Quel avenir pour la production de semences dans la région ?
Le 23 septembre, dans le cadre du Cap filière Semences et plants, la chambre régionale d’Agriculture, la Fnams* et Semae** ont organisé une conférence sur l’avenir de la filière en région Centre.
Le 23 septembre, dans le cadre du Cap filière Semences et plants, la chambre régionale d’Agriculture, la Fnams* et Semae** ont organisé une conférence sur l’avenir de la filière en région Centre.
Les animateurs du Cap filière Semences et plants, que sont la chambre régionale d'Agriculture et la Fnams*, auxquels s’est associé Semae**, ont réuni une soixantaine de professionnels de la semence dans les locaux de la Cité d'agriculture d'Orléans afin d'aborder l'avenir de la filière semences et plants. Trois spécialistes sont intervenus, dont Claude Tabel, président de l’UFS (Union française des semenciers), qui a présenté l'impact de la guerre en Ukraine sur la filière semences. Maryse Mérieau, chargée d’étude climat, énergie et bas-carbone à la chambre régionale d’Agriculture, a apporté des précisions sur les projections du climat à l’horizon 2050 et 2100. Enfin, Thierry Pouch, directeur du service études économiques de Chambres d'Agriculture France (ex-APCA) et membre du club Demeter, a présenté une vision mondialisée de l’agriculture liée notamment à la guerre en Ukraine, et a spéculé sur l'avenir des agriculteurs à court et moyen terme. C'est sur son exposé que nous allons nous attarder.
Au travers de son exposé, l'économiste rappelle que la flambée des prix agricoles de 2021/2022 n’est pas une situation inédite. « L’économie mondiale a rencontré une succession de cycles haussiers, précise-t-il. De 2008 à 2013, il y a également eu une crise financière induisant une flambée des prix agricoles ».
Vers un nouvel ordre mondial
Au-delà de ces cycles historiques, la flambée des prix a « des impacts significatifs et anxiogènes ». Un des risques causés par la guerre en Ukraine est l’installation durable d’un « effet ciseaux ». C’est-à-dire une baisse des prix à la production s’ajoutant à une hausse des prix des intrants. Autre difficulté : le manque de disponibilité en grains, en gaz et en engrais en 2023. Toujours selon Thierry Pouch et d’après des projections de la Banque mondiale, « les prix sont orientés à la hausse jusqu’en 2024. La guerre a confirmé et amplifié le retour de la notion d’autonomie et de souveraineté alimentaire ».
Le directeur du service des études économiques de Chambres d'Agriculture estime que nous nous trouvons dans « une période historique dont l’issue est étroitement corrélée aux conditions dans lesquelles la guerre va s’achever et/ou s’approfondir. » Il évoque même l’éventualité de la création d’un nouvel ordre mondial. « Entre guerres et climat, les années 2010-2022 signent le grand retour des produits de base, et agricoles notamment, comme objet d’études, comme objet politique, comme source de conflits et d’insécurité. Il faut désormais réfléchir soit à la démondialisation ou à une re-mondialisation sur de nouveaux fondements, de nouvelles institutions internationales », conclut le directeur.
Les membres du Cap souhaitent décliner cette conférence en ateliers durant l’hiver. Cette présentation très générale aura permis de poser les bases, auxquelles s’ajouteront les thématiques du changement climatique et des conséquences sur les productions de semences.
*Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences.
**Interprofession des semences et plants.