« Ceux qui sont au-dessus de la moyenne seront contents, d’autres beaucoup moins »
Nous avons rencontré le président de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir et de la FRSEA, Éric Thirouin, le 3 août. L’occasion de faire le point sur l’actualité agricole, la moisson et le transfert entre les deux piliers de la Pac.
« Il aurait fallu une récolte exceptionnelle, elle ne sera que moyenne » déclare le président de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir et de la FRSEA du Centre, Éric Thirouin, que nous avons rencontré à Chartres le 3 août.
En attendant le résultat du travail d’analyse des agronomes de la chambre, il souligne « une hétérogénéité hallucinante. Cela va du simple au triple. Ceux qui sont au-dessus de la moyenne vont être contents, mais d’autres, beaucoup moins ».
Si la récolte est moyenne « essentiellement en blés, c’est meilleur en colza », estime-t-il, « le vrai problème c’est la parité euro/dollar qui nous est défavorable. Sur le plan économique, la France et l’Europe ont le vent en poupe et pour les États-Unis c’est l’inverse, ce qui ne favorise pas nos exportations. Depuis quinze jours, les prix, qui n’étaient déjà pas mirobolants, sont en baisse... »
Mais ce qui fâche le plus le président de la FRSEA ces jours-ci, c’est le débat sur le transfert entre les deux piliers de la Pac : « Personne n’a compris, ce n’est pas une histoire entre céréaliers et éleveurs », relève-t-il, « le précédent gouvernement avait pris des engagements sur les ICHN (Indemnité compensatoire de handicap naturel, ndlr) — accès aux laitiers, retraités — mais toutes ces promesses n’étaient pas budgétées. Inquiet, Xavier Beulin avait fait un courrier il y a trois ans et François Hollande lui avait répondu de ne pas s’inquiéter, que tout était calé... Et aujourd’hui, le nouveau gouvernement dit qu’il y a un problème, du coup, pas de budget ».
Pour Éric Thirouin : « Tous les agriculteurs en auront moins, mais personne n’aura d’argent en plus. Il s’agit d’honorer les promesses du gouvernement précédent... Et ce n’est pas un problème entre céréaliers et bio non plus. »
Il poursuit : « Il y a un engouement pour le bio, des agriculteurs et des consommateurs, qu’il faut accompagner. Il est indispensable de maintenir les aides, de continuer à soutenir la conversion. Néanmoins, ceux qui se convertissent aujourd’hui doivent s’attendre à ne plus être aidés pour le maintien... Ce n’est pas aux agriculteurs de financer les aspirations des consommateurs, c’est à eux de le faire ! ».