Claude Imhof : de l’imagination à revendre
Installé aux portes du Perche en Eure-et-Loir, Claude Imhof invente, pour les enfants, des jeux aux vertus pédagogiques et creuse un sillon artistique destiné à sensibiliser le public à la surconsommation.
Si vous y tenez, ne lui confiez pas l’arrosoir en plastique vert qui traîne au fond de votre jardin, il serait capable d’en faire une œuvre d’art et de le rendre ainsi parfaitement inutilisable...
De fait, Claude Imhof en a déjà transformé une bonne série dans le cadre de son travail artistique, avec pour ambition d’interpeller le public sur le problème de la surconsommation de cette matière.
Mais installé dans le Perche eurélien au début des années soixante-dix (« j’ai été soulevé par la vague de 68 et elle m’a déposé ici »), il a d’autres cordes à son arc.
Il a ainsi consacré une bonne partie de sa vie à créer des jeux. Mais pas n’importe lesquels. Des jeux destinés à éveiller la curiosité des enfants, à aiguiser leurs sens, à développer leurs capacités, des jeux pour apprendre tout en s’amusant...
À l’image du Wobbler, imaginé au milieu des années 80, qui stimule la recherche de l’équilibre et qui a rencontré un large succès : « Avec le Wobbler, j’ai commencé à avoir de l’écoute, des portes se sont ouvertes », souligne-t-il. Mais plus dans le reste de l’Europe, en Allemagne notamment, qu’en France.
Claude Imhof a mené ce travail parallèlement à celui de professeur à l’Ecole des arts décoratifs (Ensad) où « les profs sont tenus de démontrer une activité professionnelle », explique-t-il. Et ses projets prennent corps quand il devient père et rencontre des enseignants : « J’ai toujours été intéressé par la notion de comprendre. Donner un faisceau d’indices qui conduit à un déclic. Je pouvais avoir de l’imagination, mais parler de moi n’avait pas d’intérêt, alors j’ai cherché un terrain d’évolution sans entrer dans le système de consommation ».
Ses créations s’inspirent du travail de pédagogues comme Pauline Kergomard pour qui « quand l’enfant joue, il travaille », ou celui de Maria Montessori.
« Pour m’adresser aux étudiants, j’ai dû inventer des choses. En particulier pour leur apprendre la géométrie. Alors j’ai fait la même chose pour les enfants... »
Jusqu’au 2 février, le Compa à Chartres (Eure-et-Loir) propose une superbe exposition sur le processus créatif de Claude Imhof, qui, là, fait œuvre d’utilité publique.
Hervé Colin