Tribune de Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA
«L’écologie intégrale» place l'Homme au centre. L’Encyclique du Pape François était très attendue car dans le contexte géopolitique troublé actuel, l’autorité morale de l’Eglise fait encore figure de repère au-delà même des milieux religieux.
Le texte est dense et fait un constat sans concession sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux de l’action de l’Homme (pollution, réchauffement climatique, perte de biodiversité) et appelle à «sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons». Rappelant que l’écologie est la science des rapports des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, l’accent est mis sur «la double clameur de la Terre et des pauvres» pour satisfaire les besoins fondamentaux. Il préconise pour cela une approche «intégrale» associant les progrès techniques, sociaux, d’éducation, de comportements et de gouvernance. Dénonçant tour à tour «la consommation compulsive, la société du déchet, la facilité du gaspillage», il pointe avec espoir «les projets et actions engagés par l’Homme qui confirment que l’être humain est encore capable d’intervenir positivement». Loin de vouloir accabler l’Homme pour son empreinte écologique, il l’encourage davantage à l’action innovante pour inscrire le développement dans un environnement équilibré. Pour tous les peuples, la paix, l’accès à l’alimentation et à un environnement sain sont des besoins fondamentaux. Face à des ressources plus rares et à l’instabilité climatique, les tensions s’amplifient. L’afflux de migrants désespérés par l’absence de perspectives d’avenir dans de trop nombreux pays et l’impuissance politique des dernières semaines illustrent bien l’urgence des réponses politiques à apporter, tant à l’échelle globale que locale. Très concret, le Pape exprime « un sentiment de gratitude pour les dons de la Création et de reconnaissance à ceux qui par leur travail, fournissent ces biens nécessaires à la vie de l’homme». Refusant l’affirmation « d’incompatibilité entre l’accroissement de la population mondiale et la sauvegarde de la Planète » (interpellation à l’égard de certains mouvements écologistes), il invite tour à tour à la protection des terres, la lutte contre le réchauffement et l’élévation du niveau des océans, la productivité et la sobriété, la production d’énergies renouvelables, mais aussi la consommation responsable. La production agricole est au cœur de ces défis multiples sur tous les continents. Il s’agit de produire en quantité et en qualité pour répondre aux besoins alimentaires croissants dans le respect des équilibres environnementaux. Des politiques de régulation et d’accompagnement du développement agricole ont donc toute leur place tant la sécurité alimentaire est indissociable de l’enjeu climatique. Enfin, il «adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la Planète, chacun selon sa culture, son expérience, ses initiatives et ses capacités». Saisissons cette invitation à l’échange pour faire reconnaître les contributions des agriculteurs à leur juste valeur dans le cadre d’un débat que nous voulons apaisé et respectueux.