Denis Rabier : « Il faut aller plus vite que ceux qui nous critiquent »
Agriculteur à Pussay (Essonne), Denis Rabier est vice-président de la chambre d’Agriculture et administrateur de la FDSEA Ile-de-France. Il livre sa position sur le sujet des néonicotinoïdes.
Horizons : Vous affichez une position très claire sur la question des néonicotinoïdes. Expliquez-nous.
Denis Rabier : Si la position des députés d’interdire purement et simplement l’usage des néonicotinoïdes était très brutale, celle des sénateurs qui consiste à les conserver mais à en réduire l’usage progressivement remporte toute mon adhésion. Et c’est même la démarche dans laquelle devraient s’engager naturellement tous les agriculteurs. On le sait désormais, les Français aiment les agriculteurs. Mais ils les critiquent constamment sur l’usage des produits phytosanitaires. Il faut aller vers une réduction des pesticides, il faut bien comprendre cela ! C’est uniquement de cette manière que nous sortirons de cette crise la tête haute. J’encourage les agriculteurs à participer à des groupes de travail tels qu’Écophyto. C’est une source d’échanges d’expériences très riches, qui aide à se lancer avec de bons conseils et un encadrement de qualité. Si nous unissons nos efforts, la transition sera plus facile. Les instituts de recherche et les sélectionneurs ont déjà lancé des recherches sur ce sujet. Notre environnement, notre société, vont évoluer vers cette tendance. La prochaine génération ne sera plus tout-chimique. Il faut aller plus vite que ceux qui nous critiquent, c’est comme cela que nous les ferons taire.
S’agissant de la biodiversité, là aussi, vous avez un message fort à faire passer.
J’ai fait un remembrement sur mon exploitation il y a plusieurs années et créé des grandes parcelles. Je fais partie de ceux qui ont supprimé les bois, bosquets... et aujourd’hui, je pense que c’était une erreur. Cela a fait disparaître presque entièrement la faune et la flore. Depuis quelque temps, je réimplante des haies et je trouve que la méthode est intéressante. D’où l’idée de créer une MAE (mesure agroenvironnementale, ndlr) biodiversité en Ile-de-France pour financer l’implantation de haies et l’entretien. Dans un autre domaine, quand je rencontre des apiculteurs, je me rends compte qu’ils n’ont rien contre nous, ils aimeraient bien qu’on mettent un peu de fleurs pour permettre aux abeilles de faire des stocks pour l’hiver. À travers les SIE, nous pourrions très bien consacrer trois à quatre hectares par exploitation pour de la jachère méllifère. Cela serait bénéfique pour l’apiculture, participerait à la beauté des paysages et améliorerait l’image de notre agriculture. Il faut penser l’environnement et la biodiversité dans la globalité.