Blaise Prud’hon, un peintre au poil
Issu d’une famille d’artistes et passionné par la nature et plus particulièrement les animaux, Blaise Prud’hon a fait de cette identité son métier.
« La peinture, c’est ma façon à moi d’exister au monde. » Avec ces mots, Blaise Prud’hon résume une grande partie de sa vie.
Né dans une famille d’artistes — sa mère était diplômée des Arts déco, son père des Beaux arts de Lyon et son grand-père dessinateur de presse — Blaise Prud’hon a toujours aimé « avoir quelque chose dans les mains pour s’exprimer ».
Pourtant, cela ne s’est pas toujours résumé à une toile ou un pinceau. « Gamin, prendre un crayon avait quelque chose de douloureux. J’avais l’impression que deux générations me tombaient dessus. Alors j’ai fait de la batterie dans un groupe de rock pendant des années ! »
Mais très vite, l’amour « du dessin, de la peinture, du papier... » le rattrape et l’artiste remplit des carnets entiers de dessins d’animaux. « J’ai des souvenirs fantastiques de vacances en pleine nature avec mon père. Il était chasseur, je le suis aussi mais plutôt de ceux qui sont contemplatifs... Cela m’inspire. »
Entre son atelier d’Anthony (Hauts-de-Seine) et sa galerie de Dampierre (Yvelines), Blaise Prud’hon aime boucler son sac et aller se perdre en montagne à la rencontre des animaux avant de revenir leur donner vie sur papier. « Le fait d’être privé de nature dans mon quotidien est une source de fantasme. Je ne sais pas si je sauterais autant sur mes crayons si j’étais en pleine nature au quotidien. »
Passionné de gravure, Blaise Prud’hon est un touche-à-tout qui s’essaye à la fois à l’acrylique, à l’huile, au dessin en noir et blanc ou au contraire aux couleurs flamboyantes.
Dans sa galerie, des oiseaux — beaucoup — des éléphants, des bouquetins ou du petit gibier. « En ce moment, vu la morosité ambiante, j’ai envie de gaieté et de légèreté et les oiseaux sont inspirants pour cela. Je vais en faire toute une série en couleurs. »
Blaise Prud’hon est peut-être aussi, aujourd’hui, à un tournant de son art. Après avoir créé récemment une série d’anthropomorphismes, il envisage de donner vie à des œuvres plus engagées. « Face à la banalisation des esprits, j’aimerais quelque chose d’un peu provocateur pour interpeller le regard et réveiller les consciences mais le temps me manque cruellement. »
Le temps. C’est l’ennemi numéro un de ce solitaire éternel : « J’ai un vrai contentieux avec ce monde qui va de plus en plus vite. Mon seul temps à moi, c’est celui du soleil qui se lève et se couche. »