Des armes contre les mauvaises herbes
Le colloque désherbage proposé par la chambre d’Agriculture, Arvalis et l’Inra a été particulièrement riche en enseignements.
L’organisation du colloque désherbage était encore incertaine il y a quelques jours. Il s’est finalement bel et bien tenu et a été une véritable réussite. Ce mardi 27 janvier, cent-dix personnes étaient présentes à l’Institut national de recherche agronomique (Inra) de Versailles (Yvelines) pour cette journée organisée par la chambre d’Agriculture de l’Ile-de-France et Arvalis-Institut du végétal. Objectif affiché : réfléchir, analyser et échanger sur la maîtrise des adventices dans les systèmes céréaliers, une problématique devenue la bête noire des agriculteurs franciliens qui se sentent démunis face aux vulpins, ray-grass et autres mauvaises herbes.
Après une introduction assurée par le vice-président de la chambre, Denis Rabier, la matinée a été consacrée à l’état des lieux de la plaine, à l’évolution des systèmes et des coûts de désherbage avant que soit présenté le désherbage agronomique (couverts en interculture, leviers agronomiques et désherbage mécanique sur céréales à paille). Huit années d’essais menés par la chambre d’Agriculture et par Arvalis ont ensuite été présentés.
Après avoir largement posé les bases de la problématique et évoqué quelques pistes de travail, l’intervention en début d’après-midi de Christophe Delye, chargé de recherches à l’Inra de Dijon, est venue apporter un éclairage technique très attendu par les agriculteurs. Le chercheur a évoqué les différentes formes de résistance, liées à la cible ou non, et la façon de les diagnostiquer avant d’apporter de précieux conseils. « L’idée est de traiter le plus tôt possible et le plus fort possible », a martelé Christophe Delye : « Il faut aussi veiller à la diversité dans les rotations, à varier les modes d’actions, les matières actives et faire attention aux faux mélanges qui ne font qu’augmenter le risque. » Le chercheur a également préconisé « une gestion concertée du désherbage avec ses voisins car la résistance se propage aussi par les airs ». Et d’ajouter : « À la floraison du vulpin par exemple, le pollen voyage dans l’air et peut atteindre des parcelles jusqu’à plusieurs centaines de mètres à la ronde. »
En fin de journée, les agriculteurs ont écouté trois témoignages de collègues franciliens qui ont un jour connu d’importants problèmes de désherbage et qui, aujourd’hui, ont mis en place des solutions qui font leurs preuves. C’est Jean-Louis Savouré, agriculteur à Saint-Sulpice de Favières (Essonne) qui a d’abord raconté son histoire : « Des problèmes de ray-grass à n’en plus finir. Mais grâce à des associations chimiques et à beaucoup de rigueur dans le travail, je m’en sors », a t-il affirmé : « J’intègre dans mes rotations des cultures couvrantes et je suis rigoureux sur le déchaumage et les faux semis. »
Installé non loin de là, à Corbreuse (Essonne), Ludovic Joiris avait lui aussi des problèmes de ray-grass. « Je ne travaille plus le sol depuis 2003, je pratique le semis sous couverts végétaux et j’ai introduit dans mes rotations des cultures de printemps, dont le lin. » Enfin, Alain Vaillant, installé à Vallangoujard dans le Val-d’Oise, a complété ces témoignages positifs en évoquant ses pratiques : modification des rotations, faux semis et brûlage des chaumes, notamment. Tous ont adressé un message d’encouragement et de persévérance à leurs collègues.