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Une campagne compliquée pour les planteurs

L’Institut technique de la betterave a organisé sa traditionnelle réunion technique pour les planteurs de la région, le 18 décembre à Janville.

« Nous sommes sans arrêt chahutés pour tout ce que nous faisons. Essayez de parler phyto, essayez de parler engrais, essayez de parler recherche génétique et nous sommes aussitôt regardés bizarrement même par nos proches. Pourtant, tout ce que nous faisons, nous le faisons bien, dans le respect de l’environnement, sinon nous serions les premiers à le payer  », a lancé Vincent Laudinat, le directeur de l’Institut technique de la betterave (ITB), en ouverture de la réunion du comité technique régional organisée pour les planteurs du bassin betteravier, le 18 décembre à Janville.

«  Il faut que la filière s’approprie nos travaux, que le gouvernement, l’Inra, le grand public, quand ils cherchent une information sur le monde agricole, puissent y avoir accès  », a-t-il souligné avant de laisser la parole aux techniciens du comité régional.

Ainsi, le délégué régional de l’ITB, Pierre Houdmon, a dressé un bilan de la dernière campagne «  pour apporter des éléments de réponses aux interrogations des planteurs  », nombreuses au fil de la campagne… Celle-ci a commencé par un mois de février extrêmement sec qui a compliqué les implantations, surtout en sols argileux. Semer tôt expose à un risque de vernalisation sans dévernalisation, phénomène qui se produit trois années sur dix dans la région. Le risque devient nul à partir du 8 mars.

«  Les semis tardifs ont manqué d’eau, obligeant à recourir à l’irrigation  », a-t-il précisé, ajoutant  : «  Sans pluie après le semis, ce qui marche c’est de ne pas semer trop superficiellement et d’utiliser les organes de plombage des semoirs  ».

En cours de campagne, l’absence de pluies significatives a amoindri l’efficacité des produits de désherbage à action racinaire. «  Certains ont alors eu recours à du binage. 13  % des échecs sont dus aux graminées  », a-t-il relevé.

Cédric Royer (ITB) est intervenu alors pour rappeler que le message de l’institut était de combiner la lutte agronomique et la lutte chimique. «  On utilise souvent des produits de la même famille (HRAC A), qui finissent par sélectionner des résistances. Il faut utiliser aussi des produits HRAC K3 et N. Les plantes sont rarement résistantes à deux modes d’action différents. Agronomiquement, il faut alterner les cultures d’hiver et de printemps pour diminuer la pression graminées et labourer tous les trois ans  ».

La suite de la campagne a été marquée par une entrée en période de survie des betteraves dès la fin juin, que n’ont jamais réussi à atténuer vraiment les tours d’eau pour ceux qui irriguent. Et est apparu pour la première fois dans la région le Lixus juncii  : «  Les larves font leur cycle dans le collet et le minent, a expliqué Pierre Houdmon. S’il y a plusieurs larves, cela peut engendrer des dégâts importants. Il n’y en a pas eu beaucoup en Eure-et-Loir, et sans que l’on sache pourquoi, l’irrigation a retardé leur développement  ».

Les observateurs du BSV seront mieux formés pour repérer les premiers pics de vols et les premières pontes dès l’an prochain.

Après la sécheresse, le retour des pluies a perturbé les arrachages. «  Il a plu 29 jours sur 60 mais il fallait sauver la récolte… Ce qui a engendré des dégâts de surface et pose la question de la récolte suivante  », a déploré le délégué régional. Au final, le rendement s’est établi à 87 tonnes en moyenne, de 35 à 75 tonnes en sec  : «  Il a manqué 100 millimètres de pluie  ».

Un point a été fait ensuite sur la jaunisse sans les néonicotinoïdes par Anne-Laure Chambenoît (ITB). Cette année, dans la majorité des cas on a eu affaire à une jaunisse modérée. La lutte contre le puceron vert, vecteur de la maladie, s’articule autour du Teppeki auquel il faut ajouter de l’huile, un seul passage est autorisé. La résistance des insectes au Karaté K et au Mavrik semble avérée. Actuellement en dérogation, le Movento semble efficace également.

Hervé Colin

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