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Performances thermiques
Un potentiel de 95 000 bâtiments en paille en région Centre

La première région céréalière de France dispose d'une ressource insuffisamment exploitée. Or les performances thermiques et environnementales sont avérées.

Horizons - illustration

« La question de la construction en paille doit être abordée dans sa globalité. Or nous avons affaire à une diversité d'acteurs : maîtres-d'oeuvres, collectivités locales, etc. » Vice-président du Conseil régional, Gilles Deguet ouvrait le colloque qui avait lieu le mardi 8 avril à l'Hôtel de Région. L'élu a poursuivi : « Au-delà de l'aspect sanitaire et du confort, interviennent les coûts énergétiques des bâtiments ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. »

L'orateur n'a pas oublié l'énergie grise, celle qui est consommée pour fabriquer les parpaings, transporter les différents matériaux, etc. « Or tous les matériaux biosourcés sont des pièges à carbone. Dans les trente ou quarante années qui viennent, la construction à partir de matériaux biosourcés deviendra une question centrale. » Depuis environ six ans, le Conseil régional pilote un certain nombre d'actions et le colloque représentait un moment charnière : « Nous avons passé une première étape où nous étions des précurseurs pour aller vers une certaine généralisation. »

Chargé de mission, Jean-Baptiste Thévard a dressé un état des lieux de la construction en paille en région Centre, en débutant par le volet amont. Premier territoire céréalier de France, le Centre produit 8.500.000 tonnes de paille par an. Sur ce volume, 6.375.000 tonnes retournent à la terre. Si on enlève 1.168.000 tonnes destinées à la litière des animaux, il reste un volume disponible de 956.250 tonnes.

Cela permettrait de construire 95.000 maisons. Or, chaque année, toutes techniques confondues, il ne sort de terre que 15.000 bâtiments, dont à peine une cinquantaine d'édifices en paille. À ce jour, on ne compte en région Centre qu'une grosse centaine de bâtiments de ce type : « Nous ne sommes pas au bout de nos réserves ! » a commenté le technicien. Précisons qu'avec un prix de cent euros la tonne, à rapprocher du rendement moyen, les agriculteurs pourraient y trouver une source de valorisation d'un coproduit.

Une alternative et une nécessité

Quant à la partie aval, il s'agit de développer l'offre, de développer la demande, d'améliorer la qualité des réalisations et d'organiser des évènements. Jean-Baptiste Thévard a expliqué pourquoi : « Montrer que la construction en paille est devenue une alternative et même une nécessité. » Citons les Rencontres nationales de la construction en paille. Celles-ci eurent lieu à Polytech Orléans en mai 2012. En juin 2013, se tinrent les Rendez-vous de la construction paille en région Centre : une cinquantaine de rendez-vous et trois cents visiteurs. « Un événement à renouveler en 2015. » N'oublions pas les Rencontres nationales de la construction en paille. Celles-ci auront lieu les 6, 7 et 8 juin prochains à la Maison Feuillette, à Montargis.

Les acteurs de la filière sont fédérés au sein d'un réseau bientôt animé par l'association Envirobat Centre. On y trouve vingt architectes, neuf bureaux d'études ainsi que quatorze entreprises de mise en oeuvre. Soit une centaine d'emplois directs. « Nous avons la ressource pour répondre à la demande » s'est exprimé le chargé de mission. « Nous sommes sortis de l'histoire des Trois petits cochons : on construit de vrais bâtiments ! » La paille est mise dans des caissons hermétiques en bois afin qu'il n'y ait pas d'accès direct à la matière.

Adaptée aux bâtiments agricoles

À épaisseur équivalente, soit quarante centimètres, le pouvoir isolant d'une botte de paille est 2,5 fois plus important que celui de matériaux conventionnels. S'agissant de l'impact sur l'environnement, à déperdition thermique équivalente, la fabrication de paille nécessite : cent fois moins d'énergie que le polyuréthane, cinquante fois moins d'énergie que le polystyrène et trente fois d'énergie que la laine de verre. Quid de l'effet de serre ? À performance équivalente, une paroi de paille permet de stocker 15 kg de CO2 au mètre carré. En revanche, la production de polyuréthane conduit à l'émission de 50 kg de CO2 au mètre carré.

En même temps qu'il donnait ces chiffres, Luc Floissac, docteur en géographie et aménagement et enseignant-chercheur à l'École d'Architecture de Toulouse (Haute-Garonne), s'est livré à un plaidoyer en faveur de la paille : « Une ressource renouvelable, locale, abondante et n'entrant pas en concurrence avec les cultures vivrières. Un isolant performant, recyclable, non polluant et agréable à travailler. La paille est également adaptée aux bâtiments agricoles, que ce soit pour l'élevage ou le stockage, et les paysans pourraient se les construire eux-mêmes. »

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