Récolte de pommes à cidre : très bon cru
Installés à Giremoutiers (Seine-et-Marne), Antoine et Corinne Heusèle produisent des pommes à cidre dans un verger planté en partie d’anciennes variétés briardes.
Depuis plus de trente ans, un verger de pommes à cidre est implanté sur l’exploitation d’Antoine et Corinne Heusèle à Giremoutiers (Seine-et-Marne). Dix hectares de pommiers basses-tiges (nés de la recherche Inra pour moderniser les variétés en les rendant plus résistantes aux chocs et plus productives) ont été plantés avec l’appui technique de la chambre d’Agriculture entre 1989 et 1996.
« Au départ, je souhaitais valoriser des parcelles peu adaptées aux grandes cultures », explique l’exploitant qui s’est tourné au fil des ans vers d’anciennes variétés briardes telles que la Faro, la Reinette du Mans, la Datte.
La production est vendue à un industriel qui a changé plusieurs fois. Depuis l’entreprise Mignard à Bellot, plusieurs industriels se sont succédé.
Aujourd’hui, la production est achetée par la coopérative Agrial dont il est devenu associé coopérateur hors zone.
De fin septembre-début octobre à fin novembre, chaque semaine un camion vient charger la récolte. Les pommes sont récoltées à maturité. En début de campagne, il faut les faire tomber au sol, ce qui fut très peu le cas pour cette campagne, pour réaliser un bel andain de fruits qu’une machine, équipée d’un tapis, vient ramasser en séparant les feuilles des pommes.
Depuis trois ans, leur contrat contingente le volume à produire (moyenne historique moins 20 %), soit 185 tonnes à un prix défini qui évolue doucement, grâce notamment aux compléments de prix.
Un agréage a lieu à la récolte permettant un gain pouvant aller jusqu’à 6 euros/tonne par rapport à la note moyenne (et inversement - 4 euros/tonne).
« Cette année, le verger n’a pas souffert du manque d’eau. Pour preuve, les feuilles sont encore présentes début novembre. Les fortes chaleurs ont ralenti la végétation et le verger a été épargné par les maladies et insectes », souligne Antoine Heusèle.
Si en 2019 la récolte était nulle — au gel s\'étaient ajoutés des dégâts causés par des anthonomes —, en 2020 elle est pléthorique avec plus de 300 tonnes. Habituellement, le surplus de production est commercialisé sur des foires, marchés, crêperies.
Or, avec le confinement et la crise sanitaire, ce marché est réduit à néant. « Nous allons devoir en laisser au sol. Nous envisageons également de faire un don aux associations caritatives notamment via Solaal », souligne Corinne Heusèle, une partie du verger étant des variétés à deux fins (couteau ou jus ou cidre).
Le couple note « qu\'au fil des années, il y a une dérive de la consommation de cidre vers du pétillant ou le jus de pomme pasteurisé. Si le cidre disparaissait, mon verger ne serait plus adapté ».
Laurence Goudet-Dupuis