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Une dernière session Chambre avec un peu d'espoir au cœur de la crise

Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis lundi 25 novembre à Chartres sous la houlette de leur président Éric Thirouin, pour la dernière session de la mandature.

L'ultime session de la mandature pour les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir, qui se déroule lundi 25 novembre à Chartres, est forcément un peu particulière. D'autant qu'elle s'inscrit dans le contexte d'une crise quasiment sans précédent pour le secteur agricole. Et que, quel que soit le résultat des prochaines élections, il s'agit de la dernière pour son président emblématique, Éric Thirouin, après deux mandats à sa tête.

Un budget soutenable

Il convient d'abord ce jour-là de valider le budget initial 2025 de la chambre consulaire. Il est présenté par Nicolas Pereira comme étant construit avec prudence. De fait, il est marqué par une baisse de 14 000 euros par rapport au précédent. Les investissements sont orientés à la hausse, mais autofinancés par des provisions réalisées les années précédentes, car il s'agit de remettre aux normes les bâtiments. « Nous rendons une Chambre aux normes avec un budget soutenable », estime le président de la commission de finances, Dominique Lefèbvre.

Ensuite, en présence du préfet, Hervé Jonathan, Éric Thirouin entame donc son dernier tour d'horizon de l'actualité agricole : « La France vient de subir la pire moisson depuis quarante ans, et l'Eure-et-Loir, département spécialisé, est frappé de plein fouet. Et malheureusement la campagne 2025 est mal engagée. Nos exploitations sont dans le rouge et le moral au plus bas. Dans ce contexte agroclimatique, la charge normative et la situation politique n'en sont que plus insupportables », expose-t-il.

Sentiment d'abandon

Le président poursuit en dénonçant des importations qui ne respectent pas les mêmes normes, le retrait incessant de molécules sans solutions de substitution, l'engagement dans un processus de réduction de 20 % des volumes d'eau autorisés, les contraintes administratives… « Comment donner envie aux jeunes de s'installer dans ce contexte ? C'est un grand sentiment d'abandon que nous ressentons, dans une forme d'indifférence incompréhensible ».

Éric Thirouin reconnaît que cette exaspération ne date pas d'hier, qu'elle a débouché sur de vastes mobilisations au début de l'année et que la FNSEA avait été force de proposition en portant 120 mesures structurelles dont plus de la moitié ont été retenues. « Mais aujourd'hui, nous avons le sentiment que cela n'a servi à rien, alors que nous entrevoyions des perspectives avec quelques avancées significatives », qu'il liste : la réautorisation du glyphosate, la mise en place du contrôle administratif unique, la suppression de l'obligation de maintenir 4 % de jachères…

34 mesures de simplification

Mais compte tenu du contexte actuel, « l'urgence est accrue, les attentes sont fortes, souligne-t-il. Et nous avons de nouvelles propositions ». Il s'agit de mesures d'urgence pour soulager les trésoreries, des mesures de simplification : « Nous en mettons 34 sur la table qui ne coûtent rien, ne nécessitent aucun passage devant le Parlement ». Éric Thirouin en annonce quelques-unes comme la suspension des directives nitrates, la simplification de l'administration de médicaments sans ordonnance, le paiement des avances Pac malgré un contrôle en cours ou encore l'adoption du principe « silence de l'administration vaut acceptation ».

Il demande également une loi d'orientation agricole ambitieuse, de faciliter l'accès aux moyens de production, de sortir des contraintes permanentes à travers une loi « Entraves » portée par des sénateurs, de redonner de la compétitivité à travers les prochaines lois de finances ou de retravailler la loi Egalim pour empêcher les contournements et permettre la construction du prix en marche avant… « Nous demandons que des signaux forts soient donnés ».

« À l'heure du renouvellement de mandat, la chambre d'Agriculture est prête pour être un outil de développement et pas seulement un outil d'accompagnement des crises », argue-t-il. Il rappelle ses capacités d'expérimentation et que ses équipes ont été retenues sur 100 % des candidatures déposées en matière de projets de recherche et développement. Il pointe aussi le rôle que pourra jouer l'Adel* pour accueillir de nouveaux outils de transformation alimentaire ou encore son expertise autour des projets de développement des énergies renouvelables.

À l'issue de ce tour d'horizon, des élus s'expriment. Ainsi Pierre Lhopiteau révèle l'accaparement de terres agricoles par les Agences de l'eau avec le soutien de la Safer : « L'objectif est d'un millier d'hectares », précise Éric Thirouin. Pour sa part, Jean-Michel Gouache dénonce la remise en question des prélèvements de la nappe de Beauce en les mensualisant : « C'est un des derniers combats que je compte mener », promet-il.

Ensuite, trois délibérations sont adoptées, relatives à la directive Nitrates, au Mercosur et à la crise agricole. Sur ce dernier point, au sujet des demandes de report des cotisations sociales, la présidente de la MSA, Cendrine Chéron, précise que le formulaire ad hoc est disponible sur son site Internet et qu'il ne faut pas hésiter à solliciter une demande.

Des perspectives

Puis, comme Éric Thirouin ne voulait pas boucler cette mandature sur cette note pessimiste, il invite la conseillère de la Chambre en charge des énergies renouvelables, Alexandra Joffrin, à préciser leur compatibilité avec les activités agricoles (nous reviendrons prochainement sur ce sujet).

Enfin, le préfet conclut la session, précisant en substance que le gouvernement a pris conscience qu'il y a du chemin à faire, qu'il n'y a ni abandon, ni indifférence, mais que cela prend du temps : « Ne doutez pas de sa volonté de traiter ces sujets. Les choses vont dans le bon sens ». Dont acte.


*Agri développement Eure-et-Loir (notre édition du 31 octobre).

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