Valoriser sa production ovine en la désaisonnant
Polyculteur et éleveur ovins à Lizines, Bertrand Dormion commercialise sa viande en Label rouge et sous la marque Agneaux des bergers d’Île-de-France.
Si la production ovine est historique sur cette exploitation familiale de 90 hectares de SAU* située à Lizines — son père avait une cinquantaine de brebis —, Bertrand Dormion a décidé de développer cette production lors de son installation en 2007 alors que les cours des céréales étaient au plus bas depuis deux ans.
Une bergerie est construite en 2008 pour accueillir durant la période hivernale et pour l’agnelage les 300 brebis ainsi que leurs jeunes.
« Cette année, par manque de foin, j’ai légèrement réduit l’effectif », explique Bertrand Dormion, qui en ce début mai s’apprête à sortir ses dernières brebis. L’exploitant attend ce moment avec impatience, ses stocks de fourrage étant proches de zéro.
Le parcellaire étant regroupé, quatorze hectares de pâtures se situent à proximité de la bergerie. De la luzerne est également produite sur huit hectares. Mais cela étant insuffisant, il achète de la luzerne bio chez un agriculteur du secteur.
Le reste de l’assolement se compose de blé, escourgeon, orge, betteraves et maïs.
Il a arrêté la production de colza qui lui imposait de travailler dans les champs à une période où il se consacre aux agnelages. En effet, son objectif est de vendre des agneaux en décembre afin de bénéficier des prix de contrats de désaisonnement proposés par la Cyalin.
« J’ai deux périodes dans l’année d’agnelage : les deux tiers du 29 août à fin septembre afin de vendre les agneaux en fin d’année, à une période plus rémunératrice, et le tiers restant en décembre-janvier, une période creuse en grandes cultures durant laquelle je me consacre à 100 % à la bergerie, explique Bertrand Dormion, qui a opté pour la race île-de-France. J’ai essayé la race romane mais j’ai été déçu ».
Les béliers sont tous de race île-de-France et inscrits. Certains viennent de la station de testage de Verdilly (Aisne). Les brebis sont mises au pré quand l’herbe le permet et y restent jusqu’à leur agnelage.
Au niveau technique, il produit 1,75 agneau/brebis en septembre et 1,65 en décembre en raison de l’agnelage des agnelles et d’une situation sanitaire moins saine à cette période.
Quant au taux de renouvellement, il est en général à 20 %. Les agneaux sont commercialisés auprès de la Cyalin via deux marchés.
La majorité part en Label rouge, ce qui lui impose le respect d’un cahier des charges précis (pourcentage d’autonomie alimentaire, sans OGM, 70 jours minimum au sevrage, six mois maximum à l’abattage, identification dans un délai plus rapide… « La traçabilité alimentaire est totale ».
Une partie des agneaux (une soixantaine cette année) l’est également via l’association Nos bergers d’Île-de-France que Bertrand Dormion a intégrée dès sa création en septembre 2017.
Cette filière, pour laquelle la Cyalin est prestataire depuis le début de l’année, permet d’écouler les agneaux à un prix supérieur (7,5 euros/kg de carcasse). En Label rouge, le prix peut atteindre ce niveau mais uniquement au pic de la période de désaisonnement et descendre plus bas (6,30 euros en février).
« Pâques et les beaux jours tirent le marché », note l’agriculteur qui regarde avec bonheur ses brebis se promener dans les pâtures.
Laurence Goudet-Dupuis
* Surface agricole utile
Nos bergers d’Île-de-France
L’association Nos bergers d’Île-de-France, qui regroupe des producteurs ovins de la région capitale, a été officiellement lancée en 2017. Six mois plus tard, lors du Salon de l’agriculture, la marque Agneaux des bergers d’Île-de-France était officiellement dévoilée. Cette initiative valorisant un savoir-faire unique 100 % francilien a reçu le soutien de la région Île-de-France, de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France et du Cervia Paris Île-de-France. Depuis, des démarches similaires ont vu le jour pour les filières bovines et avicoles franciliennes.