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AG FDSEA Île-de-France : du rythme, de la qualité et des débats de grande envergure

La FDSEA Île-de-France a tenu son assemblée générale mardi 23 mai à Louveciennes (Yvelines). Retour sur une journée de débats passionnants.

Arnaud Rousseau, Loïk Le Floch-Prigent, Emmanuel Lechypre ou encore Bruno Baranne. L'affiche était belle et la salle a trouvé son public.

Pour cette édition 2023 de son assemblée générale, la FDSEA Île-de-France était de retour au campus BNP Paribas de Louveciennes (Yvelines) où près de 250 personnes avaient fait le déplacement. Outre les aspects statutaires incontournables de la matinée, la présentation du rapport d'activité et un temps d'échanges avec le président, Damien Greffin, et le secrétaire général, Damien Radet, la journée s'est de nouveau articulée autour de l'émission de radio fictive Radio plaine, animée par l'ex-journaliste Pascal Berthelot.

Durant trois heures, les invités ont enchaîné les échanges de grande qualité et tenu en haleine un public qui n'a pas boudé son plaisir de pouvoir interagir avec le plateau radio, tantôt par SMS, tantôt directement au micro.

Homicide involontaire

L'économiste Emmanuel Lechypre a d'abord livré son « édito éco » faisant état d'une agriculture française qui cumule les handicaps face à un gouvernement et une société qui ne semblent pas prendre la mesure des événements : « Je qualifierais cela d'homicide involontaire, a débuté le chroniqueur. Hier soir, la Cour des comptes annonçait avec une froideur glaçante que les soutiens aux élevages bovins étaient trop élevés et préconisait la réduction du cheptel français. Les raisons de cette trajectoire sont inquiétantes. On cède à la bêtise et aux minorités bruyantes qui veulent la fin de certaines agricultures. Si on arrête de manger de la viande, soyons bien conscients qu'il faudra plus de terres cultivées qu'aujourd'hui pour nourrir le monde. Tout cela se passe dans l'indifférence de l'État qui, en dehors du Salon de l'agriculture, ne fait rien ». Et l'économiste de poursuivre : « 70 % des pertes de marché de notre agriculture sont liées à des pertes de compétitivité. Les solutions techniques, nous les avons, le problème, c'est le pouvoir public. Il y a urgence pour notre balance commerciale à reconquérir les exportations ».

Parallèle entre nucléaire et agriculture

À ses côtés, l'ancien président de GDF Loïk Le Floch-Prigent était venu livrer son analyse de la situation. Entre démantèlement du nucléaire et démantèlement de l'agriculture française, il n'y a qu'un pas que cet invité de marque n'a pas hésité à franchir. « L'énergie doit être abondante, bon marché et souveraine. Jamais une civilisation ne s'est maintenue sans ça. Le parallèle avec l'agriculture est évident ! », a tranché l'industriel avant d'affirmer : « Le choix de l'abandon du nucléaire en France a débuté sous Lionel Jospin en 1997 et nous avons souffert d'être gouvernés alors par des anti-nucléaires. Les choix qui ont été faits n'étaient le résultat d'aucune analyse, il ne s'agissait que de choix politiques, de décisions idéologiques, incohérentes, dépourvues de bon sens ».

Face au président de la FDSEA, Loïk Le Floch-Prigent a donc insisté sur deux points : « Pour chaque nouvelle décision, réglementation, projet de loi…, réclamez des études d'impact, c'est indispensable, il en va de votre salut face à une vision politique déconnectée. Et dans le même temps, il faut s'approprier le champ de la communication, être innovants, et rendre coup pour coup ».

Perspectives

Après ce difficile constat, une ultime table ronde proposait à la salle de se tourner vers les perspectives pour retrouver des moyens de produire. Entre les expérimentations conduites à la ferme innovation du campus de Lamothe (Haute-Garonne) et le travail de recherche menés par le semencier Deleplanque et l'association professionnelle Phytéis, les débats ont été particulièrement francs, les agriculteurs cherchant des réponses concrètes et immédiates. « Nous étudions des solutions qui allient machinisme, phytosanitaires et fertilisation, a expliqué le président de Phytéis, Bruno Baranne. Notre défi est d'aboutir à des solutions performantes économiquement mais qui répondent aussi à l'attente des pouvoirs publics et de la société d'être moins consommatrices de chimie ».


Arnaud Rousseau à la tête de la FNSEA

Élu à la tête de la FNSEA depuis le 13 avril, Arnaud Rousseau est venu à la rencontre des adhérents franciliens qui fondent en lui de nombreux espoirs pour redonner des perspectives à l'agriculture française et francilienne. Après une rapide présentation, le chef de file du syndicalisme agricole est entré dans le vif du sujet et a redonné du souffle à un auditoire qui semblait en manquer à ce moment-là de l'après-midi. « Nous sommes sous le feu des critiques mais n'oublions pas que l'image de l'agriculture en France reste positive. La démographie ne cesse d'augmenter, il faudra nourrir la population. Le changement climatique pèsera aussi dans la balance, notamment avec un fort enjeu de décarbonation pour lequel nous avons beaucoup à apporter. Nous sommes peut-être moins forts qu'avant mais nous avons encore de la capacité à agir. Nous avons des capacités de production, des gens formés, des terres de qualité, un pays ouvert sur les océans, les succès sont possibles même si les challenges sont nombreux. Je crois en notre capacité à sortir vers le haut, la lumière est au bout ».

Interrogé sur sa stratégie syndicale, l'agriculteur seine-et-marnais s'est livré sans détour : « La question de la place des corps intermédiaires est pour moi essentielle. Je suis pour le moment dans une phase de prise de contact qui nécessite un peu de temps mais mon intention est bien de tenir une position ferme, de faire de la FNSEA un interlocuteur exigeant qui posera des lignes rouges au-delà desquelles, si elle n'est pas entendue, la rupture de dialogue sera possible ».

Dans le détail, Arnaud Rousseau a défini trois axes de travail pour sa mandature : la souveraineté alimentaire à travers la compétitivité et le revenu des exploitations agricoles ; le renouvellement des générations avec l'enjeu de l'attractivité des talents, « montrer que ce métier donne du sens et que ce n'est pas que de la pénibilité et du sacrifice de vie personnelle » ; et enfin, renouer avec la société grâce à une communication de base sur « la saisonnalité des produits, nos réalités, nos contraintes, l'évolution sur la santé et la sécurité sanitaire… ».


Le rapport moral du président Damien Greffin

 

À l'issue des débats de grande qualité qui ont émaillé l'assemblée générale, le président de la FDSEA, Damien Greffin, s'est livré à bâtons rompus face à Pascal Berthelot : « Je suis inquiet face aux similitudes avec l'industrie que nous venons d'évoquer. On est en risque, il faut qu'on le sache. Mais le nouveau cap de la FNSEA est encourageant ». Celui qui est désormais vice-président de la FNSEA est également revenu sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : la communication. « Je retiens de cet après-midi l'importance de viser plus large en travaillant de concert avec l'industrie, Rungis ou les acteurs de la production ». Fidèle à son optimisme, il a rassuré ses troupes : « Je garde foi dans notre métier, la cause est belle et importante ».

Interrogé sur sa vision face au rapport à la société, le président de la FDSEA a pointé du doigt d'une part « les groupes d'influence, ONG, collectifs… » et d'autre part « certaines agences scientifiques » face auxquelles il faut « multiplier les actions d'influence ». « Il faut faire dire par d'autres ce que nous pensons car bien souvent cela n'a pas le même poids. Je porte l'ambition d'élargir notre cercle d'influence et trouver des sachants pour être le relais de la nécessité du progrès en agriculture ». Enfin, l'élu a fait connaître sa ferme intention « d'adopter une stratégie plus offensive et entrer dans un système de contentieux juridique systématique ».

L'échange s'est poursuivi autour des politiques agricoles départementales et régionales qualifiées de particulièrement structurantes pour la ferme francilienne, avant que le président n'évoque les sujets liés au changement climatique, notamment la question de la gestion de l'eau « qui viendra en Île-de-France plus vite qu'on ne le pense ». Damien Greffin a déploré l'hystérisation des débats et s'est positionné en faveur « de projets multi-usages qui soient mieux compris du grand public ». Il a également redit tout l'enjeu autour du stockage du carbone.

Le président a conclu son propos en demandant aux pouvoirs publics « plus de cohérence, plus de simplicité » et s'est confié sur son attachement à mener « une stratégie entrepreneuriale ». « Une exploitation qui ne peut pas entreprendre, c'est une exploitation qui disparaît. Il faut rester dans l'économie, c'est comme ça qu'on sortira des difficultés et qu'on mettra un coup d'arrêt au déclassement de l'agriculture. Il est urgent que l'on retrouve des moyens de production, de la valeur ajoutée et de réaffirmer qu'il faut continuer à produire mieux et plus pour stocker aussi davantage de carbone ». Et Damien Greffin de réaffirmer avec force « le soutien plein et entier de l'Île-de-France à Arnaud Rousseau ».


Des moments de convivialité

Au-delà de la qualité des débats, l'assemblée générale 2023 de la FDSEA Île-de-France, mardi 23 mai à Louveciennes, a aussi été jalonnée de nombreux moments de convivialité, largement appréciés de tous. Le syndicat remercie chaleureusement ses adhérents, les intervenants et les officiels pour leur présence et leur participation à ce grand temps fort de l'année.

Le buffet déjeunatoire au pavillon.
L'équipe en régie a pu orchestrer une assemblée générale très rodée.
Les partenaires Agrica, MSA et Groupama étaient présents pour échanger avec les adhérents.
Les moments de convivialité se sont déroulés au sein du pavillon du campus.
L'équipe au complet.
Les espaces extérieurs ont été appréciés des adhérents.
Au déjeuner et au dîner, les participants ont pu profiter de la terrasse.
Dès le matin, un café d'accueil était proposé aux participants.
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