Ovins
Une éleveuse dépitée face à la FCO-3
Alors que les cas de FCO-3 ont quasi triplé en une semaine, la Seine-et-Marne n’est pas exempte. Rencontre avec Katia Alves dont l’élevage ovin est fortement touché.
Alors que les cas de FCO-3 ont quasi triplé en une semaine, la Seine-et-Marne n’est pas exempte. Rencontre avec Katia Alves dont l’élevage ovin est fortement touché.
À la tête d’une troupe d’une centaine d’ovins et caprins, Katia Alves s’est installée en 2020 à Villeneuve-les-Bordes (Seine-et-Marne) dans les anciens bâtiments de la ferme de ses grands-parents.
Depuis quelques semaines, elle doit faire face à la FCO-3 (Fièvre catarrhale ovine de type 3). Une quinzaine d’agneaux et agnelles essentiellement sont morts. Seuls deux ont pu être sauvés. Le virus ne se transmet pas entre animaux mais via un moucheron actif au crépuscule et au lever du soleil quand les températures dépassent les 10 °C. « Une fois malades, les animaux maigrissent vite, peuvent boiter, ont la gorge serrée, puis bavent… En tant qu’éleveur, on se sent impuissant. La maladie est plus forte que vous et emporte l’animal en 48 heures. Et aucun traitement ne semble vraiment efficace. On se donne bonne conscience en les soignant », raconte l’agricultrice dépitée face à autant de mortalité.
Pourtant dès avril, elle a commandé des vaccins contre la FCO-8 qui ont été livrés en juillet. Courant août, dès le début de l’alerte FCO-3, elle a commandé des doses de vaccins réalisés le 17 août sur des animaux déjà affaiblis par un parasitisme fort faisant suite à la météo de ces derniers mois. Elle regrette que celle-ci soit volontaire et non obligatoire.
Si elle apprécie le groupe Whatsapp de la chambre d’Agriculture qui permet d’échanger entre éleveurs, Katia Alves ne cache pas sa colère contre la lenteur de l’État à anticiper la crise et son manque de transparence face à la gravité de la maladie pour les ruminants. « Même les résultats définitifs d'une analyse de sang sont longs à arriver. On ne devrait pas avoir de temps administratif. Les éleveurs devraient être les premiers au courant ».
Limiter les risques
Afin de limiter les risques, Katia Alves a rentré une grande partie de ses animaux en bergerie — reproducteurs, chevreaux et chevrettes sont encore dehors —, ce qui n’est pas possible partout. « Mais cela m’oblige à puiser dans mes stocks fourragers à une période où les animaux devraient être à l’herbe. De plus, en raison de la météo, je n’ai pu réaliser que deux fauches et non trois comme habituellement ».
Outre le poste alimentation, la maladie engendre différents surcoûts : la perte d’animaux, le manque d’agnelles de renouvellement, l’amaigrissement des agneaux qu’elle vend en direct… et quid de la reproduction suivante ?
Aujourd’hui, elle espère un refroidissement des températures qui rendraient moins virulents les moucherons et une immunisation grâce au vaccin (plus d’un mois étant nécessaire) sachant qu’il n’empêche pas la virémie.
Le troupeau
Si la production de viande est la principale activité de son atelier ovin et caprin, l’exploitation de Katia Alves, Les Verts pâturages, propose également une activité d’éco-pâturage. Toutefois, l’éleveuse impose trois conditions : un terrain clôturé, surveillé et un projet adossé à l’éco-pâturage, comme c’est le cas au lycée Les Pannevelles à Provins. Sa troupe se compose de trois races de moutons : solognote (race à faible effectif, très résistante et adaptée à un système mixte), ouessant (une race à faible effectif dont l’idée de participer à sa sauvegarde lui plaît) et shetland (pour sa laine très chaude). Au niveau des caprins, elle a opté pour des chèvres cachemires et des fossés, deux races rares en France. Les chevreaux sont destinés à la viande et les chevrettes sont soit gardées, soit vendues. Outre son exploitation, jusqu’à maintenant cette double active est comptable à son compte et exerce en tant que cocher lors de différentes manifestations.
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