Xavier Beulin s’adresse aux agriculteurs
Alors que le pays se soulève, région par région, actions après actions, le président de la FNSEA souhaite faire un point de situation avec les exploitants.
«La situation est difficile, très difficile pour les paysans Français, pour vous, pour nous, ce sont des moments de doutes importants. Le métier est touché, il est touché au coeur d’ailleurs car nombreux sont ceux qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Sur le terrain, je vois votre colère, une colère liée au désespoir qui vous habite. Cette colère je la vis et la partage. C’est une saine colère, elle se veut une envie d’avenir face à un présent plombé. Depuis le départ, la FNSEA avec ses fédérations départementales, gèrent le mouvement après l’avoir initié. D’actions de barrages, nous sommes passés à des actions plus ciblées et recentrées sur ceux qui ne jouent pas le jeu, ceux qui ne respectent pas les règles. En effet, distribution et transformation doivent cesser de se renvoyer la balle de la responsabilité dans un match où les paysans sont sûrs de perdre. Je le redis ici, nous avons besoin d’un grand plan de désendettement, de moins de normes, de contrats justes et équitables mais aussi de prix, de prix et encore de prix ! Il n’y a pas de solution miracle mais il y a des solutions qu’ensemble nous avons à porter pour que notre travail permette de vivre et d’espérer. Longtemps, on a mis la ruralité et les paysans de côté. Nous n’étions pas assez «modernes» pas assez «tendance» mais on était toujours assez bien et bons pour nourrir les Français. Désormais, tout le monde se réveille : «Tiens les paysans sont en difficulté et n’arrivent plus à vivre de leur métier ». Il n’est jamais trop tard. Ce n’est pas faute d’avoir alerté. Face à tout cela, nous parlons haut et fort en ce moment pour expliquer nos revendications. Nous nous exprimons beaucoup afin de sensibiliser le plus grand nombre à notre quotidien. Nous allons partout sur le territoire pour soutenir les actions, les productions dans nos régions. Notre mobilisation est très forte car juste, légitime et humaine. Certains voudraient la mépriser, la casser ou se l’approprier alors on attaque la FNSEA ou on m’attaque. Faciles et démagogiques, ces attaques fleurissent et veulent nous toucher, me toucher. C’est mal connaître les paysans qui savent si bien reconnaître le bon grain de l’ivraie ! Quand autant d’extrêmes positions et de critiques extrémistes viennent contrer notre mur de responsabilités ; au fond cela renforce nos convictions. Trop de gens sont d’accords pour nous taper dessus avec seulement ça comme point commun… Je préside la FNSEA avec une fierté que les mots ne sauraient traduire. Et Oui, je préside aux destinées d’Avril (Sofiprotéol), un groupe qui exprime la réussite non pas de Xavier Beulin, mais celle de milliers d’agriculteurs engagés dans les débouchés et la valeur ajoutée. Aller plus loin ce serait donner du plaisir à nos détracteurs, ceux-là même qui vocifèrent sans proposer, qui salissent sans comprendre, qui jugent sans savoir ! Nos concurrents syndicaux après avoir rallié notre cause, reviennent à leurs intérêts. Certains politiques, scotchés par la situation, cherchent des boucs émissaires et sur les réseaux sociaux certains libèrent leur haine sans réfléchir. Au Gouvernement je dis il nous faut le respect des accords conclus et vite passons aux réflexions et aux solutions d’avenir. Aux politiques, je redis nous avons besoin du soutien de tous mais de la récupération de personne. A nos concitoyens, j’exprime notre gratitude face à leur compréhension et leur sympathie. Ils sentent qu’il en va d’une partie importante de l’avenir du pays. A la distribution et à la transformation, j’envoie un message de fermeté, arrêtez vos jeux qui n’en sont pas et cessez d’user et abuser de votre pouvoir démesuré. Aux médias, je vous dis merci d’avoir compris nos enjeux qui vont au-delà de notre colère, il s’agit bien de l’avenir de l’agriculture et de la ruralité française. A vous, paysans de France, je vous dis tenez bon. Vos difficultés et celles de vos familles ne doivent pas être inscrites dans le temps. Nous allons rebondir en nous battant. Nous allons ensemble, unis, construire notre avenir. Nous sommes dans l’ambition du concret et du possible face à la futilité démagogique et irresponsable. La France mérite une agriculture debout avec des paysans fiers de leur métier.»