"Un ralentissement des enlèvements"
Jean-Claude Legrand dirige la coopérative de Puiseaux.
De quelle manière gérez-vous la crise sanitaire ?
Jean-Claude Legrand : Nous avons mis en place un plan de continuité d’activité puisque nous sommes dans la chaîne prioritaire pour l’alimentation humaine. Nous maintenons une présence physique là où c’est indispensable, notamment les silos et le local réceptions-expéditions. En revanche, nous avons pris les mesures de protection adéquates, à savoir l’isolement complet du personnel vis-à-vis de l’extérieur. L’accès aux bureaux et au local de pesée est interdit à toute personne étrangère à l’entreprise. Nous communiquons par une fenêtre sur laquelle nous avons installé une vitre de protection en plexiglas.
Combien de personnes se trouvent actuellement sur le site ?
Neuf personnes sur dix-sept sont physiquement présentes. Les huit autres sont en télétravail. J’ai besoin de quelqu’un pour dépouiller le courrier et encaisser les chèques. Nous avons donc instauré une rotation entre trois personnes. Pour le pont-bascule, c’est la même chose. Concernant la partie technique et le service aux adhérents, les gens travaillent à distance.
Concrètement, comment cela se passe-t-il pour un agriculteur qui voudrait acheter ses intrants ?
La coopérative reste ouverte pour répondre aux besoins des agriculteurs (engrais, semences, etc.). Cependant, les intéressés prennent rendez-vous avant de venir. Les produits sont mis sur une palette pour qu’il n’y ait aucun contact avec les salariés.
Quelles sont les conséquences de la crise sur l’activité de la coopérative ?
Nous avions un gros débouché en blé de force. Or la boulangerie industrielle qui fournit la restauration rapide a fermé trois de ses quatre chaînes de fabrication. Les drives ne compensent pas la fermeture des restaurants. D’où un ralentissement des enlèvements. Les reports en fin de campagne seront plus élevés que prévus.
Êtes-vous prêts à faire face à la situation ?
Pour l’instant, pas vraiment ! Nous réfléchissons pour trouver une solution. Par ailleurs, en orge brassicole, nous venons d’apprendre que la navigation sur le canal du Loing était arrêtée. Or des petits bateaux étaient prévus en chargement en avril, mai et juin. Nous craignons un ralentissement des enlèvements.
Qu’avez-vous dit à vos collaborateurs ?
Nous avons eu deux réunions de présentation de la maladie et des modes de contagion. Le personnel a été informé dès le début de la crise. Avec le Comité social et économique, nous avons validé les moyens de protection à adopter. S’en est suivi l’achat de gants, de masques et de gel hydroalcoolique. Nous avons également défini un plan de fonctionnement interne : nous avons arrêté de nous saluer le matin et nous restons à plus d’un mètre les uns des autres. Les regroupements de plus de dix personnes sont prohibés. Or nous sommes neuf. Par ailleurs, la coopérative a acheté des licences VPN pour sécuriser les accès informatiques au serveur central.
Avez-vous eu des contacts téléphoniques avec vos clients ?
Certains d’entre eux nous ont appelés pour savoir quelles dispositions nous avions prises pour continuer de les servir.
Quel est l’état d’esprit des adhérents de la coopérative ?
Plusieurs d’entre eux nous ont contactés pour nous demander si la coopérative restait ouverte. Nous leur avons confirmé avoir mis en place un dispositif leur permettant de venir s’approvisionner. À l’entrée, nous avons affiché les règles de précaution à respecter.
Combien de temps pensez-vous tenir ?
Nous continuerons tant que le personnel ne sera pas directement touché par la maladie, ce qui nécessiterait un confinement particulier…
Propos recueillis par Olivier Joly