Grippe aviaire : la Chambre à l’écoute des aviculteurs
Réunie en session jeudi 17 novembre, la chambre d’Agriculture du Loiret a dressé un état des lieux de l’influenza aviaire dans le département. Un troisième cas a été confirmé ce jour-là.
Réunie en session jeudi 17 novembre, la chambre d’Agriculture du Loiret a dressé un état des lieux de l’influenza aviaire dans le département. Un troisième cas a été confirmé ce jour-là.
Dans un contexte marqué par une persistance inédite du virus de l’influenza aviaire, la chambre d’Agriculture du Loiret (CA 45) a déployé toutes ses ressources pour accompagner les aviculteurs du département. « Nous avons mis à disposition trois conseillers dédiés, a précisé Jean-Marie Fortin, président de la CA 45, lors de la session du 17 novembre. Les éleveurs peuvent être perdus, nous devons leur apporter un soutien et une écoute. Les conseillers et nous, élus, donnons ainsi sens à notre mission, et la CA 45 prend pleinement sa dimension consulaire d’accompagnement des agriculteurs et d’interlocuteur des représentants de l’État pour la défense de la situation sanitaire et les intérêts de la filière avicole ». En ce sens, la structure départementale a positionné le dispositif Réagir afin d’aider les exploitants agricoles rencontrant des difficultés.
Un troisième cas confirmé
Alors que deux cas avaient été détectés le 23 octobre puis le 10 novembre, un troisième cas a été confirmé le 17 novembre dans la commune d’Auvilliers-en-Gâtinais. L’opération d’abattage d’environ 20 000 volailles et la destruction de 173 000 œufs s’est achevée le lendemain.
« 88 communes du Loiret sont désormais concernées, soit 140 élevages, plus d’un million de volailles et plus de 160 bâtiments, annonce Agathe Kohl, conseillère en élevage à la CA 45. La zone autour de la commune de Lorris rassemble la plus grande densité d’aviculteurs du département. Toute la filière départementale est actuellement bloquée ».
La réglementation sanitaire
À chaque fois qu'un cas de grippe aviaire est avéré, trois zones sont définies autour du foyer épidémiologique : une zone de protection allant de 0 à 3 km, une zone de surveillance allant jusqu’à 10 km, puis une zone dite supplémentaire s'étendant jusqu’à 20 km autour du foyer. Pour chaque zone, les restrictions sont différentes. « Dans toutes les zones, les animaux doivent être confinés, explique Agathe Kohl. Des autocontrôles doivent être effectués chaque lundi, dans tous les élevages de plus de 250 volailles ». La mise en place est également interdite dans les zones de protection et de surveillance et reste soumise à dérogation pour la zone supplémentaire. « Aujourd’hui, plus de 100 élevages loirétains sont bloqués et vont entrer en vide sanitaire, souligne la conseillère. Cela risque de se prolonger tant que nous avons des cas de grippe aviaire. Aucune production ne pourra se faire dans ce secteur du Loiret ». Les enlèvements de volailles sont eux aussi soumis à des dérogations de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Des visites sanitaires et des prélèvements sont obligatoires et les résultats doivent revenir négatifs. Enfin, toutes les volailles sorties de ces zones sont soumises à une atténuation sur le marché communautaire. En ce qui concerne la chasse, les lâchers de gibier à plumes et de gibier d’eau sont interdits dans ces zones.
Dématérialisation des dérogations
Pour répondre rapidement et efficacement à cette situation sanitaire tendue, la DDPP a mis en place un système de dématérialisation de toutes les procédures liées aux demandes de dérogation. « Ces dernières se font en ligne afin de faciliter les démarches », détaille Agathe Kohl.
Dans cette crise, la CA 45 veut jouer un rôle important dans la communication et la coordination entre les différents acteurs. « Il y a une forte mobilisation politique de Jean-Marie Fortin, de Clémence Bellanger, élue de la CA 45 et avicultrice, et de l'Association des aviculteurs du Loiret, confirme la conseillère. Nous sommes également dans l'accueil et l'écoute des agriculteurs au travers du dispositif Réagir et avons mobilisé les Cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP) et la MSA ». Lancée en juin dernier, l’expérimentation d’un vaccin est toujours en cours.
+ d'infos :
En chiffres
L’année dernière à la même époque, aucun cas de grippe aviaire n'était encore apparu en France. À la date du 21 novembre, déjà 70 foyers sont observés en élevage depuis le 1er août dernier. La saisonnalité n’apparaît plus. 37 départements français sont désormais touchés.
Conférence
Guerre en Ukraine : conséquences et perspectives pour l’agriculture
Durant la session de la chambre d'Agriculture du Loiret, Thierry Pouch, économiste et chef du service études et prospectives de Chambres d'Agriculture France (ex-APCA), a tenu une conférence sur les impacts de la guerre ukrainienne sur l'agriculture.
Selon le spécialiste, la pandémie et la guerre à l'est de l'Europe représentent deux chocs mondiaux « d’une ampleur inédite avec un effet en cascade, créant des obstacles pour se projeter dans l’avenir. Ces deux événements bousculent les perspectives agricoles ». L'Union européenne et la France sont devenues trop dépendantes de certaines sources d’approvisionnement, que ce soit en protéines végétales ou en énergie. « Cette situation est environnée par des paramètres économiques, sociaux, démographiques et environnementaux qui conduisent à une multiplication des risques de pénuries, de révoltes sociales, de convoitises et de conflits », poursuit l'expert.
Un nouvel ordre mondial ?
À la fin de son exposé, Thierry Pouch ne peut conclure que par une « non-conclusion » : « La situation demeure trop incertaine. Un processus de destruction créatrice se met en place mais cette gestation a du mal à apparaître. Son terme va nécessiter beaucoup de temps. La mondialisation telle que nous l’avons connue et mise en place dans les années 80 va changer de visage ».