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Syndicalisme
Une délégation FNSEA-JA 28 reçue par un directeur de GMS

Dans le cadre d'une opération nationale de mise sous surveillance des enseignes de la grande distribution, une délégation d'éleveurs de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir est allée à la rencontre du directeur d'une grande surface, le 25 février.

Le 25 février. Une délégation composée des éleveurs Jean-Luc Debray, Fabien Navet, Yohann Serreau et Antoine Sagette et de la responsable syndicale départementale, Auréline Dolléans (de g. à d.), a été reçue par le directeur d'une grande surface.
Le 25 février. Une délégation composée des éleveurs Jean-Luc Debray, Fabien Navet, Yohann Serreau et Antoine Sagette et de la responsable syndicale départementale, Auréline Dolléans (de g. à d.), a été reçue par le directeur d'une grande surface.
© H.C. - Horizons

Alors que les négociations commerciales entre les entreprises de l'agroalimentaire et la grande distribution battent leur plein, la FNSEA et Jeunes agriculteurs ont lancé une opération de surveillance des enseignes sur l'ensemble du territoire pour vérifier la mise en œuvre de la loi Egalim 2, censée permettre aux producteurs d'obtenir une juste rémunération de leurs produits en tenant compte de leurs coûts de production.

Deux heures de discussion

Aussi, le 25 février, une délégation d'éleveurs de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir, composée de Jean-Luc Debray, Antoine Sagette, Yohann Serreau et Fabien Navet — accompagnée de la responsable syndicale départementale, Auréline Dolléans —, est allée à la rencontre du directeur d'une grande surface de l'ouest du département*. La rencontre a duré près de deux heures, durant lesquelles un tour dans les rayons a pu être effectué.

« Mais cela n'a pas servi à grand-chose, estime un peu déçu à l'issue de la rencontre Jean-Luc Debray. Le directeur du magasin nous a expliqué que lorsqu'il achète des produits locaux, il n'y a pas de souci, il ne discute pas le prix et que pour le reste, tout est acheté par la centrale d'achat et qu'il n'a aucun regard là-dessus... C'est elle que nous aurions dû rencontrer selon lui. La discussion a un peu tourné en rond, il semblait tendu mais les échanges sont restés corrects ».

Stratégie nationale

« Pour lui, il n'a rien à se reprocher car il n'a pas de pouvoir, ajoute Yohann Serreau. Tout est dicté par la stratégie nationale de l'enseigne, à savoir être le moins cher du secteur sur tous les produits. Il a souligné par ailleurs qu'il y avait une différence entre la demande sociale et les actes d'achat. Il a constaté que le bio et le sans OGM dévissaient. Lui aimerait faire un magasin à son image mais selon ses mots : on ne vit pas dans un monde de ­Bisounours ».

Pour les éleveurs, cette volonté d'avoir toujours des prix plus bas que la concurrence « ne peut qu'appauvrir les filières, voire les faire disparaître... ».

Ce que chacun a pu constater en faisant un tour dans les rayons de la grande surface : « Il y a beaucoup de produits segmentés avec de nombreuses références, avec des différences de prix, de qualité, des labels, ou des marques comme C'est qui le patron ou Soutenons nos agriculteurs, au risque de perdre les clients devant le choix, relève Jean-Luc Debray. De plus, 12 à 15 % du magasin est consacré à la marque du distributeur. Or, la moitié de ce marché se fait sur appel d'offres, et il faut dire que là-dessus les coops ne nous aident pas ».

« La plus grosse part devrait revenir au producteur »

Devant le rayon des œufs, lui aussi particulièrement segmenté, avec une offre de références pléthorique, l'éleveur Antoine Sagette constate : « De mon côté, je vends la douzaine d'œufs 1,05 euro à mon centre de conditionnement. Là, je la retrouve à 3,40 euros... Il me semble que la plus grosse part devrait revenir au producteur, c'est lui qui prend tous les risques, qui supporte les frais liés au cheptel, aux évolutions réglementaires, comme de faire entrer la lumière naturelle dans les bâtiments... Tout ça n'est pas normal ».

Il fait le même constat concernant les poules de réforme : « Déjà que l'on nous oblige à les réformer à 70 semaines, sinon ils ne prennent pas les œufs, alors qu'elles sont encore en pleine capacité de pondre, chaque poule nous est rachetée 29 centimes et elle est vendue en général autour de 5,40 euros le kilo... ».

Encore loin du compte

Et ce qui est vrai pour les poules de réforme vaut également pour les vaches. C'est d'ailleurs surtout le secteur de l'élevage qui subit ce qu'imposent les acteurs industriels de l'agroalimentaire et ceux de la grande distribution, engagés dans cette course vers les prix les plus bas possible. Lui aussi qui doit faire avec la hausse du coût des aliments. Or, notre alimentation a un prix. Et s'il y a bien quelques avancées, législatives ou contractuelles, force est de constater que l'on est encore loin du compte...

*Le directeur de l'enseigne n'a pas souhaité que la presse assiste à cette rencontre, ni que son nom ou celui de l'enseigne ne soient cités.

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