Francis Coudène : « 90 % des entreprises régionales ont été sauvées »
Horticulteur à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise), Francis Coudène est président de l'Union horticole francilienne (syndicat des horticulteurs en Île-de-France). Interview.

Horizons : Comment se porte aujourd\'hui la filière horti-pépi ?
Francis Coudène : Nous sommes près de 100 producteurs horticoles et pépiniéristes en Île-de-France. Le confinement est tombé au pire moment puisque nous réalisons en temps normal 50 % de notre chiffres d\'affaires annuels en deux mois, en mai et juin.
C\'est pourquoi nous nous sommes mobilisés très fortement sur le plan national dès le début du confinement : il était impératif de faire connaître les difficultés que celui-ci allait engendrer, particulièrement pour la production, car ce qui n\'est pas vendu est jeté et qu\'il faut attendre la saison d\'après pour recultiver puis vendre.
Fort heureusement l\'État comme la Région ont rapidement pris la mesure de cette catastrophe annoncée et mis en place des aides conjoncturelles pour sauver la filière. En Île-de-France, ce qui est remarquable, c\'est qu\'en quarante ans de carrière, j\'ai toujours vu la Région nous venir en aide.
Avec l’appui de la chambre d’Agriculture, la Région et la profession ont élaboré un plan d\'urgence régional avec la mise en place d\'un fonds d\'urgence, d\'un soutien par la commande publique, etc. Ce plan d\'urgence a sauvé aujourd’hui près de 90 % de la filière régionale.
Toutefois, les mois à venir nous inquiètent puisque personne ne sait combien de temps cette pandémie va durer…
Où en est la Charte régionale pour la promotion de la filière horticole ornementale et des aménagements paysagers, signée en septembre 2018 ?
Il y a deux ans, cette Charte, d\'abord nationale, a été déclinée en région. Elle est le fruit d’un travail collaboratif des acteurs de la filière horticole régionale d’Île-de-France sous l\'égide de la Chambre. Aujourd\'hui, elle continue à se diffuser. Nous avons 49 signataires en Île-de-France.
Son objectif est de mettre en valeur un savoir-faire et des produits régionaux, mais aussi de faire participer ensemble, producteurs, professionnels du paysages et collectivités, au développement de cités plus durables. Cette charte de bonnes pratiques engage principalement les signataires à ce qu\'ils achètent localement.
L\'achat local contribue à l\'emploi des producteurs de la région et donc au maintien de l\'économie de notre territoire. Mais plus largement, il est bon pour l\'environnement puisque cette charte comporte un protocole de production plus vertueux avec des pratiques agroécologiques : la réduction de produits phyto, l\'introduction d\'auxiliaires de culture, l\'utilisation d\'outils d\'aide à la décision, etc.
À quelques jours de la Toussaint, votre filière craint-elle les mesures sanitaires actuelles ?
Le couvre-feu non, un nouveau confinement oui. Mais dans ce contexte inédit, nous invitons surtout les Franciliens à penser à leurs anciens en venant fleurir les cimetières, puis à mettre un peu de couleurs dans leur vie en fleurissant leur intérieur.
Propos recueillis par Laurence Augereau