossainville et Sermaises à la rencontre de Matthieu Beulin, un JA de 32 ans installé depuis 2016 et associé à ses parents. Avec deux fermes sur 270 hectares de cultures, la famille d’agriculteurs développe l’activité initiée en 2003.
Pour notre série sur la vente directe, nous faisons étape entre Césarville-Dossainville et Sermaises à la rencontre de Matthieu Beulin, un JA de 32 ans installé depuis 2016 et associé à ses parents. Avec deux fermes sur 270 hectares de cultures, la famille d’agriculteurs développe l’activité initiée en 2003.
Avec un site historique à Enzanville, sur la commune de Sermaises, et le second à Formarville, dans le village de Césarville-Dossainville, Matthieu Beulin a bouleversé son quotidien en 2015. « J’étais ingénieur en production de semences auparavant. Cette année-là, j’ai fait le choix de revenir à la ferme en tant que salarié. L’année suivante, j’ai repris la ferme de mon oncle qui comptait 155 hectares », explique l’agriculteur qui se souvient du lancement en vente directe de ses parents : « 2003 a été une année avec de très bons rendements pour les oignons en Europe. La chute des cours a conduit mes parents à chercher une diversification pour sécuriser financièrement l’avenir de l’exploitation. Cela a commencé modestement le samedi matin à la ferme, le temps que le bouche-à-oreille se fasse ». Jusqu’en 2014, la famille Beulin a proposé uniquement des pommes de terre et des oignons, avant un nouveau déclic : « Nous souhaitions que nos clients trouvent autre chose à la ferme ».
Une activité de maraîchage et de jardin
En complément des grandes cultures qui comprennent du colza, des blés, du seigle, de l’orge de printemps, des betteraves sucrières, de la luzerne, des pois potagers pour la production de semences, des pommes de terre et des oignons, les agriculteurs ont développé une activité de maraîchage importante. « La première année, on a tenté beaucoup de cultures maraîchères, peut-être trop. Le maraîchage est plus complexe et exigeant que les grandes cultures. Je me suis aussi confronté à la difficulté du désherbage, explique le JA qui a opté pour une agriculture douce sur ces parcelles. On ne s’interdit pas les engrais mais c’est zéro phyto. On a fait ce choix par challenge et pour une question de praticité car il est de toute façon difficile de traiter des micro-surfaces ».
Conçus comme des laboratoires pour tester une transposition éventuelle en grandes cultures, les espaces de maraîchage voient pousser des carottes, des panais, des courges, des betteraves rouges, des navets, des salades, des haricots verts ainsi que des patates douces, la dernière nouveauté sur l’exploitation.
Le temps, une denrée précieuse
Ces choix de production obligent Matthieu Beulin à quelques contraintes : « Avec le maraîchage, notre temps de travail à la ferme a fortement augmenté. Je ne le regrette pas mais je n’oublie pas que l’essentiel de notre chiffre d’affaires reste la grande culture. Nous avons pu envisager toutes ces activités grâce au soutien de deux salariés permanents ». Autres contreparties, le désherbage à la main et la couverture des sols : « On envisage de basculer de la technique de paillage naturel à des bâches car l’investissement en temps est très fort et fait perdre en compétitivité. L’activité de maraîchage a fait naître un besoin croissant de main-d’œuvre. Nous cherchons à stabiliser et rationaliser cela, car nous arrivons à saturation », explique l’agriculteur soucieux de ces équilibres.
Très chronophage aussi, le temps passé à la vente des produits de la ferme, sur les marchés et dans la boutique installée dans la ferme : « L’activité permet de s’assurer un prix de vente mais demande des sacrifices notamment sur la vie de famille », relate l’agriculteur.
La boutique de la famille Beulin propose également des produits du réseau Bienvenue à la ferme dont quelques-uns sont produits par des adhérents JA. La Ferme d’Enzanville est également présente sur Facebook. « On y met des recettes et des conseils de cuisine car il y a une vraie demande de pédagogie et une dimension de service que nous apprécions. Le conseil et le relationnel direct avec la clientèle est le fil conducteur initié par mes parents. À nous de le cultiver », conclut Matthieu Beulin.