Une campagne de pommes de terre compliquée et des rendements incertains
Cette année, la campagne de pommes de terre n’aura pas été de tout repos pour les producteurs du Loiret. Entre pics de chaleur et épisodes pluvieux intempestifs, ils ont dû faire preuve d'une grande résilience.
Cette année, la campagne de pommes de terre n’aura pas été de tout repos pour les producteurs du Loiret. Entre pics de chaleur et épisodes pluvieux intempestifs, ils ont dû faire preuve d'une grande résilience.
La campagne de pommes de terre se poursuit tant bien que mal dans le Loiret. La météo capricieuse de ces derniers mois a rendu les plantations et la récolte plus complexes que d’habitude, entraînant des retards de chantiers chez un bon nombre de producteurs, notamment chez Thomas Pointereau. Agriculteur à Épieds-en-Beauce, dans le secteur Petite Beauce, il cultive chaque année des pommes de terre sur près de 9 hectares de son exploitation. Il cumule aujourd'hui près de deux semaines de retard et pressent déjà que ce délai sera allongé.
Des retards d'implantation
Cette année, Thomas Pointereau a fait le choix d'implanter deux variétés tardives : la Taisyia, destinée à être transformée en soupe et/ou en purée, et l’Excellency, conçue pour être consommée sous forme de frites ou de pommes de terre rissolées. Arrêtées respectivement il y a deux et trois semaines, grâce au broyage mécanique puis au défanage chimique, elles attendent aujourd'hui d'être récoltées.
« Nous cumulons du retard depuis l'automne dernier, admet l'agriculteur de l'ouest du Loiret. À cause des pluies abondantes, nous avons eu du mal à semer les céréales, retardant ensuite les labours d’hiver. Puis, le broyage des Cipan* a marqué les sols et tassé la terre. La pluie a terminé le travail en compactant les sols ». Face à toutes ces difficultés antérieures, les labours pour l'implantation des pommes de terre ne se sont pas déroulés dans les meilleures conditions. « Les plants de pommes de terre ont besoin d’un gros volume de terre meuble, poursuit-il. J'ai été limité en profondeur pour pouvoir continuer d'avancer avec le tracteur. Par la suite, les mois de mai et juin n'ont pas atteint les températures espérées. Les pommes de terre ne se sont pas développées à la vitesse qu'elles auraient dû. Le retard s’est accumulé. Leur floraison puis leur grossissement ont été plus tardifs ». Le Loiret a ensuite connu des pics de chaleur entre la fin du mois de juillet et le début du mois d'août, avec des températures enregistrées à plus de 30 °C. Ce brusque changement de climat a marqué l'arrêt du grossissement des pommes de terre. « Cette chaleur a retardé encore un peu leur développement, détaille Thomas Pointereau. C'est aujourd'hui visible en plaine : il y a encore des parcelles qui ne sont pas défanées. Les pommes de terre ont du mal à grossir ».
L'irrigation entre les gouttes
Et malgré une météo estivale avec une forte pluviométrie, l'irrigation a été plus que nécessaire pour les pommes de terre. « Paradoxalement, entre les nombreux épisodes de pluie, nous avons manqué d’eau à des périodes charnières de forte croissance de la pomme de terre, explique Thomas Pointereau. J'ai commencé à irriguer ma parcelle au milieu du mois de juin, puis très régulièrement en juillet, avec de petites doses d'eau. Il a fallu jongler avec la pluviométrie et l’atmosphère humide en permanence ».
Une forte pression mildiou
Les producteurs de pommes de terre ont dû également se montrer particulièrement attentifs à la présence de maladies, car ces pluies estivales ont provoqué une forte pression mildiou. « Au cours d'une année normale, avec une météo plus habituelle, nous traitons toutes les semaines, raconte l'agriculteur. Mais cette année, il a fallu traiter plus régulièrement pour éviter l'arrivée de certaines maladies, notamment le mildiou, et l'alternariose ». Moins connue que le mildiou, l'alternariose peut provoquer des pertes de qualité, des maladies de peau, et freiner la croissance des pommes de terre.
Un arrachage tardif
À l'heure actuelle, les chantiers de récolte sont en cours mais les retards s'accumulent. « Le sol est tellement dur en profondeur que la terre ne s’évacue pas naturellement par le mécanisme de tapis et de brosses des arracheuses, indique Thomas Pointereau. Nous passons plus de temps à trier manuellement les pommes de terre, et de ce fait, la longueur des chantiers ainsi que les frais de production augmentent ». Les pommes de terre Excellency et Taisyia de l'agriculteur devraient être arrachées la semaine prochaine. Cependant, le producteur devine un retard d'une dizaine de jours supplémentaires à cause des épisodes pluvieux qui continuent de se succéder.
Une campagne coûteuse
Selon les premières estimations de Thomas Pointereau, sa campagne 2024 de pommes de terre s'annonce coûteuse et peut-être pas tout à fait rentable. « Les rendements de la Taisyia devraient être corrects au vu des échantillons. En revanche, l’Excellency ne va pas battre des records à cause de sa tubérisation moyenne. Je sais d'avance que mes rendements seront moyens. J’espère que la qualité sera au rendez-vous, que mes pommes de terre ne seront pas déclassées et que les prix vont suivre. » L'agriculteur sera fixé lors de l’arrachage.
*Cultures intermédiaires pièges à nitrates.