Filière céréalière : produire plus, produire mieux
La journée grandes cultures organisée par la FDSEA et JA de Loir-et-Cher a eu lieu le 19 janvier à Thésée. Les acteurs de la filière céréalière s’y sont inquiétés des bas revenus des producteurs céréaliers.
« 2014 se finit mal et 2015 commence avec des inquiétudes », a souligné Jean-François Isambert, secrétaire général de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), lors de la journée grandes cultures organisée par la FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA), le 19 janvier à La Chapelle-Saint-Martin-en-Plaine. Le gouvernement a publié le revenu moyen d’un producteur de céréales : onze mille euros, soit les revenus les plus faibles jamais enregistrés pour la filière.
Dans ce contexte, et pensant aux zones intermédiaires, l’AGPB demande notamment une mesure compensatoire de cinquante euros sans contrainte particulière ou de revoir le calcul des indices de fréquence des traitements (IFT). « Soyons pragmatiques, formons nos agriculteurs, développons les outils d’aide à la décision et arrêtons de nous prendre pour des irresponsables », a déclaré Jean-François Isambert. La population mondiale n’a de cesse d’augmenter et la consommation avec. Les besoins en céréales s’accroissent donc, et la France a la chance d’avoir la plus faible variabilité de rendements dans le monde. Benoît Pages, d’Arvalis-Institut du végétal, a précisé que le Kazakhstan, par exemple, possédait une variabilité de 80 %.
« La France consomme en moyenne cent dix grammes de pain par habitant et par jour quand l’Égypte en consomme quatre cents grammes. Ce pays compte quatre-vingt millions d’habitants et en aura vingt millions de plus dans vingt ans. La France, qui exporte déjà la moitié de son blé, peut être présente pour répondre à cette demande. Nous avons en face de nous des marchés, des gens qui ont besoin de nous et c’est l’enjeu des prochaines années : produire plus, produire mieux », s’est exprimé Jean-François Isambert.
Patrice Auguste de l’AGPB est venu renforcer ces propos avec des chiffres : en 2050, les démographes s’accordent à dire qu’il y aura environ dix milliards de personnes sur Terre et malgré les aléas climatiques, la récolte de blé en France en 2014 « est au rendez-vous avec environ trente-sept millions de tonnes pour cette campagne et une tonne sur deux exportée dans un pays tiers ». La filière céréalière française crée dix-sept milliards d’euros de valeur ajoutée et quatre cent cinquante mille emplois. « Ce secteur mérite plus de considération de la part des pouvoirs publics », a insisté Patrice Auguste.
Selon Benoît Pages, les exploitations de production de céréales représentent deux tiers des productions françaises dont 40 % sont spécialisées. En conclusion de cette matinée - qui a réuni une centaine de participants dont une cinquantaine de jeunes étudiants des lycées de Vendôme et de Nermont à Chateaudun (Eure-et-Loir) -, Benoît Pages a dressé les forces et les faiblesses de la France concernant la filière. Ses forces sont sa faible variabilité de production, la qualité des produits, une bonne organisation de la collecte, une bonne technicité, une recherche forte et une capacité d’innovation, des marchés de proximité, une stabilité politique. Ses points faibles sont les charges variables plutôt élevées par rapport aux concurrents, une dépendance aux aides et à la stratégie politique européenne, une baisse des outils de régulation de marché et des réglementations environnementales toujours plus importantes.
« Si nous voulons construire demain, il faut faire des prospectives pour se préparer à l’avenir. Il nous faut des leviers pour être compétitif », a conclu Florent Leprêtre, président de la FDSEA. L’après-midi, une cinquantaine de participants s’est rendue à la visite de l’EARL du Dolin, à Averdon.