Faut-il passer par l'éco-agriculture?
Jeudi 20 novembre, à Crottes-en-Pithiverais, avait lieu une journée de présentation de la société Greenalys. Entreprise novatrice et jeune, elle tente une nouvelle approche, l'éco-agriculture. Le but ? Imaginer des matières actives naturelles (extraits végétaux, organiques et micro-organismes) capables d'offrir des solutions complémentaires aux molécules issues de la chimie-synthèse en proposant une gamme de produits naturels à base de biostimulants, bioactivateurs et biocatalyseurs.
Alimenter la biomasse microbienne
Christophe Bauer, directeur de la société explique : « Nos produits sont des carburants pour notre sol. Nous sommes sur une matière organique très fermentescible. On alimente la biomasse microbienne dans le sol et grâce à ça on a obtient un fort développement. On peut la multiplier par 4 ou 5 en l'espace de 6 à 8 mois notamment grâce aux couverts végétaux additionnés à un de nos produits qui est un apport de bactéries et de champignons ainsi on alimente le volant d'auto fertilité. La plante, quand elle se développe, elle produit et évacue des exsudas (déchets racinaires) qui sont des toxines pour elle mais qui sont très intéressantes pour les bactéries du sol ».
Pour que ça fonctionne, l'agriculteur doit planter des couverts végétaux. Avec la Directive Nitrates, il est maintenant obligatoire de passer par les CIPAN. « L'agriculteur pense aux dépenses. Il doit compter 30, 40 ou 50e l'hectare pour planter des couverts donc d'un point de vue économique, il n'est pas content d'en faire. Personne ne prend en compte l'aspect agronomique parce que l'aspect contrainte est plus important. Avec nos produits, on accélère le développement de la biomasse microbienne. Donc ce qu'un agriculteur va faire en 10 ans avec des couverts, nous on peut le faire en 3 voire 4 ans. Les résultats sont plus rapides. Evidemment cela s'applique avec des couverts. »
Ce n'est pas un produit miracle
Si l'agriculteur veut se lancer dans l'éco-agriculture, il ne faut pas seulement qu'ils appliquent de nouveaux produits car cela ne fait pas tout ! L'agriculteur doit aussi changer sa façon de faire. Le couvert végétal devient alors essentiel dans l'approche globale. Aujourd'hui, les agriculteurs utilisent des tracteurs et du matériel de plus en plus lourds. « Détruire les couverts de façon chimiques n'aident pas non plus. Il vaut mieux les détruire de façon mécanique. Optimiser la destruction pour décomposer les couverts sur les 4 ou 5 cm du sol » poursuit Christophe Bauer.
Sur un sol de base calcaire, sur cette exploitation, on compte
- 75% des phytos
- 40% sur les désherbants
- 25/30% sur les cultures azotées
« Globalement l'étude économique montre que l'on a économisé 54e en charges opérationnelles par hectares et en marge brute toute culture confondue, en comparaison avec les 25% meilleures du département du Loiret, on a gagné 230e de marge supplémentaire » confirme Christophe Bauer.
Analyser le profil du sol
Pour mieux comprendre, Greenalys a fait appel à un expert agronome indépendant pour analyser deux profils de sol. Les pratiques culturales sont sensiblement les mêmes, la nature du sol est identique. L'un utilise les produits Greenalys, l'autre pas. Christophe Frebourg, l'expert missionné pour la comparaison descend à 2 mètres et analyse durant 6 heures la compaction, aération, vie ...
« Sur le profil 1, même si la pratique culturale semble correcte, il n'y a pas beaucoup de vie. On voit que plus ça devient blanc, plus il est difficile de planter le couteau ainsi on ressent la friabilité. Il n'y a pas de porosité, je note un indice de compaction sur une échelle de 1 à 10, à 9 ! La racine est fainéante elle ne descend pas la où c'est dur pour qu'une racine descende, il faut envoyer les bactéries au plus bas pour attendrir le milieu » explique Christophe Frebourg.
Les vers de terre sont importants dans le sol. Les lombrics avalent l'équivalent de leur poids en terre. Au niveau de la compaction du sol, ils jouent un rôle essentiel. C'est le sol qui doit parler. La gestion d'un sol c'est d'abord une bonne gestion microbienne.
« Sur le profil 2, les pratiques sont moins bonnes selon moi. Mr Imbault laboure trop creux. Ici, vous partez d'un sol avec le premier horizon qui est plus foncé, le brassage est uniforme alors qu'il était marbré sur le précédent profil. C'est le résultat d'un travail biologique de haut niveau. Peut être que les pratiques d'avant (Mr Imbault a récupéré le champs en 2010) étaient très correctes » poursuit l'expert.
Après une comparaison visuelle, l'expert calcul la fréquentation. « Je compte le nombre de trous de galeries de vers de terre d'un diamètre supérieur à 1,5 mm et plus. Ce résultat je le multiplie par 10 et ça me donne un coefficient d'amélioration de l'aération du sol parce que les trous de 1,5 mm et plus sont fait par les vers qui font des galeries verticales et ça c'est 80/85% de l'aération du sol. Techniquement, 1% d'aération en plus c'est 20% de porosité en plus. La porosité c'est la capacité des sols à absorber l'eau quand il pleut. »
Thierry Imbault : juste de la chance ?
Thierry Imbault, agriculteur sur Crottes en Pithiverais dispose d'une SAU de 214 hectares. Il cultive du blé tendre, dur, betterave, mais et orge. Depuis 20 ans, il sème des couverts végétaux sur ses cultures de printemps. Il y a 5 ans, il est passé au programme Greenalys. « C'est une alternative au niveau des réglementations et de la réduction des doses. On est obligé de le faire, via la directive nitrates donc autant en tirer profit. Depuis 5 ans, j'ai de meilleurs rendements, j'ai un peu moins de charges. Ma philosophie ? Donner du temps au temps. Mon rendement en blé tendre et dur a augmenté en 2012, 2013 et 2014. Mais voilà, personne ne me croit. On m'a dit la première année, il y avait peu de maladie, tu as eu de la chance, la deuxième c'était encore de la chance, la troisième pareil et ainsi de suite... On ne peut pas avoir 5 ans de chance de suite non ? Ou alors je devrais peut-être jouer au loto ! »
Un agriculteur dans la salle plaisante. « Tu vas nous coacher alors ? » un autre plus sur la réserve demande « qu'est ce que tu y gagnes vraiment ? » Thierry Imbault poursuit sa présentation. « Par rapport au 25 % supérieur je fais +3,6 quintaux en blé dur et sur produit fini j'ai gagné 81E de plus. Avec mon programme Greenalys, je suis équilibré. Ma marge brute en blé tendre était à +82e en 2012 ». Des résultats qui laisse les agriculteurs présents perplexes. « Vous avez une dépense avec les produits Greenalys c'est sûr mais vous économisez de l'autre côté. Ce sont des produits qui viennent en substitution, pas des produits en plus » conclu Thierry Imbault.
Pour obtenir de bons résultats, les produits appliqués ne sont pas seuls responsables. Il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Cultiver la bonne interculture mais aussi utiliser les bonnes techniques, les bonnes pratiques.