"Un ensemble des services pour tous les agriculteurs et toutes les productions, de l’expérimentation au conseil, de l’information à la formation"
Thierry Bontour est le président de la chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne, dont la session de printemps a eu lieu le 21 mars. Interview.
Horizons : Votre rapport moral lors de la session de printemps de la chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne débutait par un hommage appuyé à Xavier Beulin. Quel message souhaitiez-vous passer ?
Thierry Bontour : La disparition de Xavier Beulin a été un choc pour tous. Xavier était un grand visionnaire, pourtant autodidacte. Certains de ses détracteurs le décrivaient comme un agri-businessman. C’était mal le connaître. Bien sûr, il avait une notion très développée de la filière. Quoi de plus honorable que d’organiser le parcours d’un produit du champ à l’assiette, de maîtriser cette filière et ces outils industriels permettant de pénétrer les grands marchés et de réinvestir les dividendes au profit de la valeur ajoutée pour les agriculteurs ? C’est ce modèle qu’il portait dans ses responsabilités à Sofiprotéol devenu le groupe Avril.
Il voulait « plus et mieux d’Europe » et était aussi convaincu de la force structurante de l’agriculture pour les pays africains et du sud de la Méditerranée. Xavier était une bête de travail. Il comprenait les enjeux du sujet exposé rapidement comme j’ai pu le constater, moi qui ai eu la chance de travailler avec lui pendant cinq ans au bureau de la FNSEA. Xavier Beulin était un capitaine. Il traçait la route.
Face à la situation économique très difficile des exploitations agricoles, différentes mesures ont été mises en place. Quelle est la situation à ce jour ?
Lors de la dernière réunion des organisations professionnelles agricoles, l’ensemble des structures exprimaient des inquiétudes fortes pour les mois à venir. Il est nécessaire, en cas de difficulté, de contacter ces structures pour se faire accompagner. La cellule d’écoute Rebondir 77 est en place pour aider les exploitants à analyser, comprendre, gérer et agir face à leur situation. La chambre d’Agriculture en est le coordonnateur. Nous nous appuyons également sur l’administration dans le cadre de la procédure Agridiff. Des aides de l’Etat, de la région et du département ont déjà été mises en œuvre.
Concernant la procédure d’aide de la chambre d’Agriculture en partenariat avec le conseil départemental, une communication sera effectuée par les canaux habituels prochainement. Cette aide vise à permettre à tous les exploitants, pour toutes les productions de maintenir voire renforcer leur décisions de gestion par le soutien au conseil, tant technique qu’économique, mais également à l’utilisation d’OAD (outils d’aide à la décision) et au pilotage de l’azote (analyses et prélèvements de reliquats azotés). Elle sera forfaitisée à l’hectare.
En présence du préfet et de représentants de l’administration, vous avez poussé un coup de gueule contre la gestion calamiteuse des aides…
À la veille de l’ouverture de la nouvelle campagne Pac, nous allons devoir gérer trois exercices sur une même année … Nous attendons toujours le paiement des MAEC pour quelques dossiers avec un retard de deux ans pour certains. Malgré tout, nous poursuivons notre travail sur ce principal dispositif pour utiliser les fonds du second pilier. Une MAEC régionale sur la biodiversité applicable sur tout le territoire vient d’être validée. Notre ambition pour l’agriculture : un secteur d’activité fort tant sur la scène internationale que sur le plan local pour continuer à nourrir nos concitoyens avec des produits sûrs, tracés, d’une qualité sanitaire irréprochable, en quantité, en diversité…
D’ailleurs, j’aimerais exprimer mon agacement à assister à cette cabale permanente de certains à opposer les agricultures, le bio et le conventionnel. C’est un débat sans fin dont certaines structures se nourrissent pour exister sans réellement soutenir les producteurs. Pour les chambres d’Agriculture, notre meilleure réponse c’est l’ensemble des services que nous développons pour tous les agriculteurs, pour toutes les productions, de l’expérimentation au conseil, de l’information à la formation.
Nous avons lancé le Pôle de compétitivité technique en agriculture biologique qui est la meilleure preuve de notre investissement ; aujourd’hui, les attaques en règle contre les financeurs et contre les chambres d’Agriculture soi-disant incapables de porter l’agriculture biologique sont intolérables. Montrons ce que nous faisons et arrêtons d’opposer les agricultures, car les agriculteurs biologiques de demain sont nos agriculteurs conventionnels d’aujourd’hui.