Albert Blanchard n’en finit pas de tourner
Le Chartrain Albert Blanchard a tourné dans plus de quatre-vingts films, plus pour le plaisir de traîner sur les plateaux de cinéma et pour les rencontres que pour être reconnu.
Albert Blanchard est un sacré bonhomme. Peut-être avez-vous déjà vu quelque part ce barbu attachant ? À Chartres, où il est de tous les événements culturels ou peut-être au détour de l’un des quatre-vingts films où il figure au générique.
Comme à celui de Madame Bovary, de Sophie Barthes, tourné dans le Perche et qui sort dans les salles ces jours-ci...
« Me verra-t-on à l’écran ? Ce n’est plus mon souci maintenant », pointe-t-il. C’est vrai que ça l’a été au début : « C’est ce que je cherchais. Je me souviendrai toujours de mon rôle muet — le premier néanmoins — dans le court-métrage “La musique” d’Érich Zann, tourné à Romorantin... »
Il avait soixante-et-un an et venait alors de mettre fin à sa carrière de coiffeur...
Mais son amour du cinéma remonte à ses douze ans : « Après avoir vu un nanar, “Californie en flammes”, j’ai dit à ma mère que je ferai du cinéma... », se souvient-il.
Mais avant cela, la vie l’a pris par le bras en lui confiant peignes et ciseaux...
Les années passent, il se retrouve prof au CFA quand le tournage d’une série se déroule dans le réfectoire de l’établissement : « J’ai fait le figurant et c’est parti comme ça. Après, j’ai fait la chasse aux castings, mais même figurant, ce n’est pas facile », confesse-t-il.
Et c’est sans doute sa figure de barbu intemporel, sa douce personnalité, qui l’on fait très vite courir de tournage en tournage — et son obstination : « J’ai cogné aux portes et les choses se sont enchainées, jusqu’à ce qu’on me demande... ce qui est plus agréable ! »
Le plus « agréable », ce sont surtout les rencontres : « J’ai tourné avec Alexandra Steewart, à Blois », souvenir qui fait briller ses yeux...
Il enchaîne : « dans deux films d’Albert Dupontel — le premier et le dernier —, dans “Germinal”, où j’ai assisté à la coupe de cheveux — radicale — de Gérard Depardieu, dans “L’affaire Seznec”, à Dreux... J’ai même joué le rôle de Ben Laden pour un tournage de “Made in Groland” ! C’était complètement fou. Il faut être gonflé pour faire ça ! »
Il doit l’être un peu, mais aujourd’hui, ça lui fait une tonne de souvenirs*...
*publiés dans « Silence, on tourne - Souvenirs d’un figurant », aux Éditions du Colombier.