Une rentrée politique sous le signe de l’agriculture
La foire de Châlons-en-Champagne (Marne), qui est chaque année le premier événement de la rentrée politique, a été marquée par des déclarations en faveur de l’agriculture et de la croissance des territoires ruraux. Trois présidents de Régions ont signé le 31 août un pacte pour faire des territoires ruraux « des lieux de croissance économique et d’emploi » et peser fortement sur les décisions agricoles, tant à Paris qu’à Bruxelles.
Rentrée politique très agricole, cette année, à la foire de Châlons-en-Champagne. La foire de Châlons est souvent le lieu des premières déclarations politiques. Le 31 août, suivant une initiative de Benoist Apparu, maire de Châlons-en-Champagne, les trois présidents de régions que sont Jean Rottner (Grand Est), Xavier Bertrand (Hauts-de-France) et Valérie Pécresse (Ile-de-France), tous trois Les Républicains, ont affirmé une volonté de faire des territoires ruraux « des lieux de croissance économique et d’emploi ». Cela grâce au soutien à la bioéconomie, à des exonérations de charges pour les agriculteurs et à des incitations régionales à leurs projets.
Benoist Apparu : l’agriculture, réponse aux défis de l’alimentation, de l’emploi et du climat
« Après la guerre en 1945, l’agriculture a été un moteur de croissance, a déclaré Benoist Apparu. Ce modèle s’estompe. Nous voulons porter un nouveau projet pour l’agriculture, car c’est la réponse aux trois défis planétaires que sont l’alimentation de 9 milliards d’habitants, l’emploi et le changement climatique ». Et de poursuivre : « Avec les trois Régions, nous voulons porter ensemble cette vision d’une agriculture comme réponse à ces trois enjeux. Nous voulons aussi montrer que c’est le décloisonnement des régions qui nous permettra d’être plus puissants en matière agricole, entre autres ».
Lors de l’inauguration de la foire, Jean Rottner a souligné l’importance des territoires économiques, notamment ruraux : « C’est dans les territoires que se joue une partie déterminante de la vie du pays. C’est ici que les politiques obtiennent les résultats les plus tangibles. » Puis, à rebours d’une opinion défaitiste, à propos de l’agriculture : « Certains disent que l’agriculture, c’est fini. Je ne m’y résous pas. » « Dans le monde rural, la croissance est partout, à condition d’aller la chercher », a-t-il poursuivi, ajoutant que « les ressources, ce sont les biocarburants, les bioénergies, les biomolécules, les biomatériaux ».
Les trois Régions s’opposeront au recul des crédits agricoles européens
Xavier Bertrand a insisté sur le poids que représentent les trois Régions dans l’économie agricole de la France et de l’UE. Il a annoncé qu’elles pèseront à Bruxelles pour que les crédits de la Pac soient maintenus. « Le budget agricole européen qui se prépare, s’il s’applique, sera un vrai recul. » Il se mettra en travers d’une telle perspective, et a cité l’alliance entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder, qui « se sont opposés à ce que l’Europe fasse l’impasse sur l’agriculture ». « Faites une croix sur l’agriculture, et vous n’aurez pas ce que vous avez dans vos assiettes et dans vos verres », a-t-il conclu.
La présidente de l’Ile-de-France s’est insurgée contre la transformation d’huile de palme en biodiesel dans l’usine de Total à Fos-sur-Mer et a promis « qu’aucun bus parisien ne roulera à l’huile de palme ». « N’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas », a-t-elle martelé, visant ces denrées importées parce qu’elles sont moins chères dans certains pays voisins en raison des moindres contraintes sociales et phytosanitaires. L’Ile-de-France est une région agricole et forestière pour les trois-quarts de sa surface, et de plus, de nombreux centres de recherche y sont implantés, et sont prêts à apporter leurs compétences à l’économie des territoires ruraux, a-t-elle indiqué. Et de conclure, sur le même ton que Xavier Bertrand :
« Nous n’accepterons pas de réduire les crédits européens à l’agriculture, nous ne nous satisfaisons pas de bonnes paroles sur l’agriculture. »