Diversification
Deux exploitants plantent du cassis en haute vallée du Loir
Jérôme Durand et Emmanuel Dufer se sont lancés dans la culture du cassis dans le secteur de Bonneval. Une diversification originale en Eure-et-Loir.
Jérôme Durand et Emmanuel Dufer se sont lancés dans la culture du cassis dans le secteur de Bonneval. Une diversification originale en Eure-et-Loir.
Avec environ 5 000 tonnes par an, la production française de cassis représente un peu plus du tiers (38 %) de la consommation hexagonale. Cette production est assurée par 138 producteurs, établis pour près de la moitié en Bourgogne Franche-Comté. Mais deux producteurs euréliens ont rejoint cette cohorte : Jérôme Durand et Emmanuel Dufer, l'un installé à Saint-Maur-sur-le-Loir l'autre à Bonneval.
Une opportunité
C'est Jérôme Durand qui a eu cette idée : « Installé en 2009, j'ai essayé de m'agrandir ces dernières années mais ça n'a pas marché. J'ai alors cherché une culture innovante mais pas comme le pois chiche… Il faut dire que le cassis est un fruit que j'adore. En 2019 je suis allé sur Internet et j'ai trouvé une coopérative à Angers*, que j'ai appelée au culot. Or, ils avaient des producteurs qui partaient à la retraite, il y avait donc une opportunité. Un technicien de la coop est venu voir le terrain, j'ai écrit une lettre de motivation et je suis passé en commission. Mais comme il leur fallait une trentaine d'hectares, j'ai proposé à Emmanuel de me rejoindre. Nous avions déjà du matériel en commun ».
L'exploitant mûrit le projet une paire d'années, cherche des informations : « mais ce n'était pas facile, au sein de la coop tout est bien cadré. Ils ont environ 80 producteurs pour 700 hectares. Ici, le sol n'est pas trop calcaire, c'est de l'argile à silex que je cherchais à valoriser », précise-t-il.
L'aventure commence donc en 2021 pour l'exploitant. Sur trois ans, il va planter quelques 5 800 arbres à la main, sur bâche. Son collègue plantera ses premiers arbres l'année suivante. Au départ, l'essentiel du travail consiste à travailler l'enherbement au pied des arbres et sur les bords. Après la première récolte, la deuxième année, il faut tailler les arbres en V. Un travail qui peut différer selon la variété. « Nous en avons plusieurs pour limiter le risque gel. L'essentiel est du black down mais nous avons aussi du noir de bourgogne, plus parfumé, il est utilisé par les liquoristes ».
« Il y a une mise de fond au départ, explique Emmanuel Dufer, après c'est contractualisé. Un prestataire vient faire la récolte avec une machine type vendangeuse et une personne pour faire le tri. Le cassis sera valorisé autour de 840 euros la tonne et on peut espérer entre 3 et 4 tonnes à l'hectare. En cours de culture il y a des interventions fongicides et insecticides et on met 70 unités d'azote ».
Parti pour douze ans
Les deux hommes ont aussi investit dans un peu de matériel adapté : un petit vigneron, un atomiseur, un broyeur, une tondeuse et un lamier. « Maintenant c'est parti pour douze ans mais ça peut aller plus loin, estime Emmanuel Dufer. En tout cas, le choix semble intéressant, ça nous sort de la routine et c'est un challenge. À voir sur le long terme… »
*Les Vergers d'Anjou