Lait
De salariée à jeune installée hors cadre familial
Avoir été salariée d’élevage pendant plusieurs années est un bon moyen d’acquérir de l’expérience avant de s’installer hors cadre familial. Justine Champion témoigne de son parcours qui s’est concrétisé par une installation il y a tout juste un an.
Avoir été salariée d’élevage pendant plusieurs années est un bon moyen d’acquérir de l’expérience avant de s’installer hors cadre familial. Justine Champion témoigne de son parcours qui s’est concrétisé par une installation il y a tout juste un an.
Quand on arrive dans la cour de cette ferme juchée entre deux collines du Perche d’Eure-et-Loir, difficile d’imaginer qu’une seule et même ferme a permis deux installations lors du départ en retraite du cédant. Et pourtant, la Ferme du Boulay, à Béthonvilliers, où étaient autrefois élevées des vaches allaitantes, accueille aujourd’hui un élevage ovin mais aussi un élevage caprin
Ce dernier a été entièrement créé par Justine Champion, jeune éleveuse non issue du milieu agricole mais dont la passion pour l’agriculture ne date pas d’hier. « J’ai toujours eu l’idée de m’installer, confie-t-elle. Même si je ne suis pas fille d’agriculteurs, je crois que j’avais ça dans le sang. Je me suis donc naturellement orientée vers un bac Stav* puis un BTSA Acse**. J’ai ensuite travaillé en tant que salariée dans différentes exploitations agricoles, ce qui m’a permis de découvrir différents types d’élevage, de pratiques ».
40 chèvres minimum pour s’installer
En passant neuf années aux côtés de son cédant comme salariée à temps partiel, Justine s’est familiarisée à l’élevage de vaches allaitantes mais a fait le choix d’élever des chèvres laitières, avec un atelier de transformation et de vente directe, en tant qu’agricultrice. « Ça me semblait plus accessible d’un point de vue physique », estime la jeune femme.
Au niveau technico-économique, il lui a été conseillé d’élever au minimum 40 chèvres. C’est donc sur ce seuil que s’est basée Justine Champion pour fixer la taille de son cheptel, qu’elle a constitué en achetant 40 chevrettes de race alpine dans le Maine-et-Loire en 2022. Pour les accueillir, il lui a fallu aménager le bâtiment en bardage bois transmis par son cédant, avec une aire paillée et une salle de traite, un espace pour le stockage de la paille, et un laboratoire pour la transformation du lait et la vente des fromages et des yaourts. « Nous avons tout aménagé nous-mêmes », expliquent Justine et son conjoint Cédric. Ce dernier s’est d’ailleurs lui aussi installé la même année, sur une ferme céréalière située à proximité immédiate de l’élevage de la jeune exploitante. Une entraide de couple s’est donc rapidement mise en place. Si la jeune femme n’hésite pas à venir prêter main-forte pour labourer les terres, Cédric est de son côté présent pour effectuer la monotraite pendant que Justine vend ses produits sur les marchés du coin. La jeune installée propose une large gamme de fromages, avec des bûches, des crottins, mais aussi le fameux Trèfle du Perche, ainsi que des faisselles et des yaourts nature et aromatisés.
Concilier vie professionnelle et vie privée
L’entraide ne s’arrête pas aux deux conjoints. Elle traverse également la cour de la ferme, avec une solidarité qui s’opère entre voisins. « Parfois, avec l’autre jeune agriculteur qui habite la maison d’habitation, il nous arrive de mutualiser certaines démarches, comme les échographies », apprécie Justine Champion. N’habitant pas sur place, la jeune femme, qui est aussi maman de deux garçons de 2 et 5 ans, doit faire preuve d’adaptation pour concilier vie professionnelle et vie privée. Elle envisage ainsi de mettre en place un système de vidéosurveillance pour les mises bas des chèvres. Enfin, elle n’a pas hésité à aménager un espace cosy au sein même de son laboratoire pour que ses enfants puissent se reposer quand elle est présente sur son lieu de travail — même si les deux petits garçons s'en donnent à cœur joie en jouant les apprentis éleveurs aux côtés de leur mère.
Si la jeune femme avec ses Pampilles du Perche estime consacrer près de 90 % de son temps de travail à la transformation et à la vente, elle aimerait développer davantage la vente auprès de la restauration collective. Elle approvisionne déjà le collège de Brou (Eure-et-Loir).
*Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant. **Brevet de technicien supérieur agricole Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole.
Cet article fait partie d'un dossier Élevage laitier