Des solutions pour les éleveurs en difficulté ?
L’assemblée de la section d’Alysé avait lieu, jeudi 17 décembre, à Lorris. Des solutions pour les éleveurs en difficulté ?
Jeudi dernier à Lorris, Alain Boulard, président et Marc Belvalette directeur d’Alysé ont conduit l’assemblée de section devant une vingtaine d’éleveurs du secteur Gien-Montargis-Cher. Alysé est le service élevage des chambres d’agriculture de l’Aube, du Loiret et de l’Yonne. «Notre objectif est de sauver la filière» rappelle le président. «La situation économique de nos élevages s’est fortement dégradée et spécialement celle des éleveurs de bovins. Les conditions de production remettent en cause l’avenir même de la production laitière de nos zones intermédiaires» poursuit-il.
Le contrôle laitier n’est pas obligatoire
Sur les 417 adhérents de la zone Alysé, 21 ne sont aujourd’hui plus soumis au contrôle laitier. Certains ont arrêté leur production, d’autres ont anticipé leur future dette et se sont retirés d’eux-mêmes. 3 ont été retirés du réseau, faute de paiement. «Ce ne sont que les premiers» précise un agriculteur. Sur les 103 éleveurs du Loiret adhérents, on note 7029 vaches présentes, 5837 sont contrôlées. La situation est délicate et le contrôle laitier, qui n’est pas obligatoire, est l’un des services dont se passent les agriculteurs les plus en difficultés pour faire des économies.
Pour un contrôle laitier plus performant, Alysé propose un changement de contrôleur afin d’avoir un avis extérieur sur l’exploitation. «Une fois dans l’année, un contrôleur d’une autre zone qui ne connaît pas le système de l’exploitation vient donner son avis. C’est un œil neuf et c’est important» précise le président. Cette initiative séduit mais dans certains secteurs, le turn-over est problématique. Certains agriculteurs ont eu trois voire quatre contrôleurs différents sur la même année. Difficile pour l’éleveur d’avoir un suivi correct sur son cheptel.
De plus, les agriculteurs se plaignent d’un contrôle laitier qui perd de son authenticité. Le contrôle laitier est un suivi individuel et mensuel de la lactation, en quantité et qualité. Une fois par mois, le contrôleur vient mesurer la quantité de lait, traite et prélève des échantillons, pour analyser le taux de matières grasses et le taux de protéines du lait.
Ce test de performance permet de comparer chacune des vaches de son troupeau. En plus du conseil, le contrôle laitier a une vraie orientation génétique qui est plutôt controversée aujourd’hui. «Pleins d’agriculteurs sortent du contrôle, beaucoup d’animaux ne sont pas contrôlés, cela n’alimente pas la base de données sur la sélection et le contrôle de performance. Nous on fait l’effort humain et financier d’enregistrer les performances, comment cela peut être valorisé pour l’éleveur ? En fait, on rempli juste les bases de données des centres d’insémination» avoue un agriculteur.
Un taux cellulaires bas
On remarque en cette fin d’année, une très forte diminution des taux cellules dans la majorité des exploitations. «Cela devient problématique car il y a une vraie différence entre nos tests et ceux réalisés en laiterie» précise Marc Belvalette. «Les éleveurs ont beaucoup trié pour être bons et du coup les résultats se creusent» poursuit-il. «Au moins le contrôle sert à quelque chose» plaisante un agriculteur. Même s’il semblerait que le tri et la réforme soient la cause de ce taux cellulaire bas, pour l’heure, personne n’est capable d’expliquer concrètement cette baisse.
Identification électronique, pourquoi ?
Depuis le début de l’année, près de 3200 élevages bovins utilisent des boucles électroniques. L’identification électronique est un moyen officiel d’identification, laissé au libre choix de l’éleveur. Ce n’est pas obligatoire ! La lecture électronique repose sur la communication entre la boucle d’identification et un appareil de lecture. La boucle électronique est posée à l’oreille gauche. Une puce électronique y est intégrée avec pour seules informations le code pays et le numéro national de l’animal. L’identification électronique coûte 1 à 1,5 € de plus par veau par rapport à une identification conventionnelle. Notons d’ailleurs, qu’une boucle conventionnelle est posée sur l’oreille droite de l’animal.
A quoi ça sert ?
• Simplifier l’utilisation des automates DAL, DAC, compteurs à lait, robot de traite...
• Faciliter le relevé des numéros et le suivi de troupeau
• Trier automatiquement les animaux (en ovins et caprins notamment)
• Automatiser la pesée (bovins viande)
• Repérer et surveiller facilement les vaches en salle de traite
Notons que plusieurs appareils de lecture (bâton de lecture, boîtier ou antenne relais) sont disponibles à des coûts pouvant aller de 600 à 2000€.
Valoriser la goutte de lait en surveillant ses vaches
Marthaimée Laurier, ingénieur méthode lait à Alysé propose des solutions aux éleveurs pour économiser du temps et de l’argent afin d’être plus compétitifs.
Détecter les chaleurs
Certains procédés permettent de détecter les chaleurs et ainsi de savoir quand la vache est vide ou non. Il est possible de chercher la progestérone dans le lait : c’est le test Heproxys. Si la vache est vide, il n’y a pas de progestérone. S’il y en a, il y a une possibilité pour que la vache soit pleine. Ce test permet notamment d’éviter la réinsémination d’une vache déjà pleine. Le test doit être effectué entre le 19e et le 21e jour après l’insémination.
Détecter la gestation
Le test Idexx permet de tester les protéines spécifiques de la gestation. Les performances de reproduction ont un impact direct sur l’activité et la rentabilité des exploitations. Identifier de façon précise les vaches non gestantes après insémination et après vêlage permet de réduire les intervalles inter-vêlages. Le test Idexx détecte les glycoprotéines associées à la gestation. Les tests sont précis et complémentaires à la palpation et aux examens échographiques.
Réduire l’utilisation d’antibiotiques au tarissement
Bioteck lait tarissement permet de sécuriser un tarissement sélectif des quartiers de la mamelle, tout en réduisant l’utilisation d’antibiotiques au tarissement. «Cela permet d’isoler le quartier infecté. Cette méthode détecte un marqueur spécifique de la mammite bovine clinique et subclinique : la protéine MAA (MilkAmyloid A). C’est une analyse quartier par quartier. On parle bien de quartier ! Si la totalité de la mamelle donne un résultat sain, il peut y avoir 1 ou 2 quartiers infectés» précise Marthaimée Laurier. Avec cette technique, l’utilisation d’antibiotiques au tarissement peut être réduite de 30%. «Dans un quartier non infecté, l’antibio intra-mammaires n’est pas nécessaire» poursuit-elle. Bioteck lait pense à l’après 2017 avec le plan Ecoantibio lancé par le ministère de l’agriculture.