Herbe et fenaison
Quatre conseils pour bien récolter son herbe en ensilage, enrubannage ou foin
Le conseiller élevage au sein de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir livre quatre conseils pour choisir entre ensilage, enrubannage ou foin et les réussir.
Le conseiller élevage au sein de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir livre quatre conseils pour choisir entre ensilage, enrubannage ou foin et les réussir.
Selon les conditions météorologiques, la réalisation de l’ensilage, de l’enrubannage ou du foin nécessite de faire preuve d’adaptation mais aussi de technicité et de rigueur pour offrir aux animaux un fourrage conservé de qualité. Philippe Loquet, conseiller élevage au sein de la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir et référent fourrages du réseau Herbe et fourrages, donne quatre conseils.
Après les conditions pluvieuses de ces derniers mois, les travaux agricoles ont été chamboulés. Du côté des éleveurs, ce début d’année 2024 est particulièrement propice à la production d’herbe. Il est nécessaire pour autant de raisonner la récolte des fourrages de manière adaptée. « On est sur une année particulière car la fin de l’hiver et le début de printemps ont été relativement chauds donc l’herbe a fortement poussé, indique Philippe Loquet. L’automne dernier, beaucoup d’éleveurs n’ont pas valorisé leurs stocks d’herbe sur pied soit en pâturage soit en ensilage ou enrubannage. Malgré la perte d’une partie de cette herbe par la sénescence des feuilles, ce stock est venu s'ajouter à la pousse printanière. Les volumes récoltés ont été d’autant plus importants que la plupart des chantiers d’ensilage n’ont démarré qu’à partir de la deuxième quinzaine d’avril compte tenu de l’absence de portance préalable ».
S’adapter aux conditions et moyens de stockage
En cas d’impossibilité de faire du foin, il faudra donc opter soit pour l’enrubanné, soit pour l’ensilage. Les éleveurs devront évaluer s’ils disposent de suffisamment de place au silo pour stocker de l’ensilage. Dans le cas contraire, l’enrubannage sera l’option adéquate. Il faut également avoir en tête les moyens de distribution du fourrage et le matériel nécessaire, comme la dérouleuse qui facilite la distribution de l’enrubannage. Tout dépend également du nombre d’animaux et du type d’élevage, laitier ou allaitant. Concernant les conditions de stockage, il faut également évaluer le risque d’oxydation des nutriments de l’ensilage au moment de la reprise (dimensionnement du fond d’attaque par rapport aux effectifs d’animaux).
Faucher suffisamment haut
Les conditions météorologiques influent également sur la technique de fauche, notamment pour éviter les mélanges de terre et d’herbe, susceptibles de favoriser les spores butyriques dans l’ensilage. « Il faut donc ne pas hésiter à faucher haut, autour de 8 centimètres pour limiter l’incorporation de terre dans le fourrage récolté. Dans le même temps, cela favorise le séchage de l’andain et le redémarrage de la pousse de l’herbe », conseille Philippe Loquet. Certains éleveurs optent désormais pour le fanage rapide après la fauche, par exemple en utilisant une faucheuse frontale installée à l’avant de leur tracteur et, à l’arrière, la faneuse. Cette technique permet d'étaler la biomasse immédiatement après la fauche pour que le fourrage puisse sécher le plus rapidement possible.
Prendre en compte les conditions météo
Outre le stade végétatif des plantes, les besoins nutritionnels du cheptel et les capacités de stockage (silos libres ou non), la fenêtre météo détermine le mode de récolte de l’herbe. Les critères à scruter seront le nombre de jours sans précipitations, l’hygrométrie de l’air et la présence de vent. Dans tous les cas, un séchage rapide s’impose afin de préserver au mieux les nutriments contenus dans l’herbe verte. « Il faut cinq jours de très beau temps, avec une hygrométrie inférieure à 65 %, du soleil, du vent et une température moyenne journalière d’au moins 15 °C, pour ambitionner de faire du foin », considère le conseiller.
Le taux de matière sèche (MS) est un critère déterminant dans la conservation des fourrages, avec 32-35 % de MS pour l’ensilage d’herbe, 50 % de MS pour l’enrubannage et 85 % de MS pour bien conserver un foin.
Bien tasser la matière
« Que ce soit en ensilage comme en enrubannage, la matière récoltée doit être tassée pour limiter les fermentations aérobies et ainsi favoriser la mise en conserve du fourrage, rappelle Philippe Loquet. Il est conseillé de tasser les silos d’ensilage avec du matériel lourd et en nombre suffisant par rapport au débit de chantier. Côté enrubannage, les presses nouvelle génération ont un pouvoir de compression de la matière élevé qui facilite la tenue des balles ».
Le choix des films à enrubannage a également son importance. « Il est conseillé d’opter pour des films de 32 microns pour des enrubannages que l’on souhaite conserver longtemps ou des fourrages récoltés plus fibreux comme la luzerne », précise le conseiller. La résistance aux UV, l’élasticité, l’épaisseur, sont autant de critères à prendre en compte. « Les caractéristiques techniques de la bâche de silo, du film d'enrubannage ont certes un coût mais apportent de la sécurité et limitent les pertes de fourrages », précise le spécialiste. Enfin, un film de couleur verte réfléchit plus la lumière que le noir, ce qui limite les variations de température sous la bâche en période estivale.
Zoom
Il est important d'identifier les récoltes (n° de coupe, parcelle) pour apprécier la qualité de la balle en hiver et la distribuer de façon adéquate aux animaux : du bon aux vaches avec leur veau, le moyen aux animaux à plus faibles besoins nutritionnels (vaches gestantes, génisses)…
Cet article fait partie d'un dossier Herbe et Fenaison