Reportage
Eudes et Thibault Coutté, les frères d'armes
À Saint-Escobille (Essonne), les frères Coutté donnent de nouvelles perspectives à la ferme familiale. Production de farines, salle de réception, musée… Les deux frères multiplient les initiatives.
À Saint-Escobille (Essonne), les frères Coutté donnent de nouvelles perspectives à la ferme familiale. Production de farines, salle de réception, musée… Les deux frères multiplient les initiatives.
C'est l'histoire d'une ferme ordinaire promise à un avenir trépidant. À Saint-Escobille (Essonne), dans le hameau de Guillerville, les frères Coutté, Eudes et Thibault, travaillent d'arrache-pied depuis des mois pour faire de la ferme familiale un lieu de rencontres, de découvertes et d'apprentissages d'une rare richesse.
Depuis leur arrivée sur la ferme en 2016, les deux agriculteurs ont bousculé le modèle : introduction de nouvelles cultures, installation d'un moulin, d'une boutique à la ferme, création d'un musée… Les projets s'enchainent et donnent un nouveau souffle à l'exploitation.
« Notre famille est installée ici depuis trois générations, nous sommes la quatrième, raconte Eudes Coutté. Il y a ici 110 hectares cultivés en agriculture conventionnelle avec un assolement classique orge, colza, blé, pois. C'est un modèle qui était bon jusque dans les années 90 mais qui, aujourd'hui, ne permet plus de faire vivre une exploitation. Lorsque nos parents ont pris leur retraite il y a cinq ans, la question s'est posée pour mon frère et moi du devenir de l'exploitation. »
Rien n'était en effet tracé pour les deux agriculteurs, partis faire des études de commerce après leur formation dans le végétal et qui travaillent encore aujourd'hui en dehors de l'exploitation.
« Soit nous vendions, soit nous imaginions un projet qui permette de redonner du souffle à la ferme. Nous avons pris la seconde option car il y avait l'enjeu de préserver le patrimoine familial », sourit Eudes. Le duo a choisi d'initier une démarche d'agriculture durable.
Progressivement, les deux frères ont introduit de nouvelles cultures pour arriver à douze aujourd'hui. « Nous n'avons pas l'irrigation et nous souhaitons limiter autant que possible les intrants pour des raisons économiques et environnementales, soulignent les frères Coutté. Nous cultivons désormais le pois chiche, l'avoine, le tournesol, le sorgho, la lentille, le safran, la moutarde et du blé améliorant en plus de nos cultures historiques ».
Et depuis quelque temps, bon nombre de ces productions sont transformées à la ferme grâce à un laboratoire flambant neuf et au moulin de type Astrie à meule de pierre que les deux frères ont acquis. « Il tourne environ dix jours par mois et peut donner cent kilos de farine par jour mais nous n'en sommes pas là », temporise Eudes Coutté.
Ainsi, le sorgho, les pois chiches, les pois jaunes, l'avoine, l'orge et les blés sont transformés en farine et vendus directement à la ferme ou dans les épiceries du secteur sous la marque « Les frères d'armes ». Un nom soigneusement choisi en référence à un autre projet de la fratrie (lire encadré).
Le duo prévoit d'augmenter progressivement la part de ces nouvelles cultures dans l'assolement – de 0,5 hectare l'an passé à 4 hectares cette année pour le sorgho et le pois chiche par exemple – et envisage également l'achat d'une presse afin de transformer le colza et le tournesol.
Accolée au laboratoire, l'ancienne bergerie a été réhabilitée en vaste salle de réception. Disponible à la location pour des particuliers, elle a également pour vocation d'accueillir des groupes, qu'il s'agisse d'enfants des écoles, d'adultes ou d'entreprises. « Nous avons pour ligne de conduite de permettre au grand public de mieux comprendre nos pratiques agricoles.
Cette salle sera donc un lieu d'échanges et de rencontres privilégiés », espèrent les deux frères qui accueillent leur première entreprise pour une journée de « team building » dans les prochains jours. Au programme, découverte de la ferme et des cultures et dégustation des productions grâce au concours d'une pâtissière qui donnera un cours de cuisine.
Eudes et Thibault ne comptent pas s'arrêter là. Déjà, d'autres projets sont en route dont la création d'une aire de stationnement pour camping-cars et « une ferme pédagogique avec des animaux atypiques », promettent les deux frères, dont des faisans dorés et des paons blancs. Quant au moulin, le duo compte l'installer dans un camion pizza afin de le rendre transportable dans les écoles notamment.
La ferme, entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite, devrait être prochainement labellisée Tourisme et handicap et est devenue récemment ambassadrice du réseau Bienvenue à la ferme Île-de-France.